Ce blog c'est...

Un peu de tout, de moi, de nous... A lire, à sourire, à commenter et à partager!

mardi 6 août 2013

Paléo time

On a tous une groupie qui sommeille en nous; c'est une réalité qui m'est apparue un jour où je ne sais quelle radio a eu l'idée de passer du Roch Voisine pendant que je faisais mes courses. Helen things you do make me crazy 'bout you... et te revoilà à 13 ans, les yeux embués, en te demandant pourquoi, toi, sur la plage, tu ne croises que de stupides boutonneux inintéressants qui font des cacahuètes dans l'eau au lieu de croiser Roch, ses muscles de hockeyeur, son accent à faire fondre la glace sur le St-Laurent en plein mois de janvier...

Bref, le jour où mon compréhensif conjoint a eu la brillante idée de me proposer d'aller au Paléo Festival le soir où chantait Patrick Bruel, mon hésitation a été plutôt brève. Bien que l'homme ait échangé ses bouclettes brunes contre une coupe de cinquantenaire un peu plus rangé et troqué son look d'étudiant en philo ascendant musicien contre un gilet moins rebelle, je ne pouvais pas refuser de revivre un peu ce 7 octobre 1994 où Malley avait vibré de toute son armature sous les Patriiiiiiiiiiiiiiiick enamourés de milliers de jeunes filles en fleur.

Ce dimanche-là, à Paléo, les groupies étaient de sortie, de 7 à 77 ans, ou presque. Sur la Grande Scène, Patrick était précédé par le jeune Bastian Baker, propulsé en quelques mois étoile montante de la pop helvétique et nouvelle idole des 12-18 ans; puis par Raphaël, sa Caravane, son regard de cocker et ses berceuses  ballades baladeuses. Le premier se mouilla (au propre et au figuré) pour faire oublier grêlons et pluie (aaaaah le charme des festivals d'été oscillant entre canicule et orages) et livra, en dépit de quelques fausses notes dues à un mauvais retour (oui, je trouve des excuses, faut soutenir les artistes du cru, ça n'a rien à voir avec le physique de hockeyeur dont je vantais les mérites plus haut) un show sympathique et entraînant (je gage que si vous interrogez une donzelle du premier rang, elle vous parlera du plus incroyable concert de toute sa vie dans une déclaration fleurie dont ni vous ni moi ne comprendrons le quart des superlatifs). Une brochette de wapiti et une bonne rincée plus tard, nous tentions - vainement - de nous faire sécher en compagnie cette fois du poète parisien. J'aime bien Raphaël, on a des CD d'ailleurs, qu'on écoute volontiers. Mais était-ce la pluie, la fatigue (2h de VTT comme mise en jambes pré-Paléo, c'était peut-être un peu présomptueux) ou le simple fait que tous les artistes n'ont pas la même aura sur scène, en tous cas ce soir là, Raphaël n'a pas déchaîné les passions. On pourrait même dire qu'il a légèrement flingué l'ambiance.

Restait Patrick. La pluie tombait à verse, mais quand faut y aller, faut y aller. C'est avec un courage indéniable que nous nous sommes donc avancés dans la foule en pataugeant joyeusement dans la gadoue. Combien seront là  4...3....2....1....0... Ben on était même franchement plus nombreux. La groupie ne s'arrête pas au premier torrent de boue.
 

Autour de nous, une multitude de pèlerines, k-way et autres survêtements aussi peu esthétiques que les nôtres pour reprendre en chœur le refrain de la Place des Grands Hommes. Une multitude de bras levés et d'I-pommes tentant de saisir une image ou un son, au péril de leur vie électronique. Les briquets de 1994 se sont éteints, mais les voix sont là, et Patrick, comme à l'époque, est libre à tout moment de laisser son public se casser la voix. D'aucuns riaient en coin dans les années nonante, quand les murs de nos chambres d'adolescentes affichaient des posters grandeur nature. Bruel, chanteur à midinettes, forcément éphémère... Tu parles! 20 ans plus tard, Bruel est encore là, et bien là; il met le feu à la scène, il crève l'écran, et c'est un public hétéroclite qui le suit des yeux et des cordes vocales. Dans ce public, il y a certes les midinettes d'antan; mais il y a aussi leurs maris, leurs amis, leurs enfants, qui sautent, chantent et crient aussi, sur des chansons devenues cultes. On aime ou on aime pas, mais on connaît par cœur. Bruel est là, et sa présence captive l'auditoire. D'un simple mouvement de poignet, il fait applaudir en rythme des milliers de personnes trempées jusqu'aux os. De quelques mots plus graves, il obtient le silence. Bruel en impose. Il chante, il se raconte, il raconte des histoires aussi, nous emmenant où bon lui semble, de Berlin à Londres, d'un pays en guerre à une cour d'école. Peu importe la pluie, c'est toute la plaine de l'Asse qui est prête à danser la valse pour cet homme-là. Et qui en redemande. Alors merci Patrick. Et si on s'donnait rendez-vous dans 10 ans?

mardi 30 juillet 2013

C'est les vacances! ou pas...

35° à l'ombre, point d'horaire à tenir pour le gang des blondinets, juste la livraison chez les grands-parents à l'heure qui leur siéra, plongeons répétés dans l'eau tempérée, casquette, lunettes, crème solaire: aucun doute, les vacances sont là.

Si le monde du travail nous offre généralement 4 ou 5 semaines de vacances par année (ce qui semble déjà dérisoire, on est d'accord), le monde de la parentalité est encore plus pingre. Officiellement, zéro. Pas une semaine, pas un jour. Officieusement, on peut heureusement compter sur la bonne volonté de grands-parents dévoués et fiers de contribuer à l'éducation de leurs descendants pour nous soulager quelques heures ou quelques jours. Plus souvent, hélas, parce que le monde du travail sonne le clairon et non pour profiter d'un farniente qui serait pourtant bien mérité. Et puis arrive le moment béni où les blondinets atteignent l'âge d'aller à l'école. Heures de calme bienvenues au domicile. L'autre matin j'ai accueilli la lettre de la commune concernant la rentrée comme on se réjouit d'une confirmation de réservation de vacances. "Madame, la commune est heureuse de vous informer que cette année, le système vous offrira 23h hebdomadaires où vous n'aurez qu'un blondinet à gérer." Yes. Rentrée des classes le 19 août. Sûr que ce jour là, t'es pas en retard, tant tu es pressée de goûter aux joies retrouvées de la quasi indépendance maternelle. En attendant, on est le 30 juillet. Encore trois semaines avant mes vacances.

Les vacances scolaires, c'est chouette quand même... quand tu pars. Pendant une ou deux semaines, tu te détends, tu laisses les enfants se reposer, tu profites même de faire quelques siestes, de te baigner et de dévorer des pavés dans lesquels tu n'arrives pas à trouver le temps de te plonger le reste de l'année. Il fait beau, il faut chaud, tout le monde il est de bonne humeur; tu n'as plus ni horaire ni impératif, tu déconnectes et tu trouves même du plaisir aux 220 parties de Uno avec les enfants, à la construction récurrente de châteaux de sable ou aux parties de raquettes de plage où tu te fais battre à plate couture. Bonne disposition induite par les précieuses minutes où tu arrives à te prélasser, les doigts de pieds en éventail, au pied du toboggan aquatique que les enfants sont désormais assez grands pour emprunter seuls. Et puis sonne l'heure du retour. Les 12 lessives que tu dois envoyer pour rattraper les 2 semaines d'absence (dont 4 de linges cartonnés par le sel marin et le sable) te font rapidement redescendre sur terre. Commencent alors les vacances scolaires at home. Et là, c'est moins chouette. Enfin ça dépend des jours.

Je conçois que ma perception de l'été de maman puisse offusquer les braves qui travaillent 42h par semaine tout l'été dans un bureau sans clim, mais je tiens néanmoins à rétablir un peu la vérité sur le quotidien estival de la mère au foyer. Vous croyez qu'on peut dormir le matin? Faux. Il fait beau, il fait chaud, tout le monde il a de l'énergie. Les enfants se lèvent à peine plus tard que durant le reste de l'année. Et nous, on se lève pas tant plus tard non plus, parce qu'il faut avoir pris sa douche avant qu'ils n'émergent sous peine de devoir en ressortir 15 fois en 10 minutes parce que mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, y a plus de céréales, mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, j'ai besoin de pipi [sic], mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, il m'a tapé/il m'embête/il a dit un vilain mot. Une fois le déjeuner avalé, deux options: tu fais remuer la troupe pour une activité type piscine/pique-nique, où tu retrouves quelques avantages des vacances à la mer mixés aux avantages des cafés-copines, ce qui n'est pas négligeable si tu tiens à conserver un minimum de vocabulaire en dépit des deux mois de conversations intensives de niveau 2P (avant Harmos) ou inférieur. 2e option: il fait moche, tu dois faire ta lessive, ton ménage, ton repassage, et tu ne mets pas tout de suite la machine en route. Commence alors une loooooooooooongue journée. Vision habituelle d'un matin sans activités, scénario qui se répète à intervalles irréguliers de 1h à 1h30: 3 chérubins plantés devant une bonne dizaine de caisses Ikea, stockées en face d'une bibliothèque où jeux de toutes sortes tiennent compagnie à une belle collection de livres et de puzzles, et là, la phrase assassine du jour-de-vacances-où-il-fait-moche-et-où-maman-doit-vraiment-s'occuper-des-tâches-domestiques, sur le ton geignard de l'enfant vraiment à plaindre: "Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, j'sais pas à quoi joueeeeeeeeeeeeeeeeeer". Ne jamais garder de corde solide avec un nœud coulant à portée de main, la tentation du suicide par pendaison risquerait d'avoir votre peau.

Je caricature, vous vous en doutez. Finalement c'est marrant de faire la geignarde vraiment à plaindre, je commence à comprendre mes enfants ;) En vérité, sachez-le, mes enfants sont plutôt chouettes [surtout quand je les ai pas vu depuis qq heures] et je me la coule douce: là je m'octroie une pause d'écriture libre au milieu d'une pseudo-journée de travail (que je passe en fait confortablement installée sur ma terrasse, ce qui rend plus plaisantes même les traductions les plus inintéressantes), la météo s'annonce radieuse pour toute la semaine, nous aurons donc piscine/pique-nique, grillade sur nos Monts quand le soleil, boulot-terrasse, VTT, bronzing, apéros, gouilles/pique-nique, lac/pique-nique... 

Bref, c'est les vacances et ça fait du bien quand même! Bel été à tous!

mercredi 22 mai 2013

Vis ma vie.... de mère indigne

L'autre jour mon tendre époux m'a confié qu'il était allé lire mes derniers posts. Surprise je fus, moi qui n'ai rien été en mesure de pondre depuis des lustres (et demi). La fidélité de mon vénérable lecteur conjugal envers ce blog n'a donc d'égal que ma propre fidélité d'auteur. Shame on us. Mais bon, l'avantage, c'est que ça m'a mis un ptit coup de pied au postérieur et a restimulé ma créativité endormie et ma motivation à prendre le temps que je n'ai pas réellement pour écrire des bêtises (je vous jure, j'ai pas le temps, je dois traduire une formation en ligne en météorologie, alors soit je bosse et quelqu'un sera en mesure de comprendre pourquoi on se coltine le printemps le plus pourrave qu'on ait jamais vu de mémoire de blagueuse, soit je vous abandonne dans votre désespérante incompréhension des phénomènes qui se déroulent dans la troposphère pour écrire un truc vaguement marrant.) Bon, OK; comme connaître les détails techniques des anticyclones qui ne sont pas là ne nous rendra pas le soleil, essayons au moins de vous rendre le sourire.

Je pourrais vous conter les pathétiques mésaventures de notre cucurbitacé de chat, ou quand laisser faire la nature ne donne pas de très bons résultats, mais mon expérience très récente de la reproduction féline (c.-à-d., par ordre chronologique, césarienne de minette qui fait une fausse couche, arrachage de points de suture par la même minette, agrafage d'abdomen subséquent et, mesure ultime, habillage de toujours la même minette avec un body qui ferait pâlir d'envie Véronique et Davina afin de lui barrer l'accès à la zone) me laissant un goût plutôt amer, je préfère revenir sur des expériences positives de trentenaire  réjouie.

Ce printemps 2013 aura été marqué par de sympathiques week-ends entre filles [motifs recevables: hasard du calendrier, absence de grossesses dans certains cercles (après la période "mariages", y a la période "grossesses"; force est de constater qu'un jour où l'autre, on en sort pour être dans la période moins contraignante "café avec les copines - souper avec les copines - week-end avec les copines"), exil temporaire de l'une qu'il-faut-bien-qu'on-aille-divertir-dans-sa-grisaille-londonnienne, besoin de soleil de l'autre, envie de shopping de toutes...]. Je sais, ça fait mère indigne d'abandonner tous ses blondinets pour aller goûter la sangria et les tapas madrilènes. Ca le fait encore davantage de remettre le couvert un petit mois plus tard pour aller faire un tour de London Eye, braver la pluie de Soho et ne quitter Regent Street que pour s'engouffrer dans le M&M's shop de 4 étages... Tant pis. En ce printemps pourri, j'assume. Soleil dans les coeurs.

J'entame ici un chapitre inspiré de faits réels et de personnes susceptibles de m'attaquer en justice pour propos diffamatoires. Faut partir en bonne compagnie. Toujours. On choisit ses amies, encore heureux. Or, quand émerge l'idée du week-end entre filles, tu commences à rire à peu près au moment où tu commences à parler de la destination. Les filles c'est compliqué des fois. Ca veut du soleil, ça veut des magasins, ça veut des terrasses où se reposer et humer un bon air de vacances. Madrid, destination idéale. Vendu. Telle sera la première étape du European shopping & clubbing tour 2013. Donc par un pluvieux matin d'avril, nous partîmes à Genève, prendre un avion low-cost. Le propre des avions low-cost, c'est que ça part souvent très tôt le matin. Commencer le week-end à 4h du mat, ça met tout de suite dans le bain. Partir sans enfants à préparer, en ayant une seule valise exempte de couches et de lingettes, c'est déjà les vacances. E Viva España.

Pour des novices du week-end entre filles, on s'en est pas trop mal tirées. On a pas loupé d'avion. On est rentrées du premier coup dans le bon hôtel (riez pas, il est déjà arrivé à la même bande de rentrer dans le mauvais restaurant mais c'était la faute à Nadia). On a perdu personne malgré les différences de rythme de marche. On a survécu à un carambolage SDF/infirme béquillé/valises à roulettes au pied d'un escalator. On a rit, beaucoup. On a bu de la mauvaise bière (parce que c'était rigolo de commander un seau de glace pilée rempli de mauvaises bières) et de la bonne sangria. On a mangé des tapas non identifiés et du jamón 100% madrilène. On a fait tous les étages d'El Corte Ingles et testé toutes les terrasses de la Plaza Mayor (à ce moment-là, on croyait que le printemps était enfin arrivé... bon l'est vite reparti, mais on en aura au moins profité un week-end!). On s'est laissées emporter par le rythme du flamenco et le non-rythme de vie méditerranéen (quand le type de la réception te dit bonjour quand toi tu lui dis bonne nuit, c'est qu'y a pas de rythme, et puis c'est tout). On a savouré Madrid quoi.

Deuxième halte: Londres.  Comme dit plus haut, pour rendre visite à une exilée qui le valait bien. Autre décor, autre ambiance. Et pourtant cette même impression de faille spatio-temporelle. Autant Madrid laisse le temps de vivre, autant Londres a le rythme effréné de la grande ville. Faut dire qu'entre le réveil mal réglé de l'une des conductrices, le rattrapage de retard in extremis moyennant un flash et une amende qui devrait laisser un goût salé, le petit coup de stress induit pour toute la bande et le décalage horaire dont personne ne comprend vraiment la raison (mais qui te fait téléphoner à tes blondinets pour leur dire bonne nuit alors qu'ils sont dans les bras de Morphée depuis une demi-heure...), on a eu tout le week-end un petit problème relationnel avec l'horloge. Ce qui ne nous a pas empêché de profiter de chaque minute. Même celles où on a couru devant Big Ben pour arriver à la grande roue à l'heure marquée sur nos billets.

J'étais déjà allée à Londres plusieurs fois, mais j'ai eu l'impression de découvrir une nouvelle ville. Seul le pouls est toujours le même, marqué par les bottes des gardes qui font leur petit ballet devant Buckingham et par les cloches de Benny tous les quarts d'heure. J'avais vu la Londres touristique, ses musées, ses monuments, ses parcs pleins d'écureuils... J'ai vu la Londres hétéroclite, de la haute couture de Harrods aux rayons surpeuplés de Primark, des ateliers d'Alexander McQueen aux boutiques gothiques de Camden Town, du silence presque religieux de Liberty au joyeux brouhaha de Leicester Square... On a été des touristes parmi les touristes au milieu de Chinatown, et des touristes parmi des hommes d'affaires au milieu de la City (note pour plus tard: quand c'est un médecin qui te recommande un bar pour l'apéro, pense à mettre ton tailleur et tes escarpins dans la valise à roulettes). On s'est fait exploser la panse de délices de toutes origines, on a expérimenté les quatre saisons dans une même journée, fait les ados dans une auberge de jeunesse où l'accès à l'un des deux lavabos de l'étage relevait du parcours du combattant... On a aimé chaque image de cette ville si typique, chaque cabine de téléphone, chaque taxi, chaque bus rouge (chaque pinte de cidre, chaque bière...). On a savouré Londres quoi.

De ces deux week-ends, je suis rentrée avec un déficit en heures de sommeil à la limite du tolérable (le temps de récupération ayant tendance à augmenter au fil des ans), mais avec l'impression d'avoir pris une bouffée d'oxygène d'une valeur inestimable. Quand on rentre de vacances, on a souvent ce sentiment un peu amer que c'est fini, que les vacances suivantes sont loin. L'avantage quand on rentre d'une escapade sans sa petite famille, c'est que le bonheur des retrouvailles estompe bien vite toute amertume. Bien sûr, la semaine "école-boulot-Migros-tournoi de foot-entraînement de judo", c'est moins glamour à raconter qu'une tournée des capitales européennes. Mais le bonheur est une mosaïque dans laquelle il faut toutes sortes de morceaux: un peu de bling-bling, ça et là, ça met de la gaieté et de la couleur, mais toutes les petites pièces moins voyantes qui font notre quotidien sont tout aussi essentielles à la beauté de l’œuvre.

Pour les nombreuses petites pièces quotidiennes, je profite de ce jour particulier de noces de faïence pour remercier le dévoué papa et les 3 blondinets qui ont toléré/géré/savouré mes absences.
Pour le bling-bling merci à toutes les voyageuses de l'extrême, adeptes du valet parking, phobiques de l'avion repenties, shopping addicts et/ou night-clubbeuses inrentrables qui ont mis du soleil dans ce printemps 2013 :-)

vendredi 8 mars 2013

Eloge du pétage de plombs

On dira ce qu'on voudra, être calme, modéré et neutre - suisse, quoi - c'est pas toujours facile. J'admire les gens qui restent d'un calme olympien face aux bêtises/réponses inadéquates/disputes infondées de leur progéniture. Après quelques semaines courant janvier à jongler entre les enfants (et leurs parents) patraques, pas tant bien (nez-qui-coule-gorge-qui-pique-toux-infâme) voire carrément bons à jeter ou du moins à planquer sous la couette pour 2-3-4 jours, je dois bien admettre que je ne fais pas partie de ces gens-là.
Le pire face à un enfant malade, c'est qu'il n'y peut rien. Donc on ne peut pas l'enguirlander pour ça. Par contre, selon l'humeur du moment, l'état de fatigue avancé, la migraine de 9h30 ou le coup de barre de 15h, on peut l'enguirlander pour les manifestations plus ou moins évidentes du mal. La vérité, c'est qu'au fond, on ignore toujours quels trucs énervants sont des conséquences malheureuses de l'état grippal dans lequel le blondinet se trouve et quels trucs énervants sont juste des caprices d'un blondinet cherchant à tirer parti de la situation (parce que dans la grande loterie de la procréation, moi j'ai tiré des numéros non seulement spécialement beaux et intelligents, mais en plus ils dorment la nuit, ne se plaignent pas quand ils sont malades, sont d'ailleurs moins souvent malades que les autres et moins malades, quand ils le sont... autrement dit, même malades, ils sont aptes à faire des caprices - ben ouais, fallait bien qu'ils aient un ptit défaut quand même).

Bref. Lors de ces semaines où le thermomètre a été plus utilisé que le caquelon à fondue [vous aussi vous vous demandez d'où me vient cette comparaison?] Blondinet Ier a développé sa capacité de bougonnement à vitesse grand V, Blondinet II a perfectionné son talent d'acteur dramatique (où quand tu te "cognes" le coude au COUSSIN du canapé, tu as probablement une fracture ouverte radius/cubitus/petit Juif), tandis que Blondinet III jugeait le moment opportun pour mettre en pratique la théorie du "terrible two" - crise d'opposition, par rapport à ses frères notamment, capacité incroyable à trouver tous les tubes de crèmes/dentifrice/moutarde qui traînent dans la maison (chambres, frigo, tout y passe)  pour te prouver qu'il SAIT:
  1. dévisser le bouchon; 
  2. ouvrir le tube;
  3. se répandre la crème/le dentifrice/la moutarde sur le visage/le pantalon que tu viens de sortir de l'armoire/le mur de la salle-de-bains. 
 Ma patience a donc été mise à rude épreuve, puisqu'il fallait jongler entre les malades à gérer d'une part et les tâches quotidiennes de la maman au foyer à temps partiel: course hebdomadaire pour remplir le frigo, fonction TaxiMum du mercredi après-midi et responsabilités logistiques -> faire en sorte que les blondinets aptes au service soient à l'heure au bus scolaire. J'ai donc grondé, crié, hurlé, un peu plus que d'habitude peut-être. Je m'en suis rendue compte, je me suis excusée, même, quand la réaction était disproportionnée. Et ce fut le cas, croyez-moi.
Depuis, la situation s'est calmée. Mais certains messages échangés et discussions autour d'un café m'ont permis de constater que la plupart d'entre nous, fières génitrices trentenaires, sommes sujettes, un jour ou l'autre, au pétage de plombs. A ce moment où l'envie irrépressible te prend de gueuler plus fort que ton enfant qui crise. Tu sais pas vraiment pourquoi. Pour montrer qui est le chef, peut-être. Pour que ça s'arrête, certainement. Tu sais au fond qu'il y aurait d'autres moyens, plus Super-nanny-compatibles. Mais ça vient instinctivement, des tripes. Ou du cerveau reptilien (note pour plus tard: arrêter de regarder 3 épisodes de Dexter tous les soirs, ça devrait laisser ledit cerveau un peu au repos et en plus ça évitera de devoir expliquer à des enfants quel plaisir on peut trouver à regarder une série dont le héros est un sympathique tueur en série et où y a du sang qui gicle partout, raison pour laquelle ils ne peuvent pas la regarder le dimanche matin en lieu et place de Ludo). Une fois le pétage de plomb passé, tu te sens un peu coupable, un peu honteuse, mais globalement libérée. Tu espères juste que les voisins n'aient pas appelé les flics (et vous qui croyiez que j'habite une maison à la lisière de la forêt juste par amour des cervidés et des écureuils, mes plus proches voisins!). Rassure-toi, ils n'appellent pas. Parce que parmi tes voisins, il y a d'autres familles, d'autres blondinets récalcitrants et d'autres mamans qui ont, un jour ou l'autre, pété les plombs, ou dont le tour viendra, forcément.

Au fond, ces moments où l'on ne se contrôle pas, c'est ce qui nous rend humaines. C'est aussi ce qui fait de nous des mamans. Car la rogne qu'on laisse entrevoir face à l'enfant qui n'obéit pas est vite supplantée par la fierté exprimée devant chacune de ses réussites... le geste trop brusque consécutif à une perte de patience maternelle devient dérisoire face à la multitude de câlins et de moments de complicité échangés... et la colère qu'on peut ressentir à l'égard d'un enfant qui refuse de venir mettre ses chaussures alors qu'il reste 1min20 avant l'heure du bus n'a d'égal que la tendresse que l'on éprouve devant le même enfant qui réclame de faire un bec sur la zoue de ses frères avant d'aller au lit.

mardi 19 février 2013

Relâches

Vendredi, fin de journée. Sous peu va débuter le cortège incessant des voitures des vacanciers venant envahir nos sublimes contrées pour profiter de l'or blanc fraîchement retombé en quantité. Ce soir débutent les vacances des cantons voisins, tandis que les petits écoliers locaux retourneront user leurs jeans sur les bancs dès lundi. La perspective de la fin des vacances n'est jamais bien réjouissante, même si comme je dis souvent, c'est quand s'achèvent les vacances scolaires que commencent les vacances des mamans. Le grognement dû à l'heure précoce du réveil sera atténué par les moments de relatif silence dus à l'absence des aînés. Toute reprise scolaire entraîne indéniablement un changement sonore dans la maisonnée. Mes tympans s'en réjouissent.

Tels étaient mes états d'âmes pré-reprise. Il faut dire que les vacances d'hiver, si joliment appelées "relâches" dans certaines régions, plus pratiquement désignées par "vacances de Carnaval" sous le soleil, les flocons et les confettis valaisans, compilent en 7 petits jours bon nombre de joies et de peines hivernales.
Je passerai les plaisants détails des dernières chutes de neige (ou comment traduire le langage philippejeanneretien en dialecte du travailleur mécontent : "faibles chutes de neige", ça donne "nontitcheudismoipasquecestpasvrai 15 cm de poudreuse au lever du soleil - fait ch*** - la voiture est encore coincée" ) pour me concentrer sur ce terme de "relâches". Parce que je le cherche toujours, moi, le relâchement. A priori, il n'est ni nerveux ni musculaire.

Nerveusement, il faut se la farcir, la semaine de Carnaval. Bien sûr, tu pourrais goûter à un repos mérité, aller coucher tôt, faire la grasse matinée histoire de récupérer ta bonne humeur légendaire et une patience inébranlable face aux caprices de ta progéniture... Sauf que c'est Carnaval. Donc tu as pluôt guggen, déguisements et confettis au programme. Bière coulant à flots et kebab à la sortie. Manque de sommeil et petits lutins sous l'os frontal (avec ricochets sur les pariétaux, si vraiment tu as fêté en règle*). Autrement dit, dès le 1er jour des vacances, tu te dis que ça va être dur. Parce qu'au lieu de pouvoir sauter sous la couette dès le départ du bus scolaire, histoire de digérer les excès du week-end, tu auras des bambins à occuper. Bambins excités par leurs costumes/les pétards/les confettis/la neige qui tombe. Niveau sonore atteint le lundi matin: 12 sur 10, sur l'échelle de la gueule de bois.
Le mardi, tu emmènes une dernière fois les bambins à un dernier cortège dans un dernier patelin où des chars ont la bonne heure de défiler. Histoire de finir le stock de pétards et de confettis et d'avoir une vraie bonne raison de laver les costumes. Ca sort la marmaille et ça fait une heure ou deux où ils ne réclameront pas la télé/la Wii/une 121e partie de Monopoly Junior. Comme tu te gèles les miches parce qu'il fait toujours moche et froid à Carnaval, tu bois un petit vin chaud pour tenir le coup. Ou deux. Ou trois. Sur le coup des 18h tu abandonnes tes enfants à la première grand-maman disponible pour aller boire du vin moins chaud sous la cantine**. Ou de la Suze. Question de soin des petits nains. Soigner le mal par le mal, qu'il disait.
Le mercredi, tu te sens grosso modo comme le lundi matin quoi. Relâchement nerveux nul. Tolérance aux exclamations successives des blondinets limitée. Mais comme le soleil a pointé le bout de son nez et que le petit ange perché sur ton épaule droite te dit que tes enfants ont bien mérité une sortie neige, tu te motives à reprendre une vie de parent modèle d'enfants scolarisés en vacances. C'est toujours les "relâches". Mouais. Non-relâchement musculaire, je dirais, moi.

Les sports d'hiver, quand tu es enfant, adolescent ou jeune adulte qui squatte chez tes parents, c'est un truc où tu pars le matin, le coeur léger, tu t'assieds dans la voiture chargée au préalable par ton bienfaiteur paternel (auquel tu ne montres d'ailleurs aucune gratitude, après tout, c'est son job de tout charger) et basta. Tu veilles à ne pas oublier tes lunettes de soleil et tes gants et vogue la galère. Les sports d'hiver quand tu es chef de gang, ça s'apparente davantage à l'organisation logistique d'un camp de vacances pour 20 personnes. Inventaires multiples, comptages et recomptages de gants, de casques, de chaussons, de bâtons, de cartes magnétiques; le chargement du matériel de moins d'1m50 au fond du coffre, les bobs par dessus, les chaussures pas trop au fond, les vestes en dernière couche. Escalade maladroite de l'intérieur de la portière arrière, une paire de skis à la main, pour essayer de la mettre sur le toit sans se briser les reins et sans rayer la carrosserie. Bref, quand tout est chargé, blondinets y compris, en tenue adéquate-mais-pas-trop-chaude-pour-pas-suer-dans-la-voiture, tu as déjà fait ton heure de sport quotidienne. Et tes rejetons ne te montrent pas plus de gratitude que tu n'en montrais à l'époque. Au contraire, ai-je envie de dire. Ca râle sur la destination, sur le télésiège non-débrayable, la 3e bosse du haut de la piste rouge... Ca a faim, ça a soif, ça a besoin de faire pipi. Tant pis, y a un moment où il faut ignorer et tourner la clé de contact.
Quand tu arrives sur la destination merveilleusement ensoleillée que tu as retenue pour ses pistes adaptées à l'âge de tes marmots, il s'agit de chausser les bouebs. Plus c'est grand, plus c'est facile. Mais sur un enfant de 2 ans et des brouettes qui chausse du 24, mettre des chaussures de ski, ça équivaut plus ou moins à... non, à rien. Rien de comparable à ce peton pourtant si adorable en temps normal qui là, se cabre, se braque, se recroqueville au moment où tu lui demandes de se tendre pour passer le cap infranchissable du talon de la chaussure. Arriver à mettre une chaussure de ski taille 24 à un pied âgé de 2 ans, c'est à chaque fois remporter un grand Chelem de la cordonnerie.
Une fois tout ton petit monde équipé, tu trouves enfin le temps de souffler de mettre tes propres pompes. Tu as l'impression d'avoir fait le plus dur; la piste est là, toute proche... Mais pour y arriver, il s'agit de charger sur tes épaules, sous tes bras, sur ton dos ou sur toute autre partie de ton corps capable de porter charge 3 paires de skis (Blondinet I ayant enfin atteint le stade où il porte son matos), la paire de bâtons de Blondinet II, le harnais, la sangle du harnais qui fait 8m et a une fâcheuse tendance à se déplier, le sac renfermant le goûter. Qu'importe, tu y vas, bon an mal an. et te décharges au pied du tire-fesses. L'heure n'est toujours pas à la facilité, au moment d'aller chercher des forfaits pour toute la tribu, avec Blondinet III qui vient de percuter que c'était l'heure de sa sieste et le signale avec forces chouineries, tandis que les aînés, impatients, se sont remis en mode j'ai soif/j'ai faim/j'ai besoin de faire pipi. Mais avec quelques efforts, beaucoup de patience et quelques gueulées, on y arrive, au tire-fesses. Les enfants perfectionnent alors l'art de la montée et le virage dérapant de la descente tandis que tu arnaches le petit dernier en espérant qu'il daigne tendre un minimum les jambes. Ce qu'il ne fait pas. C'est l'heure de la sieste, après tout. Après 3 montées à le tenir plus ou moins en suspension par son harnais, tu commences à sentir une tension gênante derrière les bras, dans le dos, et dans plus ou moins tous les muscles de tes jambes dont tu ignorais plus ou moins l'existence jusque là. A la fin de l'après-midi, tu ne sens plus rien, tu n'es plus que douleur.
Quand tu es enfant, adolescent, ou jeune adulte qui squatte chez tes parents, tu rentres d'une journée de ski fatigué par le grand air, mais heureux. Tu mets sécher tes gants, tu ranges tes lunettes de soleil, tu prends une bonne douche et tu te mets à table pour déguster le bon souper que ta bienfaitrice maternelle a concocté. Quand tu es chef de gang, tu fais rentrer les enfants, tu les mets en collants/sous-pulls le temps de décharger la voiture. Tu luttes pour aligner les gants sur le radiateur. Tu fais 12 allers-retours entre la voiture et la maison pour tout ranger. Tu mets un truc à cuire. Tu mets les enfants au bain, par 1, 2 ou 3. Tu les fais manger. Tu les mets au lit. Et tu t'écroules sur le canapé dans les bras de l'homme qui ne disposait pas de "relâches" en jurant que plus jamais tu n'iras skier seule avec tes 3 enfants. Et tu attends sagement le week-end pour que ton bienfaiteur conjugal sois là, tel un superhéros des sports d'hiver, pour t'aider à charger/décharger/porter/prendre le relais/amener blondinet aux WC/faire la queue à la caisse.

Les "relâches" sont terminées, donc. Au total, on a fait 4 sorties neige, à 4, 5, ou plus. J'ai mal partout. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon en portant des sacs de sable comme dans Koh-Lanta, de m'être aplaventrée à l'arrivée et de m'être fait rouler dessus par une dameuse. Et malgré tout, avec le soleil qui a brillé toute la journée par ma lucarne, aujourd'hui, jour d'école pour mes loupiots, jour de grand-maman pour le petit dernier, jour de boulot scotchée à mon ordinateur pour moi, aujourd'hui, j'aurais donné cher pour profiter encore d'une journée sur les pistes avec mes blondinets (bon, avec le superhéros hein, suis pas maso quand même!). Bonnes vacances aux veinards!



*Note pour ceux qui ne suivent pas notre actualité de près: nous fûmes cette année privés de festivités carnavalesques pour des raisons indépendantes de notre volonté; je m'approprie donc le manque de sommeil et les petits nains de certaines de mes connaissances à des fins documentaires. Mes plates excuses et toute ma compassion. En même temps, j'ai jamais promis qu'il serait véridique ou autobiographique, ce blog.
**Toujours pas autobiographique, je précise.

jeudi 17 janvier 2013

Top 3 hivernal

Oui, les circonstances aidant, je peux être prolifique et faire des heures supp sur mon blog. Parce que l'hiver amène flocons et glissades, mais pas que. En consultant mes messages ces derniers jours, j'ai eu envie de faire un petit hit parade des sujets de la trentaine, version début d'année, et donc hiver, bonnes résolutions, etc.

Sur la troisième marche du podium, les messages "sports", parce que le foie gras et les bricelets, y a bien un moment où va falloir songer à les éliminer. Donc cours de spinning et sorties à ski, en raquettes ou en bob se tirent la bourre sur mon whatsapp. Dit comme ça, ça paraît moins alléchant que les propositions de pique-nique à la piscine qui pullulent en juillet-août. Mais faut pas s'y fier, le grand air froid, ça fait du bien, et puis ces efforts-là auront pour avantage de profiter sans scrupules du bronzage sur gazon lorsque la bise se sera tue.

Sur la deuxième marche, les messages "si on se faisait une sortie", parce qu'on a pris la bonne résolution de voir plus souvent les amis qu'on voit trop peu, parce que Carnaval approche, parce que l'envie d'un bon pavé sur ardoise ne connaît pas d'hibernation, ou parce qu'il faut pas trop se laisser aller non plus, ça fait quand même 15 jours qu'on se tient (presque) à carreau. Il s'agit alors de trouver la bonne mesure entre sorties couples et sorties copines, de procéder à une synchronisation des calendriers assurant un décompte de points FIS suffisant pour le week-end à Madrid [a parté destiné à une minorité de lecteurs qui se reconnaîtront: vous voyez, messieurs, vos femmes ont décidé d'aller à Madrid comme vous uniquement pour que je puisse, dans cet article, écrire cette phrase sans risquer de passer pour une épouse frustrée à tendance castratrice], et de remplir des "doodles" à la chaîne. Puis de transférer les résultats des doodles sur l'agenda familial multicolonnes Betty Bossi. Oui, parce qu'en plus des sorties entre amis, mon whatsapp renferme un certains nombre d'invitations diverses pour mes blondinets. T'es chef de gang ou t'es pas.

Enfin, la médaille d'or des sujets les plus en vue dans les messages du mois: les enfants malades. Eh ouais, ça fait moins rêver qu'un souper gastro(nomique) mais ça fait causer. De la grippe A à la gastro(entérite), de la varicelle à la bronchiolite, en ce mois de janvier, rien ne nous est épargné. Pour ma part j'effectue une étude du temps d'incubation en terrain supraviticole d'un virus alliant savamment vomissements et fièvre. Les joies de l'hiver, paraît-il. Je dois avouer qu'hier soir, lorsque mon bras droit a freiné le jet de Blondinet II sur sa trajectoire lit à étage -> parquet, ma joie était plutôt relative. Enfin, ça a alimenté mes discussions whatsapp. Mais faudrait pas trop souvent. Envoyez-moi plutôt des doodles à remplir!

mercredi 16 janvier 2013

White Christmas

Soyons sincères, nous avons tous rêvé d'un Noël blanc lorsque décembre a revêtu nos monts d'un épais manteau en simili ouate (en plus froid). Il est vrai que les flocons contribuent efficacement à réveiller l'esprit de Noël, à commuter en mode "fin d'année, vin chaud et foie gras" et à se réjouir de dévaler les pentes sur nos lattes fraîchement fartées. Soyons sincères aussi, si les flocons pouvaient tomber partout sauf sur le bitume de la route que l'on emprunte pour se rendre au boulot, ça nous arrangerait bien. Mais il n'en est rien, et les journées neigeuses donnent lieu à assez de scènes de glissades pour remplir deux ou trois émissions de vidéo gag. Même chez les montagnards qui souvent se gaussent de leurs voisins citadins dont l'équipement automobile se limite à des pneus d'été lisses auxquels ils tentent vainement de mettre des chaînes qui soi-disant se montent toutes seules lorsqu'ils patinent en montant au chalet [résidence secondaire désormais  hors-la-loi parce que sise dans un canton bien trop beau].
Même si les flocons ont plutôt tendance à mettre du baume au cœur et à réveiller notre âme d'enfant, je dois bien avouer qu'après deux semaines de neige fraîche persistante à l'altitude pas-vraiment-haute-mais-quand-même-plus-haute-que-la-plaine où est perchée notre demeure, le 15 décembre j'en avais, comme beaucoup, ras-le-bonnet.

Nous habitons dans un lieu quelque peu reculé, je l'admets. Mais comme la route qui mène jusqu'à la boîte aux lettres est communale, le chasse-neige y passe. Pour autant qu'ils trouvent un employé qui n'ait peur ni de la déclivité ni de la largeur toute relative de la route. Et on comprend bien que la route communale en question étant utilisée par cinq voitures à tout péter, elle ne soit pas en tête de la liste des lieux à déblayer lors d'importantes chutes de neige. Compréhensifs nous sommes, donc. Le temps d'attente avant ouverture de la route est proportionnel aux chutes de neige mesurées. En général, quand il tombe 2 centimètres qui vont fondre au soleil de midi suivant (comme aujourd'hui, d'ailleurs), le chasse-neige montre le bout de sa lame avant 7h. Quand il tombe 20 à 30 cm par jour sur 3 jours comme en décembre dernier, c'est plus long.

Neige 2012/2013: jour 1: erreur fatale: l'erreur d'anticipation. La neige est arrivée en plus grande quantité que prévue, ou un peu plus tôt que prévu, je sais plus. En tout cas c'était un dimanche et Lady Honda est restée embourbée au pied de sa pente. De chasse-neige, ce jour-là, nous n'en vîmes aucun. Sa cousine Suzy, grâce à une charge pondérale inférieure est sortie sans heurts. Et Suzy d'aller chercher une paire de chaînes. Parce que même en 4x4, Lady Honda sans chasse-neige et sans chaînes ne s'évade pas. Une fois les voitures sorties de leur pétrin, nous avons pu sortir les bobs et tasser gaiement l'or blanc pour assurer une piste digne de ce nom. Acceptant, en agissant de la sorte, de ne plus revoir le goudron avant quelques jours et donc de gravir à pied la route menant jusqu'au "parking d'hiver". Ce qui en soi n'est pas si terrible. 50m à 15%, ça chauffe un peu les cuisses, mais elles en ont vu d'autres. Dans 30 cm de neige, c'est même marrant. Quand tu es tout seul. Parce que quand tu charries, à choix, soit 3 blondinets dont le plus court sur pattes a de la neige jusqu'aux quadriceps, le moyen a le pantalon de ski qui n'est pas bien placé sur les bottes et a donc les mollets chatouillés par la poudreuse, et le grand ronchonne par principe, soit 4 sacs Migros remplis comme une bosse de dromadaire avant de partir pour une traversée du désert, c'est tout de suite un peu moins drôle. Mais c'est la première neige, tu positives, tu souris à la vie. Tu y vas de ta petite photo sur Facebook, tout ému par les 30 puis 50 puis 70 cm de neige fraîche. Tu arrives même à prévoir les 10 minutes d'avance nécessaires à l'empaquetage généralisé des blondinets, des bottes au bonnet, et à arriver à l'heure aux divers rendez-vous.
Neige, jour 2: le chasse-neige est passé. Bonne nouvelle. Ou pas. Parce qu'il fait froid, et que le chasse-neige n'a pas été suivi par la saleuse. Résultat, c'est beau gelé. Et durant les heures séparant les deux prestations communales, il arrive qu'on doive quand même gravir la pente. Et la redescendre. Et là, il vaut mieux avoir la technique. Garder les mains libres. Ne pas essayer inutilement de faire des pas. Trouver la flexion optimale du genou qui permet d'assurer l'équilibre même quand tu ne gères plus le haut du corps. Si tu as les sacs Migros, tu t'en sers comme contre-poids. Vidéo de démonstration l'an prochain, si vous êtes sages.

Car depuis la neige a fondu, il a plu, il a foehné; et même si la neige, c'est très joli, on a été plutôt contents le jour où on a à nouveau pu garer nos deux précieuses devant la porte et ne plus avoir à franchir un mur de neige d'1m50 pour atteindre le chemin qui conduit à l'arrêt du bus scolaire. Elle reviendra, la neige. Cette année ou l'hiver prochain. On sera d'abord contents, puis on râlera un peu, forcément. Mais il y aura toujours ces paysages sublimes qui nous feront relativiser les petits inconvénients et nous rappelleront la chance que nous avons d'habiter un si beau pays.

Le chemin de l'école... c'est là-derrière!




mardi 8 janvier 2013

Guten Rutsch

Ca fait 2-3 jours que je cherche avec quel titre original je vais pouvoir débuter l'année, je trouve pas, alors je prouve que je suis presque en train de travailler, et donc en mode bilingue, et donc je fais comme si je savais. Non mais en fait je sais, à Berne on dit comme ça. J'ai failli mettre Lapinou, mais comme il est déjà passé par bon nombre de boîtes email, ça aurait fait réchauffé.

J'avais pondu un début de texte sur les joies de l'hiver, les multiples centimètres de neige dans lesquels le gang des blondinets s'escrimait à gravir la route mal plate qui sépare la maison du dernier point auquel Lady Honda arrive à accéder en hiver, la perte de temps généralisée provoquée par l'état des routes/les 15 couches à mettre aux enfants/ces satanées moufles qui tiennent pas aux mains d'un gosse de 2 ans même si tu passes les manches de la supercombi par-dessus/etc. Mais le foehn est arrivé et la neige a fondu avant que j'aie le temps de mettre un point final à l'article. Je vous le garde donc au chaud en attendant la prochaine vague de froid.

Entre-temps se sont déroulées quelques festivités inhérentes au calendrier et qui m'ont donné de la matière. Et pour l'inspiration, un petit coup de pouce du Frotti Frotta d'Olivier Delaloye (parce que le 6-9 de Rhône FM, c'est pas forcément très intellectuel, mais ça met du baume au cœur avant le trio gagnant douche/café/zwieback), dont la question était (ça ne s'invente pas): combien de fondues chinoises Olivier a-t-il mangé ces 15 derniers jours? La réponse, zéro, en a surpris plus d'un. Tout fout le camp. Ah, les Fêtes, la chinoise, la tradition quoi...

J'aime bien le côté traditionnel de Noël. J'imagine que chaque famille a sa petite routine dans tous les domaines. A la fin des traditionnels apéros de fin d'année, on se demande "vous faites où?", "vous faites quoi?", et on échange tous nos projets gastronomiques l'eau à la bouche et les yeux aussi pétillants que la Clairette qui attend sagement dans le frigo. Chez nous les papilles se délectent des truffes au chocolat-suivant-la-recette-filée-par-une-copine-de-tante-Babette en 1982 (source certifiée exacte, année donnée à titre indicatif), du gâteau aromatisé à la fleur d'oranger-que-grand-maman-faisait-toutes-les-années (et qu'elle n'a jamais vraiment réussi... mais la tradition, c'est la tradition, même si ça exige des heures de levage et pas mal d'huile de coude pour assurer un pétrissage en ordre... on s'en fout parce que ça sent bon dans toute la maison et ça assure le petit déj pendant au moins 5 jours), de bricelets pliés, coupés, roulés, parfois - oh surprise - autour d'une branche de chocolat. On arrive donc au 24 décembre tout guillerets, heureux de garnir le dessous de sapin de paquets multicolores, de passer des heures à table à se faire exploser la panse et jaunir le foie en famille (j'ignore si le foie jaunit, en réalité, mais vu la couleur que donne une bonne crise d'acétone, j'imagine qu'il ne doit pas virer verdâtre, veuillez donc accepter cette image colorée malgré son manque probable de véracité). Le Jour de Noël, on ignore la fatigue pour remettre le(s) couvert(s). Cette année j'ai fait dans la tradition traditionnelle en sacrifiant mon four pendant plusieurs heures au rôtissage de Cocotte (permettez cette appellation familière, ma dinde et moi ayant été intimement liées à une époque, entre l'étape du fourrage et l'écartèlement final). Le 26 tu te tapes un bon petit dîner avec ceux que tu n'avais pas réussi à voir jusque là... et le 27 tu te dis, à peu de choses près, jamais-plus-jamais, je ne mangerai plus/ne boirai plus/n'irai plus me coucher plus tard que 22h avant l'année prochaine. Sage résolution.

Sauf que l'année suivante, elle arrive bigrement vite. Le répit aura été de 4 jours. Et puis tu rempiles, le cœur léger (à défaut de l'estomac). Tu retournes dans les magasins te faire un bain de foule entre les blocs de foie gras et les pots de graisse de coco, tu penses apéro, entrée, chinoise, dessert, salade de carottes, etc. Tu peaufines ton déguisement ridicule, parce que comme tu t'étais mis sur ton 31 le 25, le 31, tu te mets sur ton 25 (ou moins...), et vogue la galère. En moins officiel peut-être. Etoiles et cloches se voient remplacer par paillettes et cotillons. La Saint-Sylvestre est un rendez-vous amical au même titre que Noël est une tradition familiale. Autant à manger, autant à boire. La messe de minuit se voit remplacer par l'inégalable partie de Picccccccccccctionary entre garçons et filles (et c'est toujours les filles qui gagnent, NDLR). Tino Rossi est évincé par la compil alternant années '80 et Gangnam Style (rassurez-vous, notre DJ a été démis de ses fonctions sur le coup des 3h45). On se réveille la bouche pâteuse, une cohorte de petits lutins dansant sous le lobe frontal, et les dents du fond qui ne se réjouissent guère de la première golée de 2013. On tente (vainement) de remettre un peu de couleur sur les tempes et de dissiper les traits violacés qui vont grosso mode de la paupière inférieure jusqu'aux pommettes. Et on rempile. Parce que c'est le 1er jour de l'année et qu'il faut bien fêter ça. Parce que tout le monde a envie de voir tout le monde. Enfin disons que c'est surtout les plus frais qui ont envie de voir les moins frais pour se foutre de leur mal de crâne / les obliger à avoir un débit digne d'un Valaisan malgré les symptômes énoncés plus hauts / partager un bon repas et se faire un bec en se souhaitant une bonne santé. Arrive le 2 janvier, tout le monde dit ouf. Sauf ceux qui reprennent le chemin de l'usine. Eux, ils se disent "Vie de Merde"  "pfffff j'aurais quand même dû prendre ces 3 petits jours".

Ces rempilages multiples m'amènent à 3 conclusions
1) Le type qui a décidé que le Jour de Noël serait le lendemain du réveillon où le ptit loup est censé naître au milieu de la nuit sous son étoile, il devait pas avoir besoin de beaucoup de sommeil.
2) Le type qui a décidé que le 1er janvier serait le lendemain de la Saint-Sylvestre, il devait boire que de la flotte (et ne pas jouer au Piccccccccctionary). Je sais pas si c'était le même, mais si oui, il était pas bien inspiré.
3) Enfin, le type qui a décidé de nous mettre Noël une semaine avant la fin de l'année, franchement, il avait un humour plutôt douteux.

Si j'étais parlementaire, je lancerais une motion pour déplacer et mieux répartir tout ça dans l'année. Je suis sûre que vos foies la soutiendraient. Mais de mon petit ordinateur de blagueuse, je ne peux que tenter de vous faire sourire au souvenir de ces bons moments et des gueules de bois et mal-être digestifs qui en résultèrent. Quoi qu'il en soit, nous voilà tous en 2013. Que cette année vous apporte donc joie, santé, petits et grands bonheurs... Et que jamais la lâche crainte d'une migraine ne nous empêche de festoyer ensemble.