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samedi 14 novembre 2015

Paris, de la lumière à l'ombre

Bien loin de la soirée diapo présentant les dernières vacances de ma joyeuse troupe de blondinets, je vous propose juste quelques anecdotes de voyage et bilan des bons et mauvais plans de la visite citadine avec enfants de 5 à 10 ans.

Paris by air
Ce n'est pas par snobisme qu'on a opté pour l'avion (quand tu veux frimer, tu prends Emirates, pas un avion avec un logo orange cheap); financièrement, ça peut être intéressant. Sur le papier du moins. Parce quand t'as calculé le gardiennage sauvage de ta limousine à G'nève (oui, je sais, toi qui travailles dans le monde très sélect du transport aérien, tu te rebelles contre les compagnies de valet parking non officielles, contre la compagnie orange-qui-est-la-plus-moins-bien-du-monde, et tu vas encore me demander un inventaire des ballons de foot et porte-clés tour Eiffel ramenés illégalement, mes plates excuses pour les multiples infractions au code déontologique de la douane),  les plombes d'attente parce que t'es venu trop tôt pour pas louper ton vol, les queues à répétition, le prix du RER pour sortir de l'aéroport parisien évidemment situé à Pétaouchnok-Sud (c.-à-d. hors du plan des transports publics "normaux"), le retour à l'aéroport en SuperShuttle de la mort qui tue avec sièges en cuirs le dernier jour parce que décidément, le changement métro/RER/OrlyVal avec 3 blondinets fatigués et 4 valises à roulettes, c'est pas une sinécure, je suis pas sûre que l'économie vaille la peine. Tu économises certes les 52 parties de Uno dans le TGV avec les genoux sous le menton, mais niveau temps et argent, pas sûre du bénèf'. Par contre, c'était le baptême de l'air de Platinum, faut bien dire ce qui est, l'avion, c'est plus distrayant que se taper les 3/4 de la France dans un train qui va très très vite.

Se déplacer dans Paris
Ouaip, je vous la joue un peu guide touristique, c'est pour la bonne cause. Donc en soi, je sais bien que vous avez tous été à Paris et que vous savez tous qu'il y a un suuuuper métro qui dessert suuuuuper bien tous les coins où on peut avoir envie d'aller vadrouiller. MAIS à cette splendide certitude viennent s'ajouter les facteurs 3 gosses et 4 valises (le jour 1, du moins). Et là, le suuuuuuuper métro, il se transforme un peu en parcours du combattant. Non parce qu'ils sont pas bêtes, à la RATP, ils savent qu'il y a des gens qui prennent le métro avec des valises; donc y a des passages spéciaux pour pas t'emberlificoter dans le tourniquet. Sauf que des fois, tu te fais enguirlander par un monsieur parce qu' "il faut pas essayer de passer quand je suis pas là". Et il est pas souvent là. Des fois tu te dis "mais c'est bon, je vais y arriver". Mais en fait non. C'est soit la valise, soit toi. Tu finis par enjamber le tourniquet en veillant à ce que pas trop de monde regarde, et la valise dans la foulée. Évidemment, comme les chefs de gang sont gentils et compréhensifs avec leur progéniture, ils se chargent à 2 des 4 valises. Donc à chaque tourniquet, c'est la double angoisse. Enfin triple, parce que hormis les valises, faut aussi un peu se préoccuper des blondinets qui ne sont pas franchement rodés à l'exercice des transports publics où tout le monde court partout-et-où-faut-récupérer-son-ticket-à-chaque-passage.
J'ai oublié le début: acheter son ticket de métro. Enfin "son", faut le dire vite. Parce qu'après avoir renoncé à comprendre ce que l'automate à roulette essayait de nous dire (ça doit être un problème de traduction parisien-valaisan ou je sais pas), on a trouvé un employé zélé pour nous chercher les meilleurs plans possibles avec notre programme aéroport-Paris-Disney. Très chouette, il nous a fait économiser 50 euros. C'est pas des blagues. Donc ça vaut la peine de demander. MAIS pour l'économie réalisée, tu te retrouves avec 1 billet par personne et par jour. Ce qui dans notre cas faisait 15 tickets, dans ma poche de cheffe de gang sûre d'avoir tout compris et tout mémorisé sur quel ticket utiliser à quel moment et pour quelle personne. Ma gestion de la chose fut impeccable jusqu'au jour 3, où le méchant tourniquet refusa en bloc les tickets des enfants. Je dois admettre que j'ignorais avoir en moi ce côté masculin consistant à acquiescer en faisant semblant d'avoir compris: j'avais switché le chapitre "ne pas utiliser les tickets du lundi pendant le week-end, parce que sinon lundi vous vous retrouverez avec des tickets week-end qui ne marcheront pas". Mea culpa. Le pire du pire c'est qu'il y a dans ma mémoire un vague souvenir audio où Blondinet I me dit "t'es sûre que c'est pas ceux du lundi, maman?" Ce à quoi j'ai dû répondre, avec toute la mauvaise foi d'une maman-qui-sait-quand-même-mieux-que-ses-enfants "t'inquiète, je gère". Bref, 20 euros d'économie dans ta face. Ca t'apprendra à pas écouter pour de vrai.

Idée sympa pour se déplacer: le batobus. Ca évite les embouteillages du bus rouge et ça permet de visiter les lieux d'intérêts proches de la Seine sans se taper les tourniquets, les escaliers. Petit hic: départ toutes les 20/25 minutes à chaque stop. Et ça retire à Platinum son occupation préférée lors des déplacements parisiens, le pole dance intra métro.
Petit plus: la chasse au trésor en batobus: chaque enfant reçoit un livret et un cache-œil de pirate. On peut alors parcourir les différents arrêts à la recherche d'indices et en faisant les petits jeux du livret entre les haltes. Bon, autant vous dire qu'on a pas été jusqu'au bout et jamais trouvé le trésor. En vérité, je vous écris là de Saint-Germain-des-Prés où on cherche encore la rue Bonaparte. Mais l'idée est bonne quand même. Il y a d'autres possibilités de croisières ludiques que vous trouverez sur le site Ceetiz.


Voilà ce que j'ai eu le temps de pondre ces quinze derniers jours dans l'espoir de décrocher quelques sourires sur les visages de mamans se reconnaissant dans les mésaventures et peut-être de donner une idée de ce qu'il faut faire, ou pas, quand on la joue Gang in Paris.



Et puis il y a eu ce vendredi 13 novembre. Plus de sourires sur les visages. Des larmes. Des bruits d'explosions et de fusillades sur les images qui tournent en boucle sur les chaînes françaises. Un cortège d'ambulances qui se succèdent dans les rues où, il y a trois semaines tout juste, nous nous baladions en toute insouciance. Le choc. La peine. Le soulagement, il est vrai, de ne pas avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, comme les dizaines et dizaines de gens qui ont perdu la vie cette nuit. La colère aussi, contre ces gens qui s'en prennent à des innocents profitant de leur début de week-end. Nous n'avons pas été au mauvais endroit au mauvais moment. Nous sommes sains et saufs, dans notre zone de confort et de sécurité. Pourtant, à chaque attentat, ils nous détruisent un peu. La zone de sécurité n'apparaît soudain plus si sûre. Nous nous retrouvons à expliquer à nos enfants que des fous tuent des innocents. "C'est ça, la guerre?", demandent-ils. Non. Si. Une certaine guerre, certainement. Un combat insensé au nom d'un dieu qui n'a jamais demandé ça, fondé sur des écrits mal interprétés par des gens mal intentionnés. Un dynamitage en bonne et due forme des piliers de la démocratie et de nos valeurs. Comment inculquer à nos enfants la tolérance ou la solidarité alors que les événements incitent à la peur de l'autre et de l'ouverture au monde? 
Quelle sera la riposte des dirigeants? Quelle sera la nôtre, une fois l'émotion passée? Ce matin j'essaie simplement de garder foi en l'humanité. Demain j'expliquerai encore à mes enfants la nécessité de ne pas croire tout ce qu'on lit ou entend. Peut-être que je m'aventurerai à leur définir ce qu'est un amalgame. Après-demain ou un peu plus tard, nous retournerons dans la Ville Lumière. Parce que rester chez soi, renoncer à s'ouvrir et à découvrir l'Histoire, la culture, le monde enfin, ce serait offrir une bien trop belle victoire à ceux qui cherchent à faire régner la terreur.