Ce blog c'est...

Un peu de tout, de moi, de nous... A lire, à sourire, à commenter et à partager!

dimanche 20 décembre 2020

Les pathétiques mésaventures de Speedy-boulet


 

Vous aurez constaté que je ne suis pas allée au bout de mon défi d'écriture d'octobre. Tant pis. Parce qu'écrire doit avant tout venir d'une envie et que, spécialement dans cette année pourrave, des fois on a pas envie. Des fois, à l'instar de Perceval et Karadoc dans l'un des nombreux épisodes d'anthologie de Kaamelot, on en a gros. Point. Pas final, à la ligne. Next.

Pour écrire, il faut l'envie et des idées. Parfois, dans une période de panne de l'un et de l'autre survient un événement qui me remet sur le droit chemin, parce que franchement, un petit mélodrame, rien de tel pour lutter contre la page blanche. Cette fois vous aurez les illustrations en prime. A votre place, j'éviterais de lire ça pendant que je mange, on sait jamais.

 

Il y a 5 ans, nous adoptions Speedy, petit matou monté sur ressorts qui, avec ses frères et soeurs, avait été lâchement abandonné dans un carton devant une porte, par quelqu'un sans doute trop occupé pour chercher des familles d'accueil et trop fauché pour faire stériliser sa minette. Bref. 

On dit souvent que quand on a un chat, c'est l'humain qui habite chez lui. C'est un peu vrai pour Citrouille, 8 ans. C'est moins vrai pour Speedy. Lui, il est chez nous comme on est à l'hôtel, en demi-pension: il vient manger le soir, ramasser deux-trois caresses sur le canapé, dormir au chaud sur son fauteuil, au lever il prend le petit-déj au buffet croquettes à volonté, se fait gratouiller un peu sous le menton et repart barouder pour la journée. On le voit parfois traîner au salon en journée si la météo n'est pas favorable, mais c'est à peu près tout.


Mardi passé, en fin d'après-midi, j'ai vu une petite tache de sang sur son fauteuil favori. Quand les enfants sont rentrés, j'ai juste dit à Platinum de faire le tour de la maison pour voir s'il était pas caché dans un coin avec une blessure à soigner. La voix de mon fils quand il a crié "Maman!!!" résonnait comme la sirène de l'alarme générale quand il font les tests (le premier mercredi de février, note de l'ancienne employée de l'Office fédéral de la protection de la population). Speedy squattait la couette. Il ne miaulait pas, il était juste couché sur le côté. Mais, à la place de son joli pelage blanc et tigré, au milieu de son flanc il y avait une entaille de 15cm au moins, avec une vue assez peu ragoûtante sur ses boyaux. Autant dire que je ne m'étais jamais préparée à voir la beauté intérieure de mon chat au sens propre [smileytoutvert]. Branle-bas de combat. Allez chercher un linge propre, la cage de transport, faites bouillir de l'eau (le truc qu'ils demandent toujours à la télé et qui en fait ne sert à rien sauf à faire sortir les âmes sensibles de la pièce et à leur donner une contenance). Téléphone; véto fermé; véto de garde; emballage du chat; transfert dans la cage; ne pas paniquer; mais ne pas trop regarder non plus [smileyquivomit]. Même sa meilleure ennemie Citrouille a l'air inquiète. Voiture; vétérinaire de garde en mode Covid: le masque, la désinfection des mains. Ouf. Le chat est sur la table et y a pas de bout d'intestin perdu en route. La véto dit qu'il a eu beaucoup de chance, c'est tout frais et l'intestin est intact. Donc c'est dégueu, mais pas si grave. Je laisse Speedy entre de bonnes mains. 

Quant à ce qui s'est passé, aucun idée, il n'y a pas de traces de lutte ou d'autres blessures, alors qu'est-ce qui peut taillader net un chat sur 15 cm de haut en bas? J'attends vos pistes.

Le lendemain, on a récupéré notre petit boulet avec 19 points de suture, un drain de je-sais-pas-combien-de-centimètres et un superbe body rouge. Avec antibios, anti-inflammatoires et interdiction de sortir. Autant dire que le désamour du félin pour le pyjama est à peu près équivalent à son envie d'aller prendre l'air. Et que la gentille vétérinaire qui lui a choisi une tenue de Noël "assez large pour qu'il ne soit pas trop gêné" a légèrement sous-estimé la capacité d'un minou furieux à ôter tout vêtement censé protéger sa plaie. 

 

 

Speedy, modèle haute couture
Hiver 2020/2021

 

Donc on retrouve Speedy à poil (voir sans poils, pour la partie blessée) régulièrement. Il a même réussi à nous fausser compagnie malgré le blocage de la chatière et nos précautions d'entrée et de sortie dans la maison. Mais Speedy va bien. Il fait un peu la gueule de ne pas pouvoir aller et venir à sa guise, mais il va bien. Dans une semaine, tout sera presque oublié. On a déjà pu aller lui enlever le drain, il se couche sur sa plaie sans faire de cas, et Citrouille a recommencé à lui grogner contre quand il s'approche de la gamelle alors qu'elle n'a pas fini son repas. 

Modèle prêt-à-porter, hiver 20/21


 

Cette mésaventure risque bien de ne pas avoir d'influence sur la prudence de notre petit baroudeur. En revanche, elle aura au moins eu le mérite de montrer aux enfants que prendre un animal domestique, ce n'est pas un engagement à la légère, dont le coût se limite aux croquettes ou à la litière. Les urgences arrivent aussi, quand c'est le cas on fait le nécessaire sans se poser de questions.

lundi 19 octobre 2020

23 km de bonheur

(Défi IWAK #14 à #19: armure, avant-poste, fusée, tempête, piège, tête qui tourne - Rien que ça)

Rattraper un train pour louper le suivant, c'est ballot. Le rythme quotidien et moi, c'est compliqué quand même, du coup je vais faire un article patchwork qui non seulement va utiliser tous les mots des derniers jours restés sur le quai, mais va aussi raconter mon autre défi d'octobre.

Cette fin de semaine a été marquée par les nouvelles directives de protection, qui ne font rire personne, on ne va pas se mentir. Participer dans ces conditions à une manifestation publique où on va se retrouver sur des chemins de vignobles avec des centaines d'inconnus avait donc un arrière-goût de mauvaise idée... Mais les mesures de protection étaient assurées, il ne s'agissait donc pas de se débiner. C'est donc quasi à l'aube (mais pas tout à fait) que nous nous sommes retrouvés à la gare de Martigny, neuf valeureux randonneurs gourmands, tenue sportive, couches superposées et armure 2.0(20): masque sur le nez et gel hydroalcoolique à portée de main. A peine débarqués du train, petit échauffement pour aller récupérer verre, pomme et bouteille d'eau, s'enregistrer et rejoindre le portillon de départ. A 8h40 tapantes, le top départ a été donné et notre joyeuse troupe s'est mise en marche. C'est sans surprise les gaillards trailers dans l'âme qui se sont retrouvés aux avant-postes, tandis les randonneuses du dimanche analysaient encore les sacs à main de certaines participantes pour jauger de la sportivité des unes et des autres. Il faut bien dire que nous avons eu une chance insolente avec la météo: malgré un départ nuageux, les rayons nous ont rapidement fait tomber la doudoune. Après une petite heure et les 5 premiers kilomètres avalés, c'est une assiette valaisanne qui nous était proposée. Un verre de blanc, un verre de rouge. Non, parce que dès qu'il y a 2 chiffres, c'est l'heure de l'apéro. Heureusement qu'on a pas été trop vite, il était 10h tout pile. J'adore qu'un plan se déroule sans accroc.

 




 Requinqués par la viande séchée et le coeur réchauffé par les premiers godets, on a repris la route pour la deuxième étape. 5 autres kilomètres avant d'arriver à la soupe à la courge. Blanc, rouge, rien ne bouge. Cette petite mise en route allait nous permettre d'arriver sereins à la raclette. C'est sur ce tronçon un peu plus long (8km et quelques je crois) que les trailers sont passés un instant en mode fusée et nous ont mis 15 minutes dans les dents à l'arrivée à Sierre. Juste pour prouver qu'ils pouvaient aller boire une bibine avant qu'on arrive pour la raclette. C'est petit, mais soit, soyons bons perdants. J'aime pas la bière de toute façon. Pis tu peux pas refaire le monde, pronostiquer les résultats des élections, te remettre à jour sur tous les potins du village et en plus avancer vite. Bref, on était à Sierre, mais ils nous ont quand même servi du Bagnes. J'adore qu'un plan se déroule sans accroc.

 

Retour en selle, enfin en semelles plutôt, pour passer Veyras et arriver au fameux choléra, une espèce de tarte aux restes, garnie de poireaux, patates, lardons... Le nom n'est pas vendeur, mais finalement ça passe bien. A ce moment-là de notre périple, nous profitions surtout de la météo clémente et des belles couleurs d'automne. On a beau dire les jours qui précèdent "non mais même s'il ne fait pas beau ce sera sympa", tu prends le même programme en pleine tempête, je suis pas sûre que la vue sur le Rhône à deux doigts de déborder soit aussi charmante. Le choléra, si t'es tchive* des pieds à la tête parce que tu patauges dans les gouilles et la gadoue depuis 5h, pas dit que tu le savoures autant. Mais les dieux du marathon étaient avec nous, et le soleil aussi. C'est donc beau secs et d'humeur joviale que nous avons repris la route pour rejoindre Salquenen et goûter au dessert bien mérité après la ligne d'arrivée. Finalement, les 23 km et les quelque 5h de marche effectives auront passé comme une lettre à la poste. Restait à récupérer le cadeau souvenir. C'est là que le piège a commencé à se refermer. Y avait du pinard dans le sac offert; mais fallait rendre son verre et son brassard Koh-Lanta pour le récupérer. Avoir du pinard sans avoir de verre, c'est moins pratique, il a donc fallu ruser la moindre pour pouvoir encore partager un peu ce vin de l'amitié. Une fois dans le train et tous les verres rendus, les plus hardis se sont montrés encore plus imaginatifs sur les contenants. Mais qui oserait s'étonner de voir une bouteille en PET de la marque Valais remplie de cornalin, finalement?

 *tchive: mouillé jusqu'aux os, en bon langage valaisan

 

 Une fois de retour en terres francophones, une dernière halte au boui-boui que tu trouves entre la descente du train et le parking. Comme si on avait encore soif. J'ai quand même bu du rouge. Encore. Il fallait bien faire l' "after" pour pouvoir me targuer d'avoir expérimenté pleinement le mode "course" tant apprécié par mon conjoint. Sur le moment, on disait "demain, petit décrassage?". Le samedi soir des lions... Le dimanche, tête qui tourne et horizon limité aux confins du salon. Bref, au niveau du lendemain qui chante, c'était aussi un peu comme quand tu finis à l'espace gourmand; sauf que cette fois, je peux me vanter d'avoir fait un semi-marathon.

Merci à mes compagnons de route pour ces moments de partage et d'air frais, qui font le plus grand bien par les temps qui courent!

mardi 13 octobre 2020

IWAK #13: Dune

 Celle-là, elle est facile...



Juillet 2020. Y a le Covid. Mais on est parmi les chanceux qui avaient prévu des vacances en voiture, pas trop loin. Alors on est partis. Et dans les temps forts de nos vacances, il y a eu la découverte carrément magique d'un endroit étonnant: la Dune du Pyla. Ou Pilat. Parce que tout le monde en a déjà entendu parler, mais personne n'arrive à se mettre d'accord sur l'orthographe. Toujours est-il que ce tas de sable qui semble venu de nulle part marque l'esprit. Et les pieds, parce qu'il crame un peu les orteils à la montée, le sable. Et les jambes, parce que quand tu t'enfonces de 30 cm à chaque pas, ça te fait travailler les quadriceps un peu comme des fentes bulgares. 

La première fois, on est partis à la dune comme on part à la plage, parasol sous le bras, pique-nique pour midi et tutti quanti. Le plan, c'était non seulement d'arriver en haut, mais de redescendre de l'autre côté et de profiter d'une "simple" journée playa. Donc tu te dis qu'une fois la montée derrière toi, c'est plus que du plaisir. Sauf que non. De l'autre côté, c'est certes moins raide, mais y a encore 2-3 kilos de sable répartis sur ce qui semble être des kilomètres avant d'atteindre l'océan. Mais on est têtus, alors on y est allés, on a planté notre parasol, et on était seuls. Enfin presque. Parce que comme dans tous les endroits bien fréquentés du monde, on a réussi à tomber sur des Valaisans. Ils venaient d'Isérables, pas étonnant que la dérupe ne les ait pas effrayés. Ils nous ont repérés à l'accent. Je comprends pas.

La Dune du Pyla, c'est un peu comme un parc d'attractions, sauf que t'as pas besoin de payer l'entrée. Pis t'as pas besoin de mettre de masque. Enfin à ce moment-là, en tous cas. Les enfants voulaient retourner, alors on est retournés. La deuxième fois, j'ai fait ma larve, parce que mon orgueil n'était pas à la hauteur du lumbago qui m'avait immobilisée deux jours. J'ai attendu en bas, et j'ai regardé les rouler-bouler de mes rejetons, ensablés, mais heureux. 

 


 

 Moralité, cette année plus que jamais, y avait vraiment pas besoin d'aller au bout du monde pour oublier un peu la mouize dans laquelle on barbotte.



lundi 12 octobre 2020

IWAK #12: Glissant

 L'information est sortie en fin de semaine: pour la saison de ski qui s'en vient, les tours de cou seront autorisés dans les télécabines et autres téléphériques en guise de protection Covid, pour peu qu'ils soient pourvus d'un filtre. Autant dire que je peux laisser dans leur caisse les tours de cou utilisés jusqu'à l'an passé, il va falloir investir. Donc là, je suis en train de surfer virtuellement sur le site de Buff pour pouvoir glisser pas virtuellement en décembre. L'histoire ne dit pas encore comment on va faire dans la queue au Châble, parce que si faut respecter 1,5 m de distance, va falloir mettre des labyrinthes jusqu'à Sembrancher. Ah non, y aura pas de touristes. Donc y aura pas de queue. Y a plus qu'à espérer qu'il y ait la neige, mais toujours entendu que les années à souris, c'étaient des années à neige, alors mes paquets de riz grignotés annoncent de belles journées de poudreuse!

dimanche 11 octobre 2020

IWAK #8, 9, 10 et 11, soyons fous

 Comme j'étais résolue à rattraper le train de l'IWAK à la fin de la semaine, je vais même faire du 4 en 1 pour ce dernier article hebdomadaire, avant de rejoindre le rythme normal dès demain.

#8: Dents

Ah, en voilà un sujet qui fâche. Qu'elles soient du haut, du bas, de devant ou de derrière, que celui qu'elles n'ont jamais fait souffrir parle maintenant ou se taise à jamais! Et quand il n'est pas question de souffrance physique, c'est la facture que tu reçois pour la pose des "bagues" des gosses qui est douloureuse! Parlons-en, du sourire à double rail, pile à l'âge où tu es au top de ta confiance en toi et certain de ton pouvoir de séduction! Donc chez nous, il y a actuellement deux chantiers ferroviaires en cours, la phase de planification du 3e devrait démarrer sous peu. On se réjouit déjà du devis. Je publierai ici les petites annonces de nos organes à vendre pour financer le projet.

#9: Jeter, lancer

Je parlais cinéma l'autre jour; une des victoires récentes du pater familias au petit jeu de l'usurpation de télécommande nous a conduits à regarder tous ensemble Le stratège. La bande-annonce a l'air bien, qu'il a dit. Y a Brad Pitt alors je suis d'accord, ai-je dit. Max a dit "ça m'est égal" parce qu'à 15 ans, tout lui est égal (ou alors il a pas envie, mais comme il a - assez justement - fait remarquer que quand il disait qu'il avait pas envie, on faisait quand même, il a renoncé à le dire); Sid siestait dans un coin; Platinum faisait un saut d'obstacle table basse - chat - fauteuil - carton Zalando - et n'a pas entendu qu'on votait. Deux voix pour, un blanc, deux abstentions, la démocratie était respectée et le film pouvait commencer. Donc Le stratège, c'est un film sur le base-ball (en très ultra simplifié l'histoire d'un directeur sportif qui constitue une équipe winneuse avec des loosers). Ca paraît 1000 fois déjà vu, mais c'est bien fichu. Sauf qu'il y a un mais: c'est un film sur le base-ball. Donc en bon petits Européens, on visualise le gant, la batte et la boule, des petits carrés blancs, des casques ridicules, un gars habillé comme un gardien de hockey, et c'est à peu près tout ce qu'on connaît de la chose. On a bien compris que quand un gars envoie la balle à Pétaouchnok et a le temps de faire le tour du terrain, ils parlent de homerun et ça a l'air de faire plein de points. Ces connaissances suffisaient pour regarder Madame est servie (si tu comprends cette référence, c'est que tu as plus de 35 ans). Mais quand Brad a commencé à expliquer qu'il avait besoin de 4 joueurs qui "allaient vite sur base", j'ai haussé le sourcil gauche. Quand il a voulu faire jouer "première base" un gars qui n'avait jamais joué à ce poste, j'ai haussé le droit. J'ai continué à regarder les gaillards jeter leurs balles, les batteurs essayer de battre, les receveurs recevoir. Ou pas. Rien compris. A défaut de compréhension, j'avais au moins Brad. Max a regardé jusqu'au bout avec toute l'indifférence de ses 15 ans (pour le base-ball comme pour Brad), Sid a parlé d'énorme beuse (ça manquait d'action et d'effets spéciaux, forcément, difficile de faire s'effondrer un immeuble avec une balle de base-ball), Platinum s'est endormi en chien de fusil sur le tapis. L'homme a bien aimé. Parce que quand c'est toi qui a choisi, avec le bilan susmentionné, dire que toi, t'as bien aimé, c'est la seule manière de sauver la face. Donc je vous le conseille. Mais passez une heure ou deux sur internet avant pour vous familiariser avec le sujet.

#10: Espoir

S'il est vrai qu'il fait vivre, pourvu qu'il revienne vite au milieu de cette sombre période. Je me souviens de ces banderoles au balcon entre mars et mai. Tout ira bien. Des applaudissements. Des musiciens qui se réunissaient dans les rues pour jouer un morceau et transmettre un peu d'espoir. De la solidarité dans la crainte de l'inconnu. Six mois plus tard, que reste-t-il de tout ça? Des gens désabusés derrière leur masque ou leur plexiglas, craignant de nouveaux durcissements de mesures dont on ne comprend pas vraiment la logique. La peur de la quarantaine, souvent plus que du virus lui-même. Le ras-le-bol. L'absence de perspectives d'amélioration. Pourtant ça passera. Tout finit toujours par passer. Gardons espoir.

#11: Répugnant

Encore un cadavre de moineau éventré. C'était moins moche que la mésange de la veille, celui-là, il avait encore la tête. Ce soir, j'ai présenté Citrouille, chatte de type européen, tigrée brune, au tribunal pénal familial, avec pour chef d'inculpation meurtres d'oiseaux en série. L'avocat de la défense a invoqué un doute raisonnable quant à la culpabilité sur le deuxième assassinat, sans témoin; pour la mésange, je l'avais prise la patte dans le sac - enfin la mésange entre les crocs plutôt. Dans le doute, on a négocié une remise de peine si elle s'occupait des souris de la cave. Affaire à suivre. Mais si je trouve encore des tripes de piaf devant l'entrée, je serai obligée de sévir.

mercredi 7 octobre 2020

IWAK #5, 6 , 7: lame, rongeur, fantaisie

 Je passe encore la vitesse supérieure pour refaire mon retard, vous offrir l'inspi du jour tout en passant un moment à penser à autre chose que la pluie qui tombe, la pandémie, le nombre de matchs de foot qu'on va devoir se taper en semaine pour rattraper les annulations des week-ends, tout ça, tout ça.

Les mots des jours 5, 6 et 7 collent en plus tous assez bien avec ma matinée.

La lame sera celle d'un rasoir. Non, non, je ne vais pas parler poils, je vais encore parler pain! Il m'aura fallu plus de 40 ans pour tenir entre mes doigts une lame de rasoir comme celles qu'on voit dans les films gores où on voit un tranchage de veine dans une baignoire pleine. Jusque-là, j'avais jamais compris comment on pouvait se trancher les veines avec une lame de rasoir, dans mon esprit inculte, une lame de rasoir c'était le truc amovible sur un Gillette Mach3, Venus, ou un de ses cousins. Et puis j'ai commencé à faire du pain, et quand la prof cuisinière-boulangère a dit que pour grigner le pain, ce qui allait le mieux, c'était une lame de rasoir, j'ai compris que mon inculture en la matière ne pouvait plus durer. Donc je suis un peu plus culturée maintenant, je sais à quoi ça ressemble... et c'est vrai que ça grigne bien.

Rongeur, comme la sinistre bestiole qui s'est attaquée à mes paquets de riz de réserve à la cave, témoin de l'incompétence notoire de mes félins domestiques. L'une dégomme les moineaux, l'autre les lézards et les orvets, tous deux ramènent les trophées sanguinolents devant la chattière... c'est dégueu. Et inutile. Je sais pas ce que disait la nouvelle loi sur la chasse en la matière, mais bon sang  les copains, chassez voir utile!

Fantaisie, comme l'aspect des feuilletés apéro que j'ai préparé pour la célébration du 10e anniversaire de Platinum ce soir. En ce moment, toutes mes tentatives culinaires ne sont pas de franches réussites. Mais à défaut d'être standard ou même d'être beaux, ils sont rigolos, mes escargots. Et puis vu comme il roille, on est dans le thème!


dimanche 4 octobre 2020

IWAK#3 et #4: épais, massif + radio

 Je triche un peu en joignant ces deux termes, parce que rapidement, les idées qui me viennent se sont rejointes aussi. Parlons cinéma donc.

Quand j'ai vu le terme du jour 3 de mon défi, la première image qui m'est venue à l'esprit, c'est Dwayne Johnson. J'en peux plus de Dwayne Johnson. Platinum nous a fait la vie jusqu'à ce qu'on regarde Rampage. J'en peux plus de Dwayne Johnson et des animaux géants et agressifs mais un peu gentils quand même (ou pas). Et des catastrophes naturelles. Et des films d'action dont tu sais la fin après 5 minutes. Mais c'est le créneau de Platinum, et de ses frères aussi, dans une moindre mesure. Ca et la franchise Marvel. J'en peux plus non plus tellement des superpouvoirs des superhéros. Le confinement d'Hollywood aura eu le bon goût de remettre à plus tard sans doute quelques œuvres de ce cinéma-là.

Quand j'ai vu le terme du jour 4, j'ai pensé cinéma aussi. Et musique. Radio Gaga. Ca faisait des mois et des mois qu'au moment du vote "qu'est-ce qu'on regarde à la télé ce samedi soir?", Bohemian Rhapsody se faisait coiffer au poteau par Dwayne Johnson ou l'un de ses acolytes. 3 contre 2, infériorité numérique perpétuelle. Ne jamais faire trois gosses, au risque de voir sa vie pourrie par les règles démocratiques de base. S'il est trop tard pour vous aussi, faites comme moi, misez tout sur la soif d'autonomie de l'aîné, avec un peu de chance la parité sous toit sera rétablie avant qu'il ait 25 piges. 

Bref. Même la passion passagère (mais intense) de Platinum - très mélomane et aux goûts aussi éclectiques qu'inattendus, là il nous gave d'Amir et Ava Max avec une petite touche de Vianney, alors qu'il y a un mois, Balavoine était son idole - pour le tube Killer Queen n'était pas parvenu à faire pencher la balance pour le biopic de Freddie Mercury. Et puis un soir de semaine, alors que généralement l'heure avancée à laquelle on peut s'avachir quelque part - genre le canapé - dissuade de lancer un long métrage, tels deux ados prépubères profitant de l'absence des parents pour regarder un film d'horreur en douce, on a mis Bohemian Rhapsody. 134 minutes de grâce, musicale ET cinématographique. Ce visionnage m'aura donné deux regrets: le premier, c'est d'avoir attendu autant; le second, c'est de ne pas avoir réussi à convaincre les gars qu'il fallait voir ce film. Mais ils y viendront, un jour. Quand l'amour des films que nous classons dans la catégorie "EB" (pour énorme beuse) leur aura passé et que Dwayne Johnson sera tombé dans l'oubli, Radio Gaga résonnera toujours.

 


vendredi 2 octobre 2020

IWAK#2: Brin (Le brin et le boa)

 A 1, 2, 4 ou 5 brins, depuis le confinement, je tresse passablement.

Pas mes cheveux, donc. Ils ont poussé, mais bon, faut pas pousser. Non, de la pâte pleine de beurre, de lait, de sucre. Un peu de réconfort pour les papilles, qui évite le pensum d'aller chercher le pain le dimanche matin.

Ce 2 octobre, j'avais décidé de préparer double dose de douceur: la nôtre, traditionnelle, et une à offrir (note pour les gens qui nous invitent: avec ma nouvelle monomanie du pain au levain, si vous ne répondez par l'affirmative à mes proposition d'apéro ou de dessert, vous vous retrouverez avec une tresse ou une miche née de mon inspiration du moment - à vos risques et périls, donc). Platinum se moquant de mon énième visionnage des différents tressages sur painsuisse.ch (si si, y a vraiment un site qui s'appelle painsuisse), je décidai de faire une tresse à 5 brins et une à 2 (en croix), pour lui montrer que non, le résultat n'était pas le même.

Les cinq premiers brins se roulèrent comme des "r" dans la bouche d'un  gondolier vénitien, et sitôt dit, sitôt fait, la tresse dite royale fut tressée.

Le premier brin de la seconde tresse fut régulier et de bonne tenue. Arriva alors la manipulation du dernier pâton. Ô rage, ô désespoir, ô pâte ennemie! Voilà que le brin partit en eau de boudin. J'eus beau façonner avec application, rien ne permit de donner forme de brin à ce dernier pâton. Après façonnage, roulage, refaçonnage et remoulage, il ressemblait toujours à un boa ayant gobé un sanglier. Je criai, je m'énervai, sous le regard désapprobateur de mon gang, insensible à la perfection du brin nécessaire à une tresse réussie. Je tressai finalement, un peu dépitée, mon joli brin et mon boa. Le rendu après seconde pousse et cuisson sembla un instant cacher la misère (je vous laisse juger en photo, le sanglier se cache en haut de la tresse de gauche). 

Mais à la coupe, le dimanche matin, le brin et le boa se désolidarisèrent, donnant ainsi naissance à une nouvelle spécialité boulangère...

 la tresse puzzle!

Moralité: si la technique du brin, tu ne maîtrises pas, ta tresse en morceaux, avant de tartiner tu recomposeras!

 




Journal de la pandémie-qui-n'en-finit-plus

Je sais, ça fait longtemps que je ne vous ai plus rien donné à vous mettre sous la pupille, pas le moindre article à ronger. Ceux qui suivent la page Facebook ont eu quelques miettes (les autres, ça vous apprendra à ne pas socio-réseauter). Ils auront aussi eu droit à l'excuse professionnelle que j'ai fournie à mon silence rédactionnel. Toutes mes capacités linguistiques (et autres aptitudes intellectuelles, d'ailleurs) étaient requises pour sauver nos pauvres parlementaires de l'incompréhension des modifications obscures de lois qui le sont tout autant. Bref, j'y ai laissé quelques neurones, mais j'en ressors surtout avec une furieuse envie d'aligner plusieurs paragraphes sans parler d'articles, d'alinéas et autres références juridiques. A quelque chose malheur est bon, disait ma grand-mère (et quelques autres).

Que s'est-il donc passé pendant ces mois de silence radio?
 
Y a eu les vacances. Et c'était bien. Mais y avait aussi le Covid, alors on a mis des masques et s'est moins réunis que d'habitude. On a été à la piscine, mais on est entrés par la douche "nord" et sortis par la douche "sud" (j'ai aucun sens de l'orientation, c'est juste pour donner une idée). Les gamins se sont agglutinés dans une queue au pied des plongeoirs au lieu de s'agglutiner sur la plate-forme. Ca change rien, mais c'est conforme au plan de protection "de la branche" je suppose.

Y a eu la rentrée. Et c'était normal. Mais y avait le Covid, alors j'ai mis Platinum au bus et j'ai pas bu le café de la rentrée. De toute façon, entre nous, j'avais déjà décidé l'an dernier que vu le peu de cas qu'il faisait de ma présence dans l'enceinte de l'école ce jour-là, le déplacement ne se justifiait plus. Même pour le café de la rentrée, parce qu'en vrai, quand t'en es à ton 3e gamin et à ta 12e rentrée scolaire, le café de la rentrée devient un peu amer. Chaque année tu perds des copines dont les enfants sont passés au CO et ne se déplacent donc plus pour la rentrée, chaque année il y a plein de nouvelles personnes que tu ne connais pas, dont tu ne connais pas les enfants pour la simple et bonne raison qu'ils ont 5 ans de moins que ton "petit dernier", et qui sont certainement fort sympathiques, mais te donnent quand même un faux air de dinosaure de cour d'école. Les décisions sanitaires n'ont donc pas particulièrement chamboulé mon programme de rentrée. Ce qui a changé, en revanche, c'est les masques. En tissu, jetables, auxquels on ne croit pas vraiment tant on nous a dit qu'ils n'avaient pas d'utilité pour protéger contre le virus avant de nous les imposer de plus en plus. Un si petit objet qui est en train de créer une véritable scission dans la société. Qui finit dans la poche, dans le sac, dans la portière de la voiture entre deux utilisations... que celui qui jette son jetable après l'avoir porté 50 secondes pour aller chercher des chewing-gums à la station-service m'asperge en premier de gel hydroalcoolique. Non mais c'est bien, ces masques, ça donne une deuxième vie à des housses de duvet, ça occupe belle-maman, toujours à la recherche du patron, de la taille et des attaches qui siéront à mon petit museau.

Aux gens qui me demandaient "pis chez toi, la rentrée, ça a été?", j'ai répondu "oh, la routine" plus souvent qu'à mon tour. Pas de changement d'établissement, pas de gros défi à relever, pas trop de craintes non plus des lacunes peut-être dues aux mois d'enseignement à domicile (vous avez bien vu comme j'ai géré ;)) ... Sauf qu'il y a eu une différence de taille: cette année, la véritable rentrée ne concernait plus que deux de mes enfants. Max la menace a définitivement quitté le monde scolaire pour celui de la formation professionnelle. Donc là il est au travail. Un vrai, où on timbre, où on touche son salaire à la fin du mois, où on doit poser ses vacances et récupérer les heures perdues à cause du rendez-vous dentiste ou de la 42e radio de la hanche (voir l'article Impératif imparfait pour les explications). A 15 ans, ça fait bizarre. Quand je repense à mes 15 ans, ce n'était pas une étape particulière, j'avais déjà un pied dans de loooooongues études (oui, même si j'ai pas traîné en mode Tanguy, embarquer pour 9 ans minimum quand t'en as 14, c'est pas non plus un engagement à la légère). Pour Max, ses 15 ans auront un peu marqué le début du reste de sa vie. Pour l'instant il semble gérer la transition comme un chef. En aucun cas il ne semble regretter son choix de partir en apprentissage, malgré ce qu'en pensent certains profs. Je me souviens de ce titulaire de 10e année qui nous avait demandé "Et vous, qu'en pensez-vous, que votre fils ne veuille pas faire d'études alors qu'il aurait tout à fait les notes pour?" Nous avions répondu que c'était son choix. A l'heure actuelle plus que jamais, tous les chemins mènent à Rome (bon, suivant comment, t'as une petite quarantaine de 2 semaines à observer, faut faire gaffe) ; un apprentissage c'est une formation professionnelle initiale, il peut y en avoir d'autres ensuite s'il a le goût d'aller plus loin. Ce n'est ni une voie de garage ni un plan B. En vérité, je suis plutôt fière que mon grand ait choisi ce plan A là, exploite cette possibilité de formation duale propre à la Suisse (et qu'une partie du monde nous envie, ne lésinons pas sur les jets de fleurs, c'est déjà assez coton de trouver des sujets de réjouissance à l'heure actuelle). A 15 ans à peine, il est ancré dans la réalité et je le vois gagner en maturité de jour en jour sauf quand il se braque parce qu'il a marmonné un truc dans sa barbe naissante, que je lui demande de répondre et que son taux de testostérone décide subitement qu'en fait, il ne voulait pas vraiment me transmettre cette information.

Sid a eu 13 ans. Jamais aimé cet âge. Avec Max, c'était la prise de tête sur l'orientation professionnelle, alors qu'il se désintéressait encore de la question. Sid, lui, semble se diriger vers les looooooongues études, ce qui, en fait, allège un poil la phase orientation. Ou la remet à plus tard, tout du moins. Mais il a quand même 13 ans, et comme pour son frère, certains jours, on en a vraiment plein l'(a)dos. 13 ans, c'est l'âge du syndrome du canapé. Le canapé est l'endroit le plus chouette de la maison (ex-aequo avec le lit), on est là, dans l'espace de vie familiale, mais on est pas trop près non plus de la cuisine où il y aurait de la vaisselle à faire, une machine à ranger ou autre. Dès que quelqu'un allume la télé, on est dans la place (oui, ça peut sembler particulier, mais chez nous la télé est souvent plus un objet de décoration qu'un "écran actif", les enfants n'ont donc pas pour réflexe de l'allumer quand nous sommes là, en tous cas la semaine, par contre si l'un des parents l'allume pour regarder quelque chose de précis, le squatteur du canapé est attiré comme un aimant par la boîte en couleurs). Regarder la télé, c'est une bonne excuse pour ne pas trop bouger. C'est comme la lecture. Sid a dû remarquer très tôt qu'on ne lui faisait pas la morale sur son inactivité du moment qu'il avait un bouquin dans les mains. En fait, peut-être que s'il lit autant, c'est autant par goût pour l'inactivité physique sans reproches que par goût pour la lecture elle-même. Enfin peu importe, toujours mieux le nez dans un bouquin que sur le téléphone.
Outre le syndrome du canapé, Sid nous gratifie de tous les petits bonheurs de l'âge dit "bête": incapacité chronique à lâcher l'affaire même si tu lui prouves par A + B qu'il a tort, oubli discret des règles d'hygiène basiques comme la douche ou le lavage des cheveux, faculté à disparaître au moment où s'annonce une tâche ingrate, innocence absolue dans toutes les disputes et autres affaires familiales... Heureusement, sa mauvaise foi est teintée d'un sens de l'humour incontestable. C'est donc un ado bête, mais drôle. Des fois.
 
Platinum voue toujours davantage d'admiration à la tractopelle du chantier voisin qu'à ses devoirs. Il va avoir 10 ans et parle de son anniversaire depuis 2 ou 3 mois. Je n'ose pas lui dire que si ça se trouve, le centre de loisirs sera fermé à la date prévue. Déjà que j'ai dû faire part du plan de protection dans le Whatsapp d'invitation... C'est un peu le souci en ce moment, on ne sait pas où on va. Après les annulations successives de spectacles, de réservations, de virées, on ne sait pas grand-chose. Ni à quoi s'attendre, ni comment faire pour garder un peu de positif dans la morosité ambiante. Là on est le 2 octobre. Un vendredi de comptoir. Normalement, la rumeur enfle, l'excitation monte avec ce drôle de bruit de fond qui embrume la ville. Sauf que cette année, y a rien. Pas de manèges à sensation, pas de tentes à Martinetti, pas de voix qui annonce tel événement à la salle Bonne-de-Bourbon, ni rumeur ni excitation. Et c'est triste. Et c'est dur pour le moral. Non pas que nous ne soyons tellement pris par le produit que nous ne puissions pas renoncer à 10 jours de beuverie (entre nous, si c'était ça le problème, on trouverait de quoi faire ailleurs), mais ça fait 7 mois que globalement, les mesures qu'on nous impose nous privent d'une vie sociale normale. Faire la bise à 27 personnes en arrivant au terrain de foot, ça manque moyen; serrer des paluches encore moins. Surtout en période électorale, je dirais. Ca évite même de faire des becs à des personnes qui ne te regarderont plus contre entre le 19 octobre 2020 et 2024. Mais prendre dans ses bras quelqu'un qui se sent mal... embrasser ses parents normalement... mettre le bras autour des épaules d'un ami juste parce qu'on est contents de partager un moment. Vivre ensemble, partager vraiment, ça ne peut pas se faire à 1,5 m de distance, pas plus que d'échanger des sourires derrière un masque. Ca manque. Cruellement. Et en cet automne tristounet, on peut légitimement se demander si, dans la pesée des intérêts qui dicte les décisions gouvernementales et les mesures de protection, l'impact psychologique (sans parler de la catastrophe économique) n'a pas été sous-estimé par rapport au risque pour la santé physique.

Comme je ne peux pas décemment finir sur une note aussi glauque, faut que je vous raconte que l'homme a finalement réussi à m'inscrire à une course. Non, parce que ça fait 1-2 ans qu'il essaie en vain de me convaincre de l'accompagner dans ses escapades par monts et par vaux. Je fais pas ma mauvaise tête, je l'accompagne déjà des fois en mode "entraînement", mais bon, partir à telle heure (genre avant le lever du jour) d'une ligne de départ avec plein d'autres gens en peloton pour se taper 30 km en trottant, c'est pas un concept qui m'intéresse des masses. Du coup, pour me convaincre, il m'a dégotté un semi-marathon avec des pauses boustifaille au milieu. Et un peu de pinard. Et il a convié des copains et des copines. Une sorte d'espace gourmand mobile, somme toute. Tout de suite plus vendeur que la ligne de départ à 5h du mat avec le camel back, moi je dis. Donc j'ai signé. Mais plus la date approche, plus je regrette. Parce que même avec la soupe à la courge, la raclette du milieu et le choléra arrosés de blanc et de rouge, va falloir se faire Sion-Salquenen zu Fuss. Pas dit que le matin même, l'excitation soit la même qu'un vendredi de comptoir...  Mais je vous raconterai.

 

 

jeudi 1 octobre 2020

IWAK#1: Poisson

 Si c'était l'heure du repas, je parlerais peut-être arêtes ou dorade, mais l'après-midi est bien avancé, alors je vais plutôt parler de moi.

Le poisson, c'est moi. Enfin faut mettre un "s" parce qu'il y en a deux, sur le symbole. Toujours mieux que le dindon, me direz-vous. De la farce surtout. Mais être Poissons, c'est pas une sinécure. Déjà, c'est pas hyper vendeur. Par rapport à mes amies "Lion"et "Scorpion" ou à mon homme "Taureau", franchement, quand t'es Poissons, y a pas de quoi se pavaner. Le seul avantage, c'est que personne ne se demande si c'est un signe de terre, de feu ou d'air. Pis sinon, j'ai trouvé un "portrait zodiacal" pas trop pourri (tout en étant consciente que j'aurais pu en trouver un qui ne me convienne pas du tout ;)

  • Date de naissance du Poissons : du 20 février au 20 mars. Jusque-là, personne n'a jamais contesté.
  • Points forts : Intuition. C'est pas faux, comme dirait Perceval.
  • Qualités : Bienveillance, sensibilité. Oh sûrement. Enfin la sensibilité, non, je ne vois vraiment pas. C'est pas de la sensibilité, j'ai une production lacrymale supérieure à la moyenne et une tendance à l'élimination impromptue de ladite surproduction dès que je vois quelqu'un de malheureux, ou de particulièrement heureux, ou ému, ou un téléfilm à l'eau de rose. Quand je suis face à un donneur d'ouvrage incapable de nommer un document autrement que "Text" ou à un client qui se demande pourquoi ma phrase en français ne passe pas dans la zone de texte alors que l'allemand passait très bien, je vous garantis que je suis d'une insensibilité crasse.
  • Défauts : Indécision, fragilité. Mouais. Mais je le cache bien. M'a fallu une demi-seconde pour décider que ce défi était fait pour moi, même si j'ai pas le temps. Et que je suis fragile. Je plie, mais ne romps pas.
  • Vos pierres : Saphir, Aigue marine. Pourquoi pas. En bague ou en pendentif?
  • Votre planète : Neptune. Là y a erreur. Ma maman a toujours dit qu'il suffisait que je regarde la météo pour commencer à bronzer, je ne peux donc pas être aussi éloignée du soleil ;)
  • Votre élément : Eau. Indiscutablement.
  • Vos couleurs : Bleu. Ou pas. Pas tous les bleus, mais par contre plein d'autres couleurs aussi!
  • Vos métaux : Zinc. Bon, de prime abord, j'aurais préféré un truc plus précieux qu'un métal qui m'évoque des compléments alimentaires, mais j'ai vérifié, c'est un oligo-élément, c'est bien ça, les oligo-éléments, finalement.
  • Partie du corps correspondante : les pieds. Ah bon. Les miens sont égyptiens, paraît-il. Mais mis à part cette part d'exotisme en moi, je ne vois pas en quoi ça me correspond. Enfin les pieds, c'est pratique quand même, c'est toujours ça.

Bref, je suis Poissons. Je n'y avais jamais pensé sous cet angle (...), mais la prochaine fois que quelqu'un me demande si "ça va le bocal?" (et mon intuition me dit que ça pourrait bien être Babeth), j'aurai le bon sens de répondre "parfaitement, et dans votre propre logement?"


Défi du moi(s): let's play IWAK

Tout à l'heure, j'ai ouvert Facebook et je suis tombée sur le post d'une amie partageant un blog sur lequel elle relève un défi d'écriture.

Forcément ça me parle... Bon, si elle n'avait pas publié aussi une photo de 2000 sur laquelle je figure, peut-être que j'aurais passé mon chemin.

Mais non, en vrai j'aime les défis. Et que j'aime écrire, ça, vous ne devriez a priori pas le découvrir aujourd'hui. Autant je ne vois aucun intérêt aux publications en chaîne sur les zérosociaux, autant je ne peux pas laisser passer un truc qui me forcera à écrire tous les jours jusqu'à la fin du mois. Pour Christophe ceux qui seront ravis de voir plus de publications et voudraient adresser des remerciements, on dit merci Véro et on peut aller voir le blog en question là: https://ongribouille.blogspot.com/ (c'est plus photogénique que chez moi, et elle arrive à écrire moins de 8 pages chaque fois, elle, donc allez-y sans crainte).

Voici donc les règles de ce petit défi rédactionnel: tous les jours, un billet tu écriras, en lien avec le mot du jour d'une liste préétablie. Pour les règles complètes, l'adaptation du défi d'origine (qui consistait à dessiner) à l'écriture vient de là: http://www.kozlika.org/kozeries/post/2020/10/01/Iwak-Inktober-With-A-Keyboard.

C'est parti pour le défi "Inktober with a keyboard", ou IWAK, donc, avec la liste de mots ci-dessous (comme je commence le 7, autant dire que j'ai du job pour rattraper!)

  • 1 Poisson (fish)
  • 2 Brin, mèche (wisp)
  • 3 Épais, massif (bulky)
  • 4 Radio (radio)
  • 5 Lame (blade)
  • 6 Rongeur (rodent)
  • 7 Fantaisie, farfelu (fancy)
  • 8 Dents (teeth)
  • 9 Jeter, lancer (throw)
  • 10 Espoir (hope)
  • 11 Répugnant (disgusting)
  • 12 Glissant, glissante (slippery)
  • 13 Dune (dune)
  • 14 Armure (armor)
  • 15 Avant-poste (outpost)
  • 16 Fusée (rocket)
  • 17 Tempête, rage (storm)
  • 18 Piège (trap)
  • 19 Étourdi, tête qui tourne (dizzy)
  • 20 Corail (coral)
  • 21 Sommeil (sleep)
  • 22 Chef cuisinier (chef)
  • 23 Déchirure, déchirer (rip)
  • 24 Creuser (dig)
  • 25 Copain, copine (buddy)
  • 26 Cacher (hide)
  • 27 Musique (music)
  • 28 Flotter (float)
  • 29 Chaussures (shoes)
  • 30 De mauvais augure, menaçant, inquiétant (ominus)
  • 31 Ramper (crawl)

C'est parti donc, je me jette à l'eau avec le poisson...

dimanche 7 juin 2020

Décalage horaire

Vous allez croire que je cherche une excuse bidon au fait que je n'aie rien écrit depuis 3 semaines un mois, mais le site que j'utilise pour ce blog a changé son interface et il m'a fallu du temps pour trouver le nouveau bouton "nouvel article". Bon, OK, quand je dis "du temps", c'était plus près de la minute que de la semaine, mais quand même.

Où en sommes-nous, donc?

Plus d'école à la maison. Sauf pour les grands. Qui continuent à aller en cours par demi-classe deux jours par semaine et ont de quoi s'occuper un peu à la maison les deux autres jours. Le mercredi pas. On sait pas trop pourquoi. Ce qui est certain, c'est que finalement, l'école à mi-temps, ils trouvent ça sympa. Ils voient du monde, ils voient des profs, mais c'est pas le stress permanent quoi. Ils ont le temps de pousser tranquillement. À côté, c'est plus compliqué pour nous, qui profitons de chaque soirée sans taxi, chaque samedi sans foot pour "faire tout ce qu'on a pas le temps de faire normalement", tandis qu'ils se complaisent dans l'activité modérée, voire nulle, et les sortir de temps à autre de leur doux farniente représente finalement un défi supplémentaire dans notre emploi du temps, qui n'est pas des masses allégé, lui.

Platinum a repris un rythme normal. Mais sans devoirs. On sait pas trop pourquoi non plus, peut-être qu'on a été tellement performants en enseignement à domicile que les écoliers arrivent maintenant à assimiler la matière vue en classe sans refaire d'exercices à la maison.
Il a décroché sa ceinture marron de conjugaison. C'est bête, mais ça m'a quand même un peu rassurée sur les acquis de la quarantaine, on a fait le job, pas seulement en travaux manuels.
Post-scriptum: ah ben finalement, quand Platinum est arrivé en me disant "pour demain je dois savoir le livret du 8", j'ai réalisé qu'il ne fallait - tout compte fait - pas renoncer à ouvrir l'agenda... et j'ai découvert avec une stupeur certaine toutes les autres révisions de la semaine qui nous étaient passées 2m au-dessus de la tête, oups!

Pour fêter la fin de l'école à la maison, la maîtresse d'ACM nous a d'ailleurs proposé de faire un abécédaire en photo, donc de photographier des "lettres" rencontrées au hasard (sans les mettre en scène donc). Le premier défi, c'était de trouver ses initiales. Platinum cherche encore son Z, pas le moindre orage pendant les semaines qui ont suivi. (Hier soir ça a tonné, mais je crois pas que l'abécédaire soit encore d'actualité.) Y a pas à dire, dans les tâches scolaires, y a quand même une certaine inégalité quand ça tape dans les prénoms. Bon, sur l'année, l'équilibre se rétablit. Disons qu'il était content de ne pas s'appeler Barthélémy quand il a fallu faire un acrostiche et trouver pour chaque lettre de son prénom un adjectif correspondant à son caractère. Platinum a presque trois fois moins de boulot. Restait quand même le Z qui péclotait. Quand il en aura trop marre de son prénom en Z, je lui ferai écrire une lettre de complainte à Roger Frison-Roche pour travailler son expression écrite.

Bref, depuis l'étape 2 du dé-semi-confinement, il a fallu faire de nouveau preuve d'adaptation. Parce que les jours de classe de chacun, ça j'ai percuté assez vite; mais après il y a les horaires qui vont avec. Donc on a le cas de figure numéro 1: tout le monde a cours; les ados prennent leur bus à 7h11, Platinum le sien à 8h15. En général, ça se lève de manière échelonnée à partir de 6h20, et donc je renonce à travailler avant ça, parce que quand même, faut pas pousser, et accessoirement j'ai du temps dans la journée. Deuxième cas de figure: Platinum a cours mais pas les ados, mais c'est quand même jour de "classe", donc faut pas qu'ils se lèvent à 10h. Surtout parce que s'ils se lèvent à 10h, c'est qu'ils vont se coucher en horaire "week-end" et qu'ils nous foutent en l'air nos soirée de tranquillité. Bref, Platinum part vers 8h, les grands se lèvent à 8h30. Ô injustice. Ben ouais, fallait être vecteur, aussi, on a pas idée. De mon côté, il faut alors faire la part des choses entre la nécessité de travailler et les obligations maternelles (que je me fixe) de vérifier un peu ce que font mes ados. Je me rends compte que plus ça va, plus les contrôles impromptus de leurs occupations s'espacent. Vivement les vacances que je puisse totalement leur lâcher la grappe sans mauvaise conscience. Troisième cas de figure: c'est congé, c'est férié, c'est un pont, parce qu'on est en mai et qu'en mai, fais ce qu'il te plaît, mais bosse pas trop, et maintenant on est en juin, et en juin, fête tous les saints, les flammèches et autres. Donc avec les week-ends, on a eu en moyenne trois jours par semaine où il a fallu occuper les enfants de manière intelligente, variée, aérée, le tout sans que les lieux de loisirs soient ouverts, sans rassemblements de plus de cinq personnes. Autant dire l'autorisation des rassemblements à 30 et l'ouverture des piscines a été attendue comme minuit un 31 décembre.

Dans tous les scénarios, il faut caser les heures de boulot (épargnez-moi les "mais t'es indépendante, tu bosses quand tu veux!", merci), et rapidement, le retour à un peu de normalité a rimé avec horaires plus chargés. Rendez-vous à l'extérieur, envie de voir du monde, obligations réelles ou créées. La vie quoi. Pis faire du sport parce que ça fait du bien, pis faire du pain parce que j'y ai pris goût, pis tout pis tout. Résultat, je suis constamment à la bourre et je n'ai pas retrouvé le temps d'écrire jusqu'à ce dimanche pluvieux. J'ai pourtant des idées à foison, qui devraient permettre de faire vivre ce blog au-delà de la rubrique "Journal de la quarantaine" que je clos ici. Définitivement j'espère ;) Restons prudents!



dimanche 3 mai 2020

Semaines #6 et #7

Home (school), sweet home (school) - Suite et bientôt fin

Les vacances de Pâques ont passé comme une lettre à la poste. Coincées entre deux colis estampillés "école à la maison". On a versé une larme sur un séjour en Ardèche en famille élargie annulé, non mais en vrai ça aurait sûrement été nul d'avoir 4 jours off à faire du canoë avec une météo parfaite et des températures quasi estivales. Et puis au semi-confinement a succédé le semi-déconfinement, et certaines décisions pour les semaines à venir. On a pas fini de rire.

Revenons tout d'abord à ces deux semaines d'épanouissante continuité pédagogique. Il faut préciser que la reprise de l'école à la maison a coïncidé avec le lancement de la construction de nos futurs voisins et l'arrivée de Xavier et sa pelle mécanique de compète. Il n'en fallait pas plus pour détourner Platinum du droit chemin scolaire. Donc il est quelque peu indiscipliné depuis. Mais heureux. Au diable la discipline, donc.

Je n'ai toutefois pas renoncé à lui faire accomplir ses tâches en bonne et due forme. Ou presque. Disons que le rythme a tendance à ralentir au fil de la semaine et que le vendredi s'assimile souvent à une séance de rattrapage du journal de bord - qu'il n'a pas besoin de livrer tous les jours - et des "phrases du jour" dictées. Mais le job est fait.

J'ai renoncé à espionner les vidéoconférences, mon estime de moi-même s'en porte sensiblement mieux. Surtout que les deux dernières ont eu lieu à l'heure de l'apéro. J'ai pas osé demander un changement de groupe, mais honnêtement, le vendredi à 17h40, confinement ou pas, c'est quand même plus adapté à une happy hour chips et Spritz qu'à un créneau expression orale.

La prof d'ACM est toujours aussi motivée. Donc on sait tout sur le mandala et ses origines (oui oui, moi aussi, parce que je n'ai pas trouvé comment passer directement à l'activité à réaliser sans feuilleter les 8 pages du mini-site à lire avant) et sur le Land Art. Pour la partie pratique, j'ai sauté sur l'occasion pour forcer tout le gang à une petite descente au château (pour ceux qui ne visualisent pas notre havre de confinement, il est situé à une altitude de 850m, sur le même versant qu'une tour médiévale, qui se trouve plus ou moins à mi-chemin entre nous et la plaine, donc on descend au château, contrairement aux Martignerains qui y montent!) histoire de récupérer de quoi faire le mandala Land Art. Arrivés à la sortie du hameau (donc 3 min 30 de marche), le sac était déjà plein de trucs de toutes les couleurs, inutile de dire que les grands se sont vite réjouis de ne pas avoir à aller jusqu'à l'objectif final, 200 m de dénivelé plus bas. C'était mal me connaître, je n'ai pas lâché le morceau en vantant l'amusement indéniable d'une super partie de cache-cache autour du château. Sauf que quand on est arrivés, tout était bouclé, évidemment (ou quand tu réalises que tu es encore d'une grande naïveté sur les mesures anti-Covid). Je crois que j'ai perdu mon dernier zeste de capacité à motiver les troupes ce jour-là. Heureusement que Platinum est rentré fier de ses trouvailles et extrêmement motivé pour son activité créatrice, que je vous partage, parce que quand même, c'est joli (et comme la caractéristique du Land Art, c'est d'être éphémère, c'est tout ce qu'il reste de son œuvre!)


Comme les ACM étaient finalement assez aisés, il a fallu qu'une des deux maîtresses pimente un peu la semaine avec de l'expression écrite. Même si les apparences pourraient le laisser croire ces derniers temps, je n'ai aucune compétence d'enseignement et je ne suis pas de ces parents qui analysent le plan d'étude romand pour savoir exactement où doit en être leur enfant à la fin de tel degré. Donc quand j'ai lu "Raconte une histoire dont tu es le héros. Ecris au moins 10 phrases", je me suis pas bien rendu compte. D'abord, nous autres traducteurs, on compte en "signes" (caractères, espaces compris), en "lignes de 60 frappes" ou en "pages de la Chancellerie". Bref, 10 phrases, ça me paraissait pas grand-chose. Ben 10 phrases, pour un gamin de 9 ans et des brouettes, c'est l'ascension du Catogne en tongs. Alors il l'a rédigée, son histoire, mais je crois que ça a pris plus de temps que toutes les autres tâches scolaires de la semaine réunies. Pis faut voir le style, la concordance des temps et la richesse lexicale... Pas évident de savoir ce qu'il faut corriger, essayer de faire améliorer, etc. Quoi qu'en pensent les parents pleinement satisfaits de cette expérience d'école à la maison, c'est l'une de ces nombreuses tâches qui montrent nos limites en tant qu'enseignants improvisés.


Cette semaine on a continué à étudier le cycle de l'eau en sciences, et j'ai de nouveau été incapable de trouver toutes les réponses avant de voir le corrigé de la maîtresse. Même en matant 2 fois la vidéo de Jamy. Mon orientation plus littéraire était donc un choix pertinent. D'ailleurs, les leçons d'allemand, j'aime bien. Bon cette semaine, Platinum a ripé et sauté une étape de la leçon sur les chiffres; quand il a commencé à écrire eis, tsvai, drai, fier, funf, zex, sibèn, art, neun, tsèn, je me suis de nouveau dit que le "renforcement" n'était pas superflu. Une nouvelle preuve que sa mémoire visuelle est aussi performante qu'un masque de protection porté 20 fois. J'ai remarqué aussi une coïncidence flagrante entre le bâclage de travail et les propositions de partie de Monopoly. Quand tu dois entourer le groupe verbal et que dans la phrase "De nombreuses fleurs de montagne ont des couleurs vives", tu sélectionnes "de nombreuses", c'est que l'appel de Zurich Paradeplatz est trop fort, faut pas insister.

Ce qui m'amène à un problème de l'école à la maison autre que mon incompétence: les 4 x 45 minutes de travail scolaire ont une fâcheuse tendance à ne pas durer le même temps à tous les degrés. Quand l'ado a fini son travail du jour à 9h41, tu te dis que soit les profs avaient vraiment la flemme, soit les ados traînent tellement quand ils sont en cours que les profs les croient beaucoup plus lents qu'ils ne sont. Pour Sid je me rends moins compte, je le soupçonne de piquer un roupillon incognito avant de venir me faire son rapport (ou alors il termine son 34e roman de la quarantaine dans sa chambre... la réouverture des bibliothèques sauvera peut-être mon budget Kobo).
En parlant de Sid, après la prof de maths et ses SMS inquiets, le prof d'allemand qui lui demande une photo de son devoir avant de lui faire remarquer QU'IL NE SAIT PAS QUI IL EST s'il ne signe pas ses messages (???), voilà pas que le prof de gym téléphone l'autre jour pour prendre des nouvelles de sa forme physique. Il devrait la connaître, vu qu'il habite notre hameau et squatte sa terrasse chaque fois qu'on se fait une petite désalpe. Enfin peut-être qu'il ne reconnaît pas Sid, qui s'est jusqu'ici obstiné à partir marcher camouflé dans un gros training et un t-shirt noir, pour se plaindre de la température (et de l'effort incommensurable qui lui est demandé) après 10 minutes de balade. Comportement typiquement adolescent. Tout conseil maternel sur un équipement plus approprié sera obligatoirement dédaigné (limite il rajoute une couche juste pour me prouver que non, il n'aura pas trop chaud).

Cette 5e semaine d'école à la maison s'achève avec une nouveau devoir d'ACM; pas la pression, Platinum a jusqu'à la rentrée du 11 mai pour le réaliser. Ca semble une bonne nouvelle. Jusqu'à ce que tu lises les conditions de ses pièces de mosaïque (c.-à-d. après avoir lu les 8 pages sur l'histoire des mosaïques, ses artistes les plus connus, etc.). L'idée est d'utiliser tous les objets qu'on trouve pour garnir un carré de 15 x 15 cm. Jusque-là pas de problème. Mais pour corser l'affaire, des couleurs sont imposées en fonction du degré scolaire. Les petits héritent des couleurs primaires, fastoche; les moyens, parmi lesquels Platinum, des couleurs secondaires. Vert, orange, violet. OK, ça je peux gérer. Mais quand par curiosité tu regardes ce que sont les couleurs tertiaires, tu te rends compte que ton vert, faut que ce soit du vert secondaire, et pas du vert turquoise ou du vert chartreuse, qui sont eux réservés aux grands! N'ayant jamais entendu parler du vert chartreuse auparavant, on va faire comme si on n'avait pas vu hein... Toutes mes pensées aux grands (et à leurs parents, faut pas se leurrer) qui vont devoir chercher des objets vermillon ou ocre (mais pas orange), pourpre ou indigo (mais pas violet) ou turquoise ou vert chartreuse, mais pas vert! Il vous reste 7 jours.

7 jours, voilà ce qui reste de l'école à la maison à plein temps, tel en ont décidé les autorités fédérales et cantonales. J'ai écouté la conférence de presse du Conseil d'Etat, ça m'a semblé limpide. Après j'ai essayé d'expliquer ça aux gosses, ça a tout de suite semblé plus tordu: "Alors vous irez à l'école soit le lundi et le jeudi, soit le mardi et le vendredi la première semaine, la deuxième comme il y a le pont, vous irez que le lundi ou le mardi en alternance avec la première semaine, la troisième ça sera comme la première et la quatrième les jours alternés. Platinum, toi tu iras la moitié de la première semaine et après normalement, c'est juste le temps d'apprendre à te laver les mains plus de 2 secondes et demi et à ne pas crachoter sur la maîtresse - sur les copains tu peux, vous êtes pas vecteurs". Après lecture du courrier du Conseil d'Etat, j'ai percuté que j'arriverai à un total de deux jours complètement libérés pour travailler d'ici au 24 mai. Alleluia. Enfin faudra quand même faire du dîner, parce que les cantines seront fermées et que les grands-parents sont pas censés garder leurs petits-enfants, surtout que les miens sont data au niveau du risque, à part Platinum qui a 5 mois de câlins devant lui. Enfin je suis de ceux qui n'ont pas tout compris dans la théorie "les grands-parents peuvent faire des bisous mais pas garder" du brave M. Koch, parce qu'il craint que les parents contaminent les grands-parents en amenant leurs rejetons, OK, mais concrètement, comment les petits non-vecteurs font des bisous si c'est pas leurs parents qui les amènent? Par ailleurs, nombre de grands-parents ont été ces dernières semaines approvisionnés par leurs descendants, a priori si on arrive à poser un sac de courses (qui ne marche pas, lui) en restant à 2 m, on devrait pouvoir poser un gosse auto-mobile non? Finalement, y a que les nourrissons qui posent un peu problème, j'imagine que le jeté de bébé n'est pas cautionné par l'OFSP. Daniel, si tu pouvais donner des précisions? (cela dit je ne suis de loin pas concernée, et si mes enfants vont chez les grands-parents, ils peuvent y aller sans moi de toute façon).

A propos de la reprise, j'avoue tout de même être plutôt surprise par certaines réactions, entre les syndicats d'enseignants qui font des pétitions pour protéger leurs ouailles et les parents qui ont l'impression d'envoyer leurs gosses à l'abattoir. Concrètement, petits et grands vont être confrontés à des enfants qui ont été préservés des risques de contagion ces 7 dernières semaines, puisqu'ils n'ont été en contact qu'avec leurs parents, qui prenaient leurs précautions, se lavaient les mains en rentrant des courses, ne les emmenaient pas au magasin pour leur faire une sortie, ne les laissaient pas jouer avec les enfants du voisinage dont les parents sont fortement exposés de par leur profession, n'est-ce pas? S'inquiéter, c'est de facto remettre en question la capacité des autres à se conformer aux recommandations, à pratiquer les gestes barrières et à garder à la maison un enfant qui présenterait des symptômes. Bien sûr il y a des cas particuliers et certains ont des raisons valables de s'inquiéter et de demander une dérogation, mais ce n'est pas la majorité. Perso je renvoie donc mes enfants sur les bancs sans la moindre inquiétude ni pour eux, ni pour les personnes qu'ils vont croiser. Mais si des parents renoncent à la scolarisation à l'école jusqu'aux vacances d'été sous prétexte que le risque n'en vaut pas la peine "pour 6 semaines d'école", je prends volontiers les places inoccupées pour les miens, merci de vous annoncer. Non, parce qu'après deux mois de cohabitation permanente 24h sur 24, 7 jours sur 7, week-ends et vacances compris, je ne suis pas totalement sûre de ne pas représenter moi-même un danger pour la santé de mes enfants plus important que le petit coronamachin.

Je renvoie aussi mes enfants avec soulagement et satisfaction, parce que je ne crois pas que la "continuité pédagogique" que nous avons assurée pendant près de deux mois arrive à la cheville de l'enseignement présentiel assuré par des professionnels. Nous avons fait le nécessaire pour que nos enfants ne régressent pas, ne soient pas complètement largués au moment de reprendre le rythme scolaire, nous avons limité les dégâts. Mais reprendre l'école leur permettra de rétablir des contacts sociaux plus ou moins normaux, de rattraper peut-être un peu la matière nouvelle qu'ils auraient dû voir ces dernières semaines, pour finalement profiter des grandes vacances. Rendre à nos enfants leurs repères ne me semble de loin pas superflu. Et puis honnêtement, j'en peux plus du journal de bord, on a fait le tour de ce qu'on a cuisiné, jardiné, des jeux, des qualités et des défauts, si je dois encore inspirer Platinum 7 semaines x 5 jours pour écrire des phrases contenant deux adjectifs / un groupe nominal déterminant + nom + adjectif / un complément de phrase placé au début de la phrase, je vais craquer.



Déconfi -nement ou -ture?

Le 27 avril dernier a marqué un début de retour à la normale. Si tant est qu'aller chez le coiffeur avec un masque sur le pif soit un retour à quelque chose. Le lundi matin, 1h avant l'ouverture, il y avait la file devant les magasins de bricolage et les jardineries, paraît-il. La poisse, après cinq semaines de grand beau temps, les jardiniers en herbe ont eu droit à une pluie incessante depuis qu'ils ont pu acheter leurs plantons. Et tandis que les restaurants tentent de survivre en proposant des plats à l'emporter appétissants ou des livraisons organisées à l'arrache dont les recettes doivent à peine couvrir le coût de la marchandise, les chaînes de fast-food ont pu rouvrir leurs drives... avec évidemment un immense succès, c'est tellement logique de faire 40 ou 50 min de queue dans ta voiture pour de la "restauration rapide", 7 semaines que certains attendaient impatiemment de pouvoir profiter d'un repas si sain et si gourmand :smileyquivomit:

Ce qui m'a fait un peu plus souci que ces gens dans leurs voitures prêts à poireauter des heures alors qu'ils auraient simplement pu aller chercher leur nouveau râteau le lendemain ou prendre des bons steaks hachés chez leur boucher, c'est que l'assouplissement des mesures annoncé et mis en œuvre par le Conseil fédéral a sonné pour beaucoup comme une libération. Au magasin, cette semaine, le nombre de voitures avait doublé, tout comme le nombre de personnes âgées dans les rayons. Raisonnable ou pas? Ne nous exposons-nous pas à une deuxième vague virale, avec un retour en arrière et force regrets? Je rejoins totalement un célèbre journaliste de notre canard valaisan et son pot de yaourt périmé (https://www.lenouvelliste.ch/dossiers/coronavirus/articles/le-yogourt-moisit-il-dans-le-frigo-a-minuit-le-commentaire-d-olivier-hugon-932308): on nous laisse notre libre arbitre, que chacun l'exerce et prenne les risques qu'il juge acceptables par rapport au bénéfice qu'il en retire. Mes parents avaient besoin de sortir, de parler avec leur copine caissière, de voir de leurs propres yeux des barrières plastifiées sur les tupperwares. Mon premier réflexe a été de leur signaler que la pandémie ne s'était pas achevée le 26 avril à minuit. Inquiétude légitime puisque depuis près de deux mois, nous nous inquiétons de la santé de "nos aînés" et faisons notre maximum pour la préserver. Mais c'est leur choix... et il y a un moment où la vie doit reprendre son cours, un peu du moins. Que cela ne nous empêche pas de continuer à faire de notre mieux pour protéger les autres, un mois, six mois, un an... aussi brièvement que possible, mais aussi longtemps que nécessaire (#teamBerset).


Note pour Christophe: merci pour la régularité de tes commentaires, j'ai répondu au dernier, une fois n'est pas coutume ;)

jeudi 16 avril 2020

Semaines #4 et #5

J'associe ces deux semaines parce que je n'ai pas beaucoup d'avance dans mes publications et qu'accessoirement, déjà qu'il ne se passe pas grand-chose dans ta vie quand tu es confiné, quand en plus on t'enlève les activités scolaires, ça devient le néant. Bref, c'est les vacances scolaires, mais sans tous les trucs cool qu'on fait normalement pendant des vacances scolaires.

Avant ça, on a eu une toute belle semaine d'école à la maison.
En cours de musique, il fallait que Platinum envoie une vidéo de lui en train de taper un rythme. Le matin où j'avais deux communiqués Covid à traduire et où j'ai relâché l'organisation matinale "tout le monde levé, nourri, lavé, habillé à 9h". J'aurais pu repousser la leçon de musique, me direz-vous, sauf que la motivation de Platinum pour la musique ce matin-là était inversement proportionnelle à son envie de quitter son pyjama. Vas-y donc pour la rythmique en pyjama. Et puis il a eu sa visioconférence. Comme je suis curieuse, j'ai tendu l'oreille depuis la cuisine. J'ai pas été déçue. À la fin de cette journée d'école, j'ai su que jour où Platinum aura la crinière trop foncée, je pourrai le renommer Désinvoltman.

Question: "Comment vous vivez cette école à la maison?" Réponse: "Ouais, bon ben voilà quoi [déjà là tu te dis que c'est pas tant bien parti], l'école à l'école, c'est cool, mais l'école à la maison c'est cool aussi".
Va peut-être falloir que je mette davantage l'accent sur l'expression orale [pourtant en termes de volume et de débit, on est pas mal, mais pour le contenu et la richesse lexicale, tu repasseras].
Question: "Et avec tes frères, ça se passe bien?" Réponse: "Ouais, bon ben voilà quoi, c'est comme d'habitude, ça va pas trop" [et les maîtresses de déchanter sur leur vision idyllique de la douce harmonie d'une fratrie de mecs en confinement]. Aujourd'hui ça va encore, mais alors hier, ouille ouille ouille, c'était la cata."

Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai expérimenté le processus chimique de la dissolution corporelle. Ca m'a rappelé la rubrique Grumeaufoutlahonte du blog de Nathalie Jomard (dont le lien doit se trouver quelque part dans la colonne de droite). Parmi les lourdes tâches de l'éducation, il y a une partie qui est, il faut l'avouer, destinée à donner une bonne image de soi en public. Un gamin de 9 ans peut te ruiner tout l'effet en deux répliques. Sur Teams, pas de filtres, pas de deuxième prise. C'est la vérité toute crue qui sort. Cela dit, je tiens à préciser que c'est la vérité d'un enfant de 9 ans, justement, ponctuelle, enregistrée le lendemain d'une grosse dispute. Elle aurait peut-être sûrement été bien différente si on avait interrogé le sujet juste après le braquage simulé d'une camionnette à grands coups de Nerf, la construction conjointe de la 12e cabane depuis le début du confinement ou la 897e partie de 1000 bornes. Une fratrie de mecs en confinement, c'est comme une fratrie de mecs en situation normale finalement, ça bouge, ça se court après, ça se dispute pour un jouet, ça se tape dessus, parfois (mais pas trop fort). Mais souvent, chez nous du moins, ça se lance dans des jeux improbables qui occupent des heures, ça rigole et ça partage des choses sans même s'en rendre compte. Je mettrai donc juste la réponse de Platinum sur le compte de la tendance qu'a l'être humain à se focaliser sur une seule chose qui a cloché dans sa journée, au risque d'oublier la multitude de petites choses toutes simples qui se sont bien déroulées.

Cette dernière semaine avant les vacances ne durait que quatre jours, mais sur ces quatre jours, il y a eu l'intervention enthousiaste de la maîtresse d'ACM. Déjà le mardi, on a commencé à se méfier quand la maîtresse titulaire a indiqué que pour le dessin, elle ne donnait rien "car la maîtresse d'ACM avait prévu assez". On a donc ouvert la rubrique ACM prévue le jeudi. Disons que "prévoir assez", c'était un euphémisme. Limite elle nous a créé un site internet juste pour son cours. D'ailleurs, j'ai d'abord cru que c'était ce qu'elle avait prévu pour tous les cours d'ACM jusqu'à la fin du confinement. Et elle est partie du principe qu'il durerait jusqu'en juin. Donc Platinum s'est attelé au dessin à l'aveugle, a regardé les vidéos, répondu au quizz. Quand il est arrivé à la confection de l'oiseau multicolore réalisé en collages, il a décliné l'offre. Les maîtresses avaient précisé que tout n'était pas obligatoire. Le jeudi, pour les "vrais" ACM, je l'ai mis au travail sur la conception de la poule. Et là j'ai vite constaté que son enthousiasme n'était pas franchement à la hauteur de celui de la prof. Non parce qu'il fallait fabriquer une poule avec les yeux et le bec en boîte à oeufs, faite avec du matériel de récup', qu'elle soit rigolote, colorée, qu'elle ait deux pattes et deux ailes et qu'elle tienne debout toute seule, rien que ça. J'ai vite eu autant de "J'arriverai jamais" et de "Je sais pas comment faire" que de conditions à remplir. Bref, on dira que la poule est une oeuvre collective. Platinum aura découvert la face cachée d'une capsule Nespresso. Il était tout content de sortir un masque de protection de bricolage pour finir sur sa poule les sprays à cheveux de Carnaval (peut-être qu'on regrettera le sacrifice dudit masque quand en porter un sera obligatoire pour aller faire les courses, même si le masque brico doit pas être très homologué contre le pote Covid). Les grands frères ont sacrifié quelques billets durement acquis lors du braquage de la camionnette. Même son père a contribué par anticipation en vidant les pattes à son insu. Bref, une oeuvre collective je vous dis. Les grands ont affirmé qu'elle avait un faux air de la mémé de l'Âge de glace 4. C'est pas faux. Le fait que ladite mémé soit un paresseux ne me vexe pas plus que ça. Heureusement que les travaux ne sont pas notés durant l'école à la maison, j'aurais peut-être pas eu la moyenne. Enfin si, parce qu'elle remplit toutes les conditions. Mais on a quand même mis un oeuf à côté, pour être sûrs.





La Testosterone League en force


Je parlais de rebaptiser Platinum plus haut, mais c'est d'abord à la nouvelle dénomination du préado que je dois m'atteler. Parce qu'il n'y a plus de "pré" qui tienne. D'ailleurs, c'est bien simple, ces derniers jours, j'ai constaté une alliance des grands contre l'autorité, j'ai assisté, impuissante, à l'émergence de la Testosterone league. L'ado en fleur a même donné ses petits tuyaux à son cadet pour contourner les restrictions d'écran et autres manifestations de l'autorité parentale. C'est un petit jeu entre nous depuis qu'il a un téléphone, et je me réjouissais du fait que son frère n'ait pas encore cherché de solution et se contente de poser l'appareil quand il atteignait la limite de temps. L'ado trouve un tour de passe-passe, je le constate et trouve une autre barrière à mettre, qu'il trouve un autre moyen de contourner, et ainsi de suite. Mais là il a exercé son influence négative, j'enrage. Cela dit, je les ai chopés. Et ils ne le savent pas encore. Ils le sauront vraisemblablement la prochaine fois qu'ils essaieront leur petit micmac, et ils risquent de se retrouver coincés avec des applications désinstallées qu'ils ne pourront pas remettre. Le piège est posé, je me réjouis de ma première prise.

Bref, le préado a sombré du côté obscur de l'enfance, je l'appellerai dorénavant Sid. Ce n'est pas tant la poule-mémé qui m'inspire, mais plutôt son rythme actuel (de déplacement, de mise en action, de tout...) digne d'un paresseux et son incapacité toute récente à faire quoi que ce soit d'autre que de pousser. Il devrait prendre une trentaine de centimètres pendant le confinement. Donc il se lève, il est fatigué, il se couche sur le canapé avant même de déjeuner. Il va dehors 10 minutes, il est fatigué. Quand il mange, sa position tente de s'horizontaliser sans qu'on le remarque trop. Deuxième effet KissCool de ses bientôt 13 ans, il est visiblement victime d'injustices incroyables, et à répétition. Capacité incommensurable à inverser les rôles: tandis que je songe à développer un bouclier anti-testostérone, lui estime que le monde entier (mais surtout le clan des plus de 40 ans et le clan des "frères") se ligue contre lui. Enfin, ça passera. Et ça reviendra, comme le prouvent les bouffées d'hormones toujours bien présentes chez son aîné.

Brèves de Covid

- Les garçons ont vu partir en fumée leur dernier cadeau de Noël en raison de l'annulation du Maxi-Rires Festival. Ils se sont tout de suite enquis du remboursement et d'un éventuel cadeau de remplacement. Je ne sais pas si l'assurance annulation du Père Noël couvre les cas de pandémie. Si on doit la faire marcher tout de suite, ils auront le choix entre des pâtes, du thon en boîte et du PQ. Ce semi-confinement remet l'église au milieu du village, même si elle est fermée.

- En Italie, ils prévoient de mettre des box en plexiglas pour séparer les emplacements sur les plages. Si tu es actuellement au chômage technique, lance-toi dans le plexiglas à Cattolica, ça devrait te relancer.

- Les annulations se succèdent, entre projets d'escapades, loisirs et vacances. On nous incite à prendre nos vacances en Suisse pour soutenir l'économie nationale. Bon pour l'instant y a pas grand-chose à soutenir, mais quand on pourra de nouveau "partir en vacances", vous nous excuserez d'utiliser nos bons correspondant aux acomptes versés avant de faire marcher les hôtels d'Appenzell Rhodes-Intérieures, histoire de soutenir aussi notre économie personnelle.

lundi 6 avril 2020

Semaine #3

Home (school), sweet home (school)

Ca fait 11 ans que je suis maman d'élève.
En trois semaines, j'ai eu plus de coups de fil des enseignants de mes marmots qu'au cours des 10,75 années scolaires précédentes, années et enfants cumulés. C'est bien simple, pour la première fois, je connais non seulement le nom du titulaire, de la remplaçante de la titulaire-en-congé-mat et des profs des branches désignées par des abréviations au sens abscons, mais en plus je sais quel enseignant sévit quel jour.

Y en a quand même qu'il a fallu recadrer. Genre la prof de math qui envoie des sms au milieu de l'après-midi pour signaler que le préado (qui, sans vouloir lui lancer des fleurs, ne rencontre aucune difficulté scolaire) n'a pas inscrit la réponse l'exercice 21, question 8b.
Comme quoi les profs ne te rendent pas toujours au centuple le fait de ne pas avoir été un parent envahissant quand c'étaient eux qui géraient la vie scolaire de ton gosse. En vrai, elle a même écrit au pater familias, ce qui renforce encore le côté saugrenu des messages, c'est quand même bien plus marrant de recevoir ce genre d'information capitale et nécessitant une réaction immédiate quand tu es au milieu d'une vidéoconférence avec ta hiérarchie, ce qui ne pourrait pas m'arriver, puisque je n'en ai pas (de hiérarchie, donc. De vidéoconférences non plus, sauf pour les cafés FaceTime et les Skyp'éro).

J'ai aussi eu droit à un message d'un prof s'inquiétant de n'avoir reçu aucun travail de l'ado au cours de la dernière quinzaine. Chez les mômes aussi, y en a qu'il a fallu recadrer.

Platinum a découvert qu'il pouvait aussi faire des vidéoconférences avec ses copains. Ainsi prit fin mon règne absolu sur mon ordinateur portable. Maintenant ça sonne et c'est même pas pour moi. Demain, il a vidéoconférence avec la maîtresse. Pas compris si ça allait être un cours vidéo, du papotage juste pour voir comment poussent les cheveux des élèves ou une séance de travail en commun. En tous cas, y a une maîtresse et six élèves. Faut que j'avertisse mon collègue de l'étage de sortir le casque antibruit (et d'éviter les vidéoconférences avec la hiérarchie).

Cette semaine, pour le cours de gym, j'ai fait faire un HIIT de ma chaîne fitness aux enfants. Depuis, ils me détestent. Pour me rattraper sur le deuxième cours, j'ai fait sagement avec Platinum la leçon proposée par la maîtresse. C'était Daniel Yule, qui a la bonne idée de présenter 2 exercices tous les 2 jours pour nous faire bouger la moindre. Bilan: au niveau des cuisses, on voit qu'on a fait Chassoure, le Mont Gelé et autre Vallon d'Arbi, on tient la route. Niveau souplesse, je sais pas si c'est un problème de proportions, mais on a pas compris comment le gaillard qui doit faire son petit mètre nonante arrive à toucher les mains par terre sans plier les jambes. Quand tu fais 1m90, le rapport entre la longueur des bras et celle des jambes doit être différent du nôtre, je sais pas. Bref, la prochaine fois, au lieu du HIIT, on fera du stretching, il semble que ça puisse servir dans la famille bouts de bois.

Casa Blues

Vous avez remarqué? Il fait insolemment beau depuis le début du semi-confinement. Franchement, si c'est pas pour narguer, ça! On voudrait que le toit nous tombe sur la tête qu'on s'y prendrait pas autrement. Sûrement encore un coup de Covid. Rester à la casa, c'est pas évident, rester à la casa quand il fait un temps superbe, c'est pire. Alors vous me direz que légalement, on est pas confinés. Et les réseaux sociaux de déborder de photos de personnes estimant être dans leur bon droit de prendre l'air, faire un jogging ou sortir les gosses, agrémentés de commentaires fleuris de la part du publicateur dénonçant le manque de civisme des sujets, et de réponses non moins fleuries des défenseurs des libertés individuelles, qui resteront chez eux quand les chantiers fermeront et qu'il sera donc autorisé aux pauvres ouvriers de préserver, eux aussi leur santé. S'ensuit généralement un débat stérile au cours duquel on maudit l'appât du gain qui passe avant la santé, on estime le nombre d'interventions de secours des trois dernières semaines dues à la pratique de loisirs à risques et on profite de critiquer les décisions des autorités ou les amendes d'ordre. Je n'entrerai pas dans un tel débat. On est dans une situation extraordinaire, on prend tous des décisions, tous les jours, qui en d'autres temps n'ont pas grande importance et que personne ne prendrait la peine de juger. Prendre les deux derniers paquets de pâtes chez Aligro. Aller courir 10km en sachant que forcément, on va croiser du monde. Aller à la station-service juste pour s'acheter un paquet de clopes, et en plus le payer cash. Acheter un pain à la Migros plutôt que de faire marcher le petit boulanger. Chacune de ces décisions peut être motivée, et pourtant, on est tous l'incivique de quelqu'un.

Pour ceux qui souhaiteraient néanmoins se montrer le plus disciplinés possible, sachez que les recommandations de la page d'accueil de l'Office fédéral de la santé publique sont de rester à la maison sauf si vous devez aller au travail et ne pouvez pas travailler à domicile ; sauf si vous devez aller chez le médecin ou à la pharmacie ; sauf si vous devez faire les courses ou aider quelqu’un.  Après chacun voit midi à sa porte... mais de l'intérieur, c'est mieux, c'est tout.

Du coup, la météo, on en a pas grand-chose à carrer. D'ailleurs, le beau temps, c'est lassant. On avait tous un peu envie d'un bon gros week-end pluvieux pour s'envoyer les 8 nouveaux épisodes de La casa de Papel bien au chaud, calfeutrés sous une couverture, sans le moindre scrupule. Mais non, il a fallu qu'il fasse beau. Donc certains ont continué de sortir pour les loisirs, et d'autres ont continué de prendre en photo des parkings de lieux touristiques bondés, de critiquer et de défendre les pauvres ouvriers. Nous on est restés à la maison, on a pris un coup de soleil en mangeant la grillade sur la terrasse et on a pas osé s'envoyer plus de 2 épisodes de suite. Ah non 3. Enfin je sais plus. Trois jours après la sortie, en tous cas, y a plus rien à se mettre sous la dent et en plus on est doublement frustrés, par les aspects décevants de ces épisodes et par le fait que c'est clairement pas fini mais qu'aucune information ne filtre quant à la suite indispensable. Heureusement que j'ai remis la main sur une liseuse.

Shopping, shipping or not shipping

Dans les autres grands débats du moment, il y a la question de la poste et des services de livraison débordés. Grosso modo, il ne faut rien commander pour ne pas surcharger lesdits services... mais parallèlement une multitude de petits commerces ouvrent leurs shops en ligne pour essayer de survivre. Si tu veux soutenir l'un, tu mets la tête de l'autre sous l'eau. Le serpent qui se mord la queue. Certains commerces livrent eux-mêmes, ça semble être la meilleure solution... Oui mais. Personnellement, je suis quand même très consciente d'habiter dans le trou du Q du monde un lieu pas forcément facile d'accès. Alors quoi? Je fais livrer mon pain par le boulanger, ma bidoche par le boucher et mes légumes par le producteur, et je fais donc monter dans mon hameau trois véhicules différents pour éviter d'aller propager un hypothétique virus en ville... Si cela semble covido-préférable, ça risque quand même à terme de faire sortir Greta de son récent mutisme. Bref, maintenant que la durée recommandée de précautions à prendre en raison de nos symptômes est passée, je crois que je vais quand même me déplacer. Et aller quand même chez le boulanger, le boucher et le producteur, autant que possible. Mais pas trop souvent, parce qu'on doit rester à la maison. On est pas sortis de l'auberge quoi. Enfin de la maison, plutôt.



dimanche 29 mars 2020

Semaine #2


Petite note pour les abonnés Facebook: non, je ne yoyotte pas de la cafetière, le méchant virus n'a pas eu raison de mes derniers neurones, mais tout le monde n'étant pas sur Facebook, je reprends volontairement dans mon journal de quarantaine hebdomadaire quelques posts publié cette la semaine :) 

Home (school), sweet home (school)


L'école à la maison a débuté officiellement lundi dernier. Après les prises de tête infrastructurelles, nous nous y sommes donc mis. Les grands se débrouillent pour ainsi dire seuls, entre la gestion du Terminal Server, les tâches et la lecture. Reste Platinum à coacher, ce qui s'avère finalement plutôt drôle.
Cette semaine, donc, nous avons eu cours de sciences. Thème: l'eau dans tous ses états... moi aussi, après avoir expliqué que le solide, on pouvait le toucher, que le liquide, ça mouillait et que le gaz, par déduction ça devait être ce qu'on pouvait pas toucher et qui mouillait pas et ne coulait pas. Juste avant de (re)découvrir que le brouillard, en fait, c'était du liquide #VDM
Moralité, j'ai bien fait d'opter pour les langues.

En maths, on avait additions en colonnes. Me voyant corriger sa fiche sur la calculatrice Windows entre deux paragraphes de traduction (non parce que l'école à la maison, c'est bien, mais les parents, accessoirement, ils doivent aussi travailler), Platinum s'écria "Ah ben ça va plus vite comme ça!" Oui mais justement, toi tu as du temps à occuper. Beaucoup de temps. Tu me referas 3 additions pour payer ton insolence le temps que je finisse la traduction de mon communiqué urgent.
Maths encore, vas-y qu'il faut mesurer la porte d'entrée, la largeur de la chambre et autres. Autonomie: 1m39. M pour mètre, pas pour minute. Il s'est quand même débrouillé pour la brosse à dents, ça m'a laissé le temps de traduire la liste des destinataires de mon texte.
En travaux manuels, on a dû demander une dispense.
Motifs: salière de table insuffisante, réserve de sel de cuisine épuisée, quarantaine. Merci aux maîtresses de ne pas nous imposer de plats fadasses ces prochains jours au nom de la sacrosainte pâte à sel. On fera un lapin de Pâques en rouleaux de PQ à la place. C'est tendance.
En géo, fallait construire sa maison en lego. J'ai utilisé le joker de l'appel à un grand frère.
En français, on a une phrase par jour de dictée. Ca paraît pas grand-chose. Mais quand le printemps du lundi laisse place à un "printant" le jeudi ou le vendredi, tu te dis que finalement, cette période de renforcement des acquis n'est pas franchement superflue. À mon avis, c'était un acte de rébellion face à l'annonce de la météo maussade à venir.

Hâte de découvrir le programme de la deuxième semaine. Ou pas.

Tous les goûts sont dans la nature

Outre ces déboires scolaires, notre vie en quarantaine est presque un long fleuve tranquille. Après la toux, la fièvre, suis passée par un rhume de cerveau flash éclair et finalement, retour à un état normal ni vu ni connu. Covid or not Covid, telle est la question. Mon nouveau collègue (entendez celui qui a dû s'installer un poste de travail à l'arrache et qui a sans vergogne piqué le câble HDMI de la box et la chaise de bureau de l'ado), lui, s'amuse à compléter le tableau clinique avec une perte du goût et de l'odorat entre autres réjouissances. Ce à quoi le préado a rétorqué "moi aussi je veux avoir le Covid-19, comme ça je pourrai manger tous les légumes qu'elle veut maman". À quelque chose malheur est bon, comme disait l'autre.

On a rapatrié les jeux de société, mais les enfants sont intraitables, on en est quand même à la 432e partie de Mille bornes. C'est paradoxal de plus toucher la voiture et de voir des pannes d'essence et des véhicules prioritaires quand tu fermes les yeux pour t'endormir.

La mode est au "Skypapéro" et rendez-vous festifs par caméra interposée. Une occasion en or pour les radins notoires d'inviter un max de monde sans sortir le crapaud. Les vrais, les purs et durs, seront définitivement attribués à la catégorie grippe-sous quand on pourra ressortir et qu'ils viendront faire remarquer que la dernière fois, c'est eux qui ont invité.

Kobo Blues

Juste avant les directives de semi-confinement, j'avais senti souffler le vent des problèmes et commandé deux liseuses en prévoyant la fermeture imminente des bibliothèques. Je précise que les magasins étaient encore ouverts et que j'ai cherché mon bonheur en vain au 1920 avant d'ajouter à la charge de travail des postiers. Bref. Je commande mes deux liseuses. Par défaut, ça met "retrait en magasin". Je sélectionne l'option "livraison à domicile". Je valide. Carte refusée. Grrrrr. Je réessaie. Option "retrait en magasin" par défaut. Je sélectionne l'option "livraison à domicile". Je valide. Carte refusée. Je perds les nerfs, j'appelle le service client des cartes, qui me passe la banque, qui m'explique un obscur problème de deux cartes distinctes sur un même contrat blabla. Bref, problème résolu. Je retourne sur le site du magasin électronique. Option "retrait en magasin" par défaut. Je valide. Paiement accepté.

"Votre commande sera à retirer au magasin de Conthey à partir du 19 mars" #VDMbis
Je contacte immédiatement le service client par mail, vu qu'il n'y a pas de numéro de téléphone...
Le lendemain, le Conseil fédéral décide que les magasins non alimentaires ne rouvriront pas.
J'espère encore un peu que quelqu'un lira mon message (mon espoir est à peu près équivalent à celui que j'aurais si j'avais mis un papier dans une bouteille balancée à la Dranse).
Quand je reçois des nouvelles, c'est  1) un message automatique confirmant que ma commande a bien été expédiée au magasin de Conthey => la bouteille n'est donc - comme je m'y attendais - jamais arrivée au bout du Léman ; 2) un message adressé à l'ensemble de la clientèle pour dire que les articles commandés pour un retrait en magasin, "on va chercher une solution". Genre un jour, peut-être, tu les auras, tes liseuses.

Pendant ce temps, le préado a englouti les deux pavés prêtés pour sa cousine. Il a relu "Un sac de billes" et s'est refait l'intégrale d'Astérix. Je suis pas sûre qu'il soit mûr pour les Stephen King. La prochaine étape, c'est le rayon de la bibliothèque où dorment sagement mes ouvrages de matu. Il va pas aimer.

Enfin, un beau matin de confinement, les liseuses sont arrivées, sans préavis. Quelques clics ont suffi pour télécharger la suite de Hunger games et autres lectures d'ados. J'ai même réussi à cyber-emprunter un e-book pour ma pomme à la Médiathèque. Moi qui étais une lectrice papier convaincue, je découvre un nouveau monde. Une page se tourne. Au figuré, parce qu'au propre, justement, les pages ne se tournent plus. De ce que j'observe en regardant mes ados lire à haute dose, en tous cas. Parce que deux liseuses, divisé par deux ados = que pouic pour les parents #VDMter.
Cela dit, des Hunger games, y en a que trois. J'aurai peut-être accès à une Kobo avant qu'ils se trouvent un autre bouquin dont ils n'arriveront pas à décrocher!

Bonne semaine à tous, malades en isolement, confinés, pas-vraiment-confinés-mais-disciplinés, personnel soignant, personnel de vente, de livraison, personnel qui assure un max! Prenez soin de vous, et MERCI!

... et les autres

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