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mercredi 31 août 2016

Tom(Tom) et nous

Quand on parle des catégories de vacanciers, on distingue généralement les juillettistes des aoûtiens. Pour les besoins de l’article du jour consacré à nos pérégrinations estivales '16, on va plutôt mettre d’un côté les "prévoyants" et de l’autre ceux "à l’arrache". Disons qu’il y a ceux qui étudient l’itinéraire au point de devoir calquer les besoins naturels des enfants sur la pause prévue à 8h32 sur l’aire d’autoroute 41, et il y a nous.
Soyons clairs, en matière de réservation et de choix du lieu, on est toujours au sommet de notre art. Le versement des arrhes remonte donc à plusieurs mois et nous répondons pleins de confiance à la traditionnelle question "Et vous, vous partez où?", plutôt fiers de glisser "en Vendée" au milieu des destinations plus courues ces dernières années. Je ne suis pas particulièrement pour l’originalité à tout prix, mais faut bien dire que sur ce coup-là, je soupçonne un ou deux interlocuteurs d’avoir dû googliser ma réponse en douce.
Ceux qui l’auront fait seront arrivés au nord-ouest de la France, mais pas autant au nord que ceux qui partent en Bretagne, question de brouiller les pistes. C’est là que ça devient drôle.

Plutôt amateurs de soleil, chaleur et eau salée, notre itinéraire de vacances connaissait jusqu’ici deux options: soit par l’ouest (mais pas beaucoup à l’ouest quoi) jusqu’à l’autoroute du Soleil - la bien nommée - puis plein sud jusqu’à la Grande bleue, la seule décision à prendre étant donc de passer par Chamonix ou par Genève... Soit par l’Italie via le Grand-St-Bernard, puis plein sud jusqu’à un port ou à la Côte d’Azur. Bien que ces deux options n’aient rien d’une bien grande aventure, nous avions déjà eu quelques mauvaises surprises, par exemple lorsque notre naïveté et notre inexpérience nous ont fait suivre le mauvais Fréjus et se taper le Col de Tende. Aux dires de notre loueur d’alors, nous devons être les seuls estivants à avoir opté pour cet itinéraire depuis 1985 (j’ai appris, depuis, par le plus grand des hasards, que les derniers à avoir commis cette erreur étaient mes géniteurs, le fruit ne tombe jamais bien loin du pommier, paraît-il). Ou encore l’année où, forts de notre expérience (ou pas) du départ en ferry, nous n’avons pas jugé utile de revoir l’itinéraire jusqu’à Savone... oubliant au passage que quand ton billet de ferry dit "Savone-Bastia", en fait il ne part pas tout à fait de Savone... Et que quand tu sors à la mauvaise sortie d’autoroute (celle qui est marquée Savone, donc) et que tu dois retrouver le bon port (au sens propre), situé à une petite dizaine de kilomètres, à l’heure de pointe, au milieu de conducteurs italiens réputés pour leur patience et leur tolérance à l’égard du touriste perdu, c’est moins facile. Est-il besoin de préciser que ces deux erreurs stratégiques étaient l’œuvre de la copilote?

Bref, cette année les circonstances étaient un peu contre nous. Sachant que le pater familias à qui incombe naturellement le chargement de la voiture (que la mater familias a soigneusement préparé) rentrait d’une semaine de cours de formation à 18h pour un départ prévu dans la nuit, on savait que ça n’allait pas être facile. Il a fallu rajouter le facteur "Vendée". Donc traverser la France d’est en ouest. Quand tu habites dans un pays tout crouë dont tu connais le réseau autoroutier à peu près comme ta poche droite, tu crois que c’est pareil partout, que tu vas avoir une jolie autoroute pour te conduire de A à B en ligne droite. Sauf que la France, c’est un chouïa plus grand. Donc on a dû se faire une raison: la ligne droite autoroutière n’existe pas. Il fallait passer soit un peu au sud, soit un peu au nord. Comme je suis dans la catégorie à l’arrache mais que je n’étais pas absente la semaine précédant le départ, moi, j’ai touché un mot aux expérimentés de la génération "grand-papa". J’ai alors eu la recommandation ultime d’éviter le tronçon de la mort - où c’est que si vous passez vous allez tous mourir comme ces pauvres Portugais en bus à Pâques - Comme je suis une fille et belle-fille plutôt docile, j’ai mis dans un petit coin de ma tête "éviter Paray-le-Monial". Donc partons par le nord. Au retour du mari prodigue à H-6 avant le départ, celui-ci a montré un certain scepticisme face à mon idée, mais comme il n’avait pas franchement le temps de se pencher sur mes impressions de Google Maps, il a fait confiance. Erreur. Ce n’est pourtant pas la première fois que je constate quelques variantes entre ce que dit Google Maps et ce que nous chante Tom Tom. La première divergence d’opinion s’est produite sur le coup des 3h10 du matin, tandis que nous venions de passer la frontière du Creux. Jusque là je connais, j’ai de la famille dans les douanes. Mais une fois la frontière passée, les panneaux se font rares, alors si TomTom et mes fiches que je ne peux pas consulter sans lumière ne coïncident plus, on est mal. On se réfère alors à la sacrosainte carte routière, jusqu’à ce qu’on se rende compte: 1) que l’échelle de ladite carte n’est pas du tout adaptée à notre recherche; 2) que la date d’édition marquée en tout petit à l’arrière est... 1991. TomTom disait "Suivre Besançon". Mappy disait "Noooooon pas besoin d’aller jusqu’à Besançon, y a plein de routes plus courtes pour te faire gagner 20 km". La carte routière était inutile. J’ai écouté Mappy. J’ai eu tort. Visiblement, il y avait une Nationale entre Pontarlier et Dole. Mais il y avait aussi des départementales. Plein. Dont la D472.


Et quand il n’y a pas de panneaux pour trouver la Nationale, dans la nuit et la brume franche-comtoise, tu prends la D472. Pour vous donner une idée du truc, Martigny-Charrat par les vergers, c’est l’autostrada. M’est d’avis que les seuls à passer par là, c’est ceux qui font les castings de L’Amour est dans le pré. Autant dire que quand tu as encore 800km devant toi avant d’apercevoir une étendue d’eau salée, ça tend un peu les nerfs du chauffeur. 1h30 et une petite centaine de kilomètres à travers champs plus tard, nous avions la chance de retrouver l’autoroute et la certitude que la prochaine fois, nous écouterions TomTom.

Cependant, nous avons la mémoire courte. Nous avons donc suivi TomTom pour les visites vendéennes, et découvert une ou deux routes du marais poitevin du même acabit que la D472 quand même. Et nous avons décidé de préparer notre retour mieux que l’aller. Moi, dans le doute, je disais "faut suivre Besançon", selon le principe du chat échaudé. Le Tour de France nous interdisait le tronçon maudit. L’homme était inspiré. La carte routière de 1991 montrait un joli petit trait droit en rouge, une route nationale, pour éviter Besançon et atterrir tout droit sur Nyon. Le fait que ni GoogleMaps, ni TomTom, ni aucun panneau n’ait l’idée de conseiller cet itinéraire aurait dû faire tilt. Mais elle paraissait très bien, cette N5

De fait, elle est bucolique, je vous la conseille. Sauf peut-être quand vous avez déjà une traversée de l’Hexagone dans les pattes. Et dans le doute, équipez-vous d’un sachet en papier, Champagnole-St-Cergue via Les Rousses et La Cure, ça tourne la moindre. Mais c’est joli, y a moins de brume qu’à Pontarlier, pis il faisait jour. Pis il faisait aussi 30 degrés, ce qui n’est pas un problème, sauf QUAND T’AS LA CLIM QUI A RENDU SON DERNIER SOUFFLE SUR LE PREMIER TRAJET CAMPING-PLAGE.

Bref. La Vendée c’est joli, je vous conseille aussi tiens, on est loin du tourisme de masse du sud, les gens sont sympas, il fait pas trop chaud et il n’y a pas âme de moustique qui vive dans le coin. Pour le trajet, une seule chose à garder en mémoire: GENÈVE. Quant à nous, comme nous envisageons sous peu de passer dans le clan des prévoyants, nous avons déjà prospecté pour l’an prochain, et il y a de fortes chances que TomTom reste coi. Nous n’avons jamais eu besoin de lui pour trouver l’aéroport.