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mardi 6 août 2013

Paléo time

On a tous une groupie qui sommeille en nous; c'est une réalité qui m'est apparue un jour où je ne sais quelle radio a eu l'idée de passer du Roch Voisine pendant que je faisais mes courses. Helen things you do make me crazy 'bout you... et te revoilà à 13 ans, les yeux embués, en te demandant pourquoi, toi, sur la plage, tu ne croises que de stupides boutonneux inintéressants qui font des cacahuètes dans l'eau au lieu de croiser Roch, ses muscles de hockeyeur, son accent à faire fondre la glace sur le St-Laurent en plein mois de janvier...

Bref, le jour où mon compréhensif conjoint a eu la brillante idée de me proposer d'aller au Paléo Festival le soir où chantait Patrick Bruel, mon hésitation a été plutôt brève. Bien que l'homme ait échangé ses bouclettes brunes contre une coupe de cinquantenaire un peu plus rangé et troqué son look d'étudiant en philo ascendant musicien contre un gilet moins rebelle, je ne pouvais pas refuser de revivre un peu ce 7 octobre 1994 où Malley avait vibré de toute son armature sous les Patriiiiiiiiiiiiiiiick enamourés de milliers de jeunes filles en fleur.

Ce dimanche-là, à Paléo, les groupies étaient de sortie, de 7 à 77 ans, ou presque. Sur la Grande Scène, Patrick était précédé par le jeune Bastian Baker, propulsé en quelques mois étoile montante de la pop helvétique et nouvelle idole des 12-18 ans; puis par Raphaël, sa Caravane, son regard de cocker et ses berceuses  ballades baladeuses. Le premier se mouilla (au propre et au figuré) pour faire oublier grêlons et pluie (aaaaah le charme des festivals d'été oscillant entre canicule et orages) et livra, en dépit de quelques fausses notes dues à un mauvais retour (oui, je trouve des excuses, faut soutenir les artistes du cru, ça n'a rien à voir avec le physique de hockeyeur dont je vantais les mérites plus haut) un show sympathique et entraînant (je gage que si vous interrogez une donzelle du premier rang, elle vous parlera du plus incroyable concert de toute sa vie dans une déclaration fleurie dont ni vous ni moi ne comprendrons le quart des superlatifs). Une brochette de wapiti et une bonne rincée plus tard, nous tentions - vainement - de nous faire sécher en compagnie cette fois du poète parisien. J'aime bien Raphaël, on a des CD d'ailleurs, qu'on écoute volontiers. Mais était-ce la pluie, la fatigue (2h de VTT comme mise en jambes pré-Paléo, c'était peut-être un peu présomptueux) ou le simple fait que tous les artistes n'ont pas la même aura sur scène, en tous cas ce soir là, Raphaël n'a pas déchaîné les passions. On pourrait même dire qu'il a légèrement flingué l'ambiance.

Restait Patrick. La pluie tombait à verse, mais quand faut y aller, faut y aller. C'est avec un courage indéniable que nous nous sommes donc avancés dans la foule en pataugeant joyeusement dans la gadoue. Combien seront là  4...3....2....1....0... Ben on était même franchement plus nombreux. La groupie ne s'arrête pas au premier torrent de boue.
 

Autour de nous, une multitude de pèlerines, k-way et autres survêtements aussi peu esthétiques que les nôtres pour reprendre en chœur le refrain de la Place des Grands Hommes. Une multitude de bras levés et d'I-pommes tentant de saisir une image ou un son, au péril de leur vie électronique. Les briquets de 1994 se sont éteints, mais les voix sont là, et Patrick, comme à l'époque, est libre à tout moment de laisser son public se casser la voix. D'aucuns riaient en coin dans les années nonante, quand les murs de nos chambres d'adolescentes affichaient des posters grandeur nature. Bruel, chanteur à midinettes, forcément éphémère... Tu parles! 20 ans plus tard, Bruel est encore là, et bien là; il met le feu à la scène, il crève l'écran, et c'est un public hétéroclite qui le suit des yeux et des cordes vocales. Dans ce public, il y a certes les midinettes d'antan; mais il y a aussi leurs maris, leurs amis, leurs enfants, qui sautent, chantent et crient aussi, sur des chansons devenues cultes. On aime ou on aime pas, mais on connaît par cœur. Bruel est là, et sa présence captive l'auditoire. D'un simple mouvement de poignet, il fait applaudir en rythme des milliers de personnes trempées jusqu'aux os. De quelques mots plus graves, il obtient le silence. Bruel en impose. Il chante, il se raconte, il raconte des histoires aussi, nous emmenant où bon lui semble, de Berlin à Londres, d'un pays en guerre à une cour d'école. Peu importe la pluie, c'est toute la plaine de l'Asse qui est prête à danser la valse pour cet homme-là. Et qui en redemande. Alors merci Patrick. Et si on s'donnait rendez-vous dans 10 ans?