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mardi 19 février 2013

Relâches

Vendredi, fin de journée. Sous peu va débuter le cortège incessant des voitures des vacanciers venant envahir nos sublimes contrées pour profiter de l'or blanc fraîchement retombé en quantité. Ce soir débutent les vacances des cantons voisins, tandis que les petits écoliers locaux retourneront user leurs jeans sur les bancs dès lundi. La perspective de la fin des vacances n'est jamais bien réjouissante, même si comme je dis souvent, c'est quand s'achèvent les vacances scolaires que commencent les vacances des mamans. Le grognement dû à l'heure précoce du réveil sera atténué par les moments de relatif silence dus à l'absence des aînés. Toute reprise scolaire entraîne indéniablement un changement sonore dans la maisonnée. Mes tympans s'en réjouissent.

Tels étaient mes états d'âmes pré-reprise. Il faut dire que les vacances d'hiver, si joliment appelées "relâches" dans certaines régions, plus pratiquement désignées par "vacances de Carnaval" sous le soleil, les flocons et les confettis valaisans, compilent en 7 petits jours bon nombre de joies et de peines hivernales.
Je passerai les plaisants détails des dernières chutes de neige (ou comment traduire le langage philippejeanneretien en dialecte du travailleur mécontent : "faibles chutes de neige", ça donne "nontitcheudismoipasquecestpasvrai 15 cm de poudreuse au lever du soleil - fait ch*** - la voiture est encore coincée" ) pour me concentrer sur ce terme de "relâches". Parce que je le cherche toujours, moi, le relâchement. A priori, il n'est ni nerveux ni musculaire.

Nerveusement, il faut se la farcir, la semaine de Carnaval. Bien sûr, tu pourrais goûter à un repos mérité, aller coucher tôt, faire la grasse matinée histoire de récupérer ta bonne humeur légendaire et une patience inébranlable face aux caprices de ta progéniture... Sauf que c'est Carnaval. Donc tu as pluôt guggen, déguisements et confettis au programme. Bière coulant à flots et kebab à la sortie. Manque de sommeil et petits lutins sous l'os frontal (avec ricochets sur les pariétaux, si vraiment tu as fêté en règle*). Autrement dit, dès le 1er jour des vacances, tu te dis que ça va être dur. Parce qu'au lieu de pouvoir sauter sous la couette dès le départ du bus scolaire, histoire de digérer les excès du week-end, tu auras des bambins à occuper. Bambins excités par leurs costumes/les pétards/les confettis/la neige qui tombe. Niveau sonore atteint le lundi matin: 12 sur 10, sur l'échelle de la gueule de bois.
Le mardi, tu emmènes une dernière fois les bambins à un dernier cortège dans un dernier patelin où des chars ont la bonne heure de défiler. Histoire de finir le stock de pétards et de confettis et d'avoir une vraie bonne raison de laver les costumes. Ca sort la marmaille et ça fait une heure ou deux où ils ne réclameront pas la télé/la Wii/une 121e partie de Monopoly Junior. Comme tu te gèles les miches parce qu'il fait toujours moche et froid à Carnaval, tu bois un petit vin chaud pour tenir le coup. Ou deux. Ou trois. Sur le coup des 18h tu abandonnes tes enfants à la première grand-maman disponible pour aller boire du vin moins chaud sous la cantine**. Ou de la Suze. Question de soin des petits nains. Soigner le mal par le mal, qu'il disait.
Le mercredi, tu te sens grosso modo comme le lundi matin quoi. Relâchement nerveux nul. Tolérance aux exclamations successives des blondinets limitée. Mais comme le soleil a pointé le bout de son nez et que le petit ange perché sur ton épaule droite te dit que tes enfants ont bien mérité une sortie neige, tu te motives à reprendre une vie de parent modèle d'enfants scolarisés en vacances. C'est toujours les "relâches". Mouais. Non-relâchement musculaire, je dirais, moi.

Les sports d'hiver, quand tu es enfant, adolescent ou jeune adulte qui squatte chez tes parents, c'est un truc où tu pars le matin, le coeur léger, tu t'assieds dans la voiture chargée au préalable par ton bienfaiteur paternel (auquel tu ne montres d'ailleurs aucune gratitude, après tout, c'est son job de tout charger) et basta. Tu veilles à ne pas oublier tes lunettes de soleil et tes gants et vogue la galère. Les sports d'hiver quand tu es chef de gang, ça s'apparente davantage à l'organisation logistique d'un camp de vacances pour 20 personnes. Inventaires multiples, comptages et recomptages de gants, de casques, de chaussons, de bâtons, de cartes magnétiques; le chargement du matériel de moins d'1m50 au fond du coffre, les bobs par dessus, les chaussures pas trop au fond, les vestes en dernière couche. Escalade maladroite de l'intérieur de la portière arrière, une paire de skis à la main, pour essayer de la mettre sur le toit sans se briser les reins et sans rayer la carrosserie. Bref, quand tout est chargé, blondinets y compris, en tenue adéquate-mais-pas-trop-chaude-pour-pas-suer-dans-la-voiture, tu as déjà fait ton heure de sport quotidienne. Et tes rejetons ne te montrent pas plus de gratitude que tu n'en montrais à l'époque. Au contraire, ai-je envie de dire. Ca râle sur la destination, sur le télésiège non-débrayable, la 3e bosse du haut de la piste rouge... Ca a faim, ça a soif, ça a besoin de faire pipi. Tant pis, y a un moment où il faut ignorer et tourner la clé de contact.
Quand tu arrives sur la destination merveilleusement ensoleillée que tu as retenue pour ses pistes adaptées à l'âge de tes marmots, il s'agit de chausser les bouebs. Plus c'est grand, plus c'est facile. Mais sur un enfant de 2 ans et des brouettes qui chausse du 24, mettre des chaussures de ski, ça équivaut plus ou moins à... non, à rien. Rien de comparable à ce peton pourtant si adorable en temps normal qui là, se cabre, se braque, se recroqueville au moment où tu lui demandes de se tendre pour passer le cap infranchissable du talon de la chaussure. Arriver à mettre une chaussure de ski taille 24 à un pied âgé de 2 ans, c'est à chaque fois remporter un grand Chelem de la cordonnerie.
Une fois tout ton petit monde équipé, tu trouves enfin le temps de souffler de mettre tes propres pompes. Tu as l'impression d'avoir fait le plus dur; la piste est là, toute proche... Mais pour y arriver, il s'agit de charger sur tes épaules, sous tes bras, sur ton dos ou sur toute autre partie de ton corps capable de porter charge 3 paires de skis (Blondinet I ayant enfin atteint le stade où il porte son matos), la paire de bâtons de Blondinet II, le harnais, la sangle du harnais qui fait 8m et a une fâcheuse tendance à se déplier, le sac renfermant le goûter. Qu'importe, tu y vas, bon an mal an. et te décharges au pied du tire-fesses. L'heure n'est toujours pas à la facilité, au moment d'aller chercher des forfaits pour toute la tribu, avec Blondinet III qui vient de percuter que c'était l'heure de sa sieste et le signale avec forces chouineries, tandis que les aînés, impatients, se sont remis en mode j'ai soif/j'ai faim/j'ai besoin de faire pipi. Mais avec quelques efforts, beaucoup de patience et quelques gueulées, on y arrive, au tire-fesses. Les enfants perfectionnent alors l'art de la montée et le virage dérapant de la descente tandis que tu arnaches le petit dernier en espérant qu'il daigne tendre un minimum les jambes. Ce qu'il ne fait pas. C'est l'heure de la sieste, après tout. Après 3 montées à le tenir plus ou moins en suspension par son harnais, tu commences à sentir une tension gênante derrière les bras, dans le dos, et dans plus ou moins tous les muscles de tes jambes dont tu ignorais plus ou moins l'existence jusque là. A la fin de l'après-midi, tu ne sens plus rien, tu n'es plus que douleur.
Quand tu es enfant, adolescent, ou jeune adulte qui squatte chez tes parents, tu rentres d'une journée de ski fatigué par le grand air, mais heureux. Tu mets sécher tes gants, tu ranges tes lunettes de soleil, tu prends une bonne douche et tu te mets à table pour déguster le bon souper que ta bienfaitrice maternelle a concocté. Quand tu es chef de gang, tu fais rentrer les enfants, tu les mets en collants/sous-pulls le temps de décharger la voiture. Tu luttes pour aligner les gants sur le radiateur. Tu fais 12 allers-retours entre la voiture et la maison pour tout ranger. Tu mets un truc à cuire. Tu mets les enfants au bain, par 1, 2 ou 3. Tu les fais manger. Tu les mets au lit. Et tu t'écroules sur le canapé dans les bras de l'homme qui ne disposait pas de "relâches" en jurant que plus jamais tu n'iras skier seule avec tes 3 enfants. Et tu attends sagement le week-end pour que ton bienfaiteur conjugal sois là, tel un superhéros des sports d'hiver, pour t'aider à charger/décharger/porter/prendre le relais/amener blondinet aux WC/faire la queue à la caisse.

Les "relâches" sont terminées, donc. Au total, on a fait 4 sorties neige, à 4, 5, ou plus. J'ai mal partout. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon en portant des sacs de sable comme dans Koh-Lanta, de m'être aplaventrée à l'arrivée et de m'être fait rouler dessus par une dameuse. Et malgré tout, avec le soleil qui a brillé toute la journée par ma lucarne, aujourd'hui, jour d'école pour mes loupiots, jour de grand-maman pour le petit dernier, jour de boulot scotchée à mon ordinateur pour moi, aujourd'hui, j'aurais donné cher pour profiter encore d'une journée sur les pistes avec mes blondinets (bon, avec le superhéros hein, suis pas maso quand même!). Bonnes vacances aux veinards!



*Note pour ceux qui ne suivent pas notre actualité de près: nous fûmes cette année privés de festivités carnavalesques pour des raisons indépendantes de notre volonté; je m'approprie donc le manque de sommeil et les petits nains de certaines de mes connaissances à des fins documentaires. Mes plates excuses et toute ma compassion. En même temps, j'ai jamais promis qu'il serait véridique ou autobiographique, ce blog.
**Toujours pas autobiographique, je précise.