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Un peu de tout, de moi, de nous... A lire, à sourire, à commenter et à partager!

mardi 6 décembre 2016

La ruée vers l'Ouest, bis repetita

Bon, je sais, je manque de sérieux et de fidélité. Je constate que mon dernier article date de la fin de l'été et nous voici à la fin de l'automne. J'ai dit tellement de fois "ça, c'est mon prochain article de blog" que je ne sais plus par quel sujet commencer. On va y aller géographiquement. (Note de janvier: ouais bon, le brouillon est resté brouillon longtemps. Bonne année à tous.)

Mon dernier article a fait couler beaucoup d'encre, voire quelques larmes de rire moqueur dans l'ouest vaudois. Comme je me dois de garantir un minimum de travail des muscles zygomatiques chez les gens qui vivotent dans un brouillard permanent d'octobre à avril environ, je vais en remettre une couche. Non parce qu'en 2016, non seulement on a pas été en vacances dans le sud, mais en plus mes tendres géniteurs ont trouvé que c'était une bonne idée de nous faire découvrir la Sologne pour les vacances d'octobre. Non, rassurez-vous, moi non plus ça me parlait pas des masses. Alors j'ai regardé sur la carte. Et constaté que c'est pile poil dans un coin où on est passés pour rejoindre l'Atlantique en juillet. Autrement dit, entre chez nous et la Sologne, y a de nouveau pas d'autoroute tout le long. Y a de nouveau TomTom qui s'excite quand tu t'approches de Lausanne, qui essaie de te convaincre de prendre par Genève, parce que la route de la Mort, lui, il a jamais entendu parler. Y a de nouveau la D472. Et elle, t'es bien décidé à l'éviter.

Comme on voyageait en famille élargie mais chacun dans son carrosse, on s'est dit facile, y a le Capitaine, le roi de l'organisation et du tracé autoroutier, y va nous préparer au picole l'itinéraire qu'on aurait dû préparer cet été. Que nenni. Déception. Le capitaine est à la retraite et l'assume. Il a juste tiré l'itinéraire GoogleMaps. Qui, je vous le donne en mille, nous faisait passer par la D472. Ou peut-être par une un peu plus au sud légèrement plus large, pas sûre vu l'échelle de l'impression GoogleMaps. Mais aux dires du chef d'expédition, ça allait être de la tarte. Nous partîmes (à) 0500 [mais par un prompt renfort... ah non c'est autre chose ça] pour constater qu'à 0600, en automne, à Pontarlier, il fait à peu près la même nuit et la même brume qu'à 0300 en plein été. Y a juste plus de frontaliers qui t'envoient généreusement dans la tronche les watts de leurs phares. Pas des masses tamisée, l'ambiance. Bref. On cherche Besançon. TomTom refuse, puis capitule. Ouf, ça va être moins pire. Dans les faits, c'est un peu moins pire que la D472, c'est plus droit, et plus large. Sauf que quand t'arrives à Besançon à 7h30 un lundi, faut aussi être assez fort mentalement pour ne pas en vouloir à tous les braves qui ne viennent pas travailler en Suisse et essaient plus ou moins vainement de rejoindre à l'heure leur lieu de travail.
La suite du trajet est plus simple, TomTom ne s'y perd plus, ne conseille plus de sortir de l'autoroute pour couper à travers champs. Donc arrivée sans heurts aux  Hauts-de-Bruyeres, puisque c'était là notre destination. Donc c'est en Sologne. Ce qui finalement n'a pas grande importance, parce qu'un Center Parcs, tu peux l'implanter où tu veux, ça reste un Center Parcs. L'image immédiatement associée à ce nom, c'est celle de deux adultes et deux enfants pédalant joyeusement entre les arbres, le soleil perçant à peine à travers le feuillage. De 1993, elle date, la pub. Avant-hier quoi. Je me rappelle plus s'ils avaient des pattes d'eph' ou des t-shirts fluo, les cyclistes. Mais le principe n'a pas changé: tu laisses la voiture à l'entrée et t'enfourches. Une ode à la mobilité douce en somme. Comme dans la pub. Sauf pour le soleil, lui, on l'a pas vu. Mais c'est pas grave parce que l'autre principe éternel de Center Parcs, c'est le Dôme. Une espèce de bulle où tu tiens pas avec la veste. Restos, bars, magasins, tout y est. Mais le centre névralgique du Dôme, c'est l'Aqua Mundo. Tout un programme. Vas pas demander pourquoi ils ont collé à la piscine un nom à consonance espagnole dans un parc à consonance anglo-saxonne, WaterWorld ça devait trop rappeler le navet avec Kevin Costner (si vous l'avez pas vu, ne vous précipitez pas sur votre box "video on demand", vous devriez pas le trouver ailleurs que dans un bac à DVD bradés " 5.- les 3" aux caisses de Media Markt). Bon l'Aqua Mundo c'est déjà de la piscine convaincante, avec des toboggans, des bains à bulles et tout et tout. Et le summum: la rivière sauvage. Les gosses adorent. Toi, tu te diriges avec une certaine appréhension vers le départ. Un panneau - que les enfants ne lisent évidemment pas - te met en garde contre les risques de la descente. Il faut rester assis, qu'ils disent. Donc les 18 pelés qui s'élancent à plat ventre plus ou moins en même temps que toi n'ont pas lu le panneau. De toute façon, le gars qui a rédigé le panneau, il a pas du la tester souvent, la rivière sauvage. Comme si tu décidais dans quelle position tu vas te retrouver après la première rampe. Non, en fait tu passes vite en mode survie: ressortir la tête de temps en temps pour reprendre son souffle. Ne pas mourir écrasé par l'armoire à glace qui t'arrive derrriere en mode TGV. Ne pas te faire péter les dents par le talon d'un ado. T'essaies aussi de jeter de temps en temps un œil aux blondinets qui dévalent la rivière sans le moindre souci, histoire de t'assurer qu'ils respirent tous en arrivant en bas. Et tu recommences, parce que c'est ouvert longtemps, l'Aqua Mundo. Quand tu sors, pour ne pas changer de l'ambiance tropicale, c'est la jungle dans les vestiaires. Vider les casiers, s'ouvrir un passage à la hache entre les familles avec enfants en bas âge, ramasser la chaussette de Platinum qui est tombée dans une flaque et essayer de la lui renfiler. Remettre les gants et les bonnets, parce qu'on est toujours à vélo. Sortir les clés de cadenas. Constater que l'une d'elle est restée dans la poche de grand-maman-qui-se-déplace-en-voiturette-électrique. Embarquer du blondinet sur le porte-bagages. Et en rire, finalement, parce qu' "à notre époque, on le faisait tout le temps," pis on avait même pas de casque. Des survivants, nous sommes.

Ainsi passent les jours à Center Parcs, ponctués par d'autres activités improbables comme du tir à l'arc ou du quad. L'idéal pour des vacances entre-saisons et de bons moments en famille. Si vous n'avez pas envie de provoquer l'ire de votre GPS, sachez toutefois que l'itinéraire jusqu'au Center Parcs "Les Trois Forêts" est moins sujet à caution.

mercredi 31 août 2016

Tom(Tom) et nous

Quand on parle des catégories de vacanciers, on distingue généralement les juillettistes des aoûtiens. Pour les besoins de l’article du jour consacré à nos pérégrinations estivales '16, on va plutôt mettre d’un côté les "prévoyants" et de l’autre ceux "à l’arrache". Disons qu’il y a ceux qui étudient l’itinéraire au point de devoir calquer les besoins naturels des enfants sur la pause prévue à 8h32 sur l’aire d’autoroute 41, et il y a nous.
Soyons clairs, en matière de réservation et de choix du lieu, on est toujours au sommet de notre art. Le versement des arrhes remonte donc à plusieurs mois et nous répondons pleins de confiance à la traditionnelle question "Et vous, vous partez où?", plutôt fiers de glisser "en Vendée" au milieu des destinations plus courues ces dernières années. Je ne suis pas particulièrement pour l’originalité à tout prix, mais faut bien dire que sur ce coup-là, je soupçonne un ou deux interlocuteurs d’avoir dû googliser ma réponse en douce.
Ceux qui l’auront fait seront arrivés au nord-ouest de la France, mais pas autant au nord que ceux qui partent en Bretagne, question de brouiller les pistes. C’est là que ça devient drôle.

Plutôt amateurs de soleil, chaleur et eau salée, notre itinéraire de vacances connaissait jusqu’ici deux options: soit par l’ouest (mais pas beaucoup à l’ouest quoi) jusqu’à l’autoroute du Soleil - la bien nommée - puis plein sud jusqu’à la Grande bleue, la seule décision à prendre étant donc de passer par Chamonix ou par Genève... Soit par l’Italie via le Grand-St-Bernard, puis plein sud jusqu’à un port ou à la Côte d’Azur. Bien que ces deux options n’aient rien d’une bien grande aventure, nous avions déjà eu quelques mauvaises surprises, par exemple lorsque notre naïveté et notre inexpérience nous ont fait suivre le mauvais Fréjus et se taper le Col de Tende. Aux dires de notre loueur d’alors, nous devons être les seuls estivants à avoir opté pour cet itinéraire depuis 1985 (j’ai appris, depuis, par le plus grand des hasards, que les derniers à avoir commis cette erreur étaient mes géniteurs, le fruit ne tombe jamais bien loin du pommier, paraît-il). Ou encore l’année où, forts de notre expérience (ou pas) du départ en ferry, nous n’avons pas jugé utile de revoir l’itinéraire jusqu’à Savone... oubliant au passage que quand ton billet de ferry dit "Savone-Bastia", en fait il ne part pas tout à fait de Savone... Et que quand tu sors à la mauvaise sortie d’autoroute (celle qui est marquée Savone, donc) et que tu dois retrouver le bon port (au sens propre), situé à une petite dizaine de kilomètres, à l’heure de pointe, au milieu de conducteurs italiens réputés pour leur patience et leur tolérance à l’égard du touriste perdu, c’est moins facile. Est-il besoin de préciser que ces deux erreurs stratégiques étaient l’œuvre de la copilote?

Bref, cette année les circonstances étaient un peu contre nous. Sachant que le pater familias à qui incombe naturellement le chargement de la voiture (que la mater familias a soigneusement préparé) rentrait d’une semaine de cours de formation à 18h pour un départ prévu dans la nuit, on savait que ça n’allait pas être facile. Il a fallu rajouter le facteur "Vendée". Donc traverser la France d’est en ouest. Quand tu habites dans un pays tout crouë dont tu connais le réseau autoroutier à peu près comme ta poche droite, tu crois que c’est pareil partout, que tu vas avoir une jolie autoroute pour te conduire de A à B en ligne droite. Sauf que la France, c’est un chouïa plus grand. Donc on a dû se faire une raison: la ligne droite autoroutière n’existe pas. Il fallait passer soit un peu au sud, soit un peu au nord. Comme je suis dans la catégorie à l’arrache mais que je n’étais pas absente la semaine précédant le départ, moi, j’ai touché un mot aux expérimentés de la génération "grand-papa". J’ai alors eu la recommandation ultime d’éviter le tronçon de la mort - où c’est que si vous passez vous allez tous mourir comme ces pauvres Portugais en bus à Pâques - Comme je suis une fille et belle-fille plutôt docile, j’ai mis dans un petit coin de ma tête "éviter Paray-le-Monial". Donc partons par le nord. Au retour du mari prodigue à H-6 avant le départ, celui-ci a montré un certain scepticisme face à mon idée, mais comme il n’avait pas franchement le temps de se pencher sur mes impressions de Google Maps, il a fait confiance. Erreur. Ce n’est pourtant pas la première fois que je constate quelques variantes entre ce que dit Google Maps et ce que nous chante Tom Tom. La première divergence d’opinion s’est produite sur le coup des 3h10 du matin, tandis que nous venions de passer la frontière du Creux. Jusque là je connais, j’ai de la famille dans les douanes. Mais une fois la frontière passée, les panneaux se font rares, alors si TomTom et mes fiches que je ne peux pas consulter sans lumière ne coïncident plus, on est mal. On se réfère alors à la sacrosainte carte routière, jusqu’à ce qu’on se rende compte: 1) que l’échelle de ladite carte n’est pas du tout adaptée à notre recherche; 2) que la date d’édition marquée en tout petit à l’arrière est... 1991. TomTom disait "Suivre Besançon". Mappy disait "Noooooon pas besoin d’aller jusqu’à Besançon, y a plein de routes plus courtes pour te faire gagner 20 km". La carte routière était inutile. J’ai écouté Mappy. J’ai eu tort. Visiblement, il y avait une Nationale entre Pontarlier et Dole. Mais il y avait aussi des départementales. Plein. Dont la D472.


Et quand il n’y a pas de panneaux pour trouver la Nationale, dans la nuit et la brume franche-comtoise, tu prends la D472. Pour vous donner une idée du truc, Martigny-Charrat par les vergers, c’est l’autostrada. M’est d’avis que les seuls à passer par là, c’est ceux qui font les castings de L’Amour est dans le pré. Autant dire que quand tu as encore 800km devant toi avant d’apercevoir une étendue d’eau salée, ça tend un peu les nerfs du chauffeur. 1h30 et une petite centaine de kilomètres à travers champs plus tard, nous avions la chance de retrouver l’autoroute et la certitude que la prochaine fois, nous écouterions TomTom.

Cependant, nous avons la mémoire courte. Nous avons donc suivi TomTom pour les visites vendéennes, et découvert une ou deux routes du marais poitevin du même acabit que la D472 quand même. Et nous avons décidé de préparer notre retour mieux que l’aller. Moi, dans le doute, je disais "faut suivre Besançon", selon le principe du chat échaudé. Le Tour de France nous interdisait le tronçon maudit. L’homme était inspiré. La carte routière de 1991 montrait un joli petit trait droit en rouge, une route nationale, pour éviter Besançon et atterrir tout droit sur Nyon. Le fait que ni GoogleMaps, ni TomTom, ni aucun panneau n’ait l’idée de conseiller cet itinéraire aurait dû faire tilt. Mais elle paraissait très bien, cette N5

De fait, elle est bucolique, je vous la conseille. Sauf peut-être quand vous avez déjà une traversée de l’Hexagone dans les pattes. Et dans le doute, équipez-vous d’un sachet en papier, Champagnole-St-Cergue via Les Rousses et La Cure, ça tourne la moindre. Mais c’est joli, y a moins de brume qu’à Pontarlier, pis il faisait jour. Pis il faisait aussi 30 degrés, ce qui n’est pas un problème, sauf QUAND T’AS LA CLIM QUI A RENDU SON DERNIER SOUFFLE SUR LE PREMIER TRAJET CAMPING-PLAGE.

Bref. La Vendée c’est joli, je vous conseille aussi tiens, on est loin du tourisme de masse du sud, les gens sont sympas, il fait pas trop chaud et il n’y a pas âme de moustique qui vive dans le coin. Pour le trajet, une seule chose à garder en mémoire: GENÈVE. Quant à nous, comme nous envisageons sous peu de passer dans le clan des prévoyants, nous avons déjà prospecté pour l’an prochain, et il y a de fortes chances que TomTom reste coi. Nous n’avons jamais eu besoin de lui pour trouver l’aéroport.

samedi 30 juillet 2016

Le changement d'opérateur post-révolution smartphonienne

Jusque là, je faisais un concours saugrenu avec mon beau-frère pour savoir qui tiendrait le plus longtemps avec le téléphone portable le plus has been. Il est temps que je reconnaisse ma défaite. Le jour où je me suis trouvée dans l'incapacité de restaurer la 14e application défaillante sur mon iPomme du 3e âge, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai consulté les offres. Ca tombait bien, ça faisait à peu près 2 ans que mon tendre époux essayait de me convaincre que les services de mon opérateur salé laissaient à désirer. Oui, la couverture de l'ancien géant orange, atteint depuis quelques mois de varicelle verte et blanche est bonne, MAIS quand on habite un trou perdu, y a un moment où y a vraiment plus que le chef de file de la téléphonie mobile qui arrive à te planter une antenne, n'en déplaise au lever de soleil dont Rodg' assure la promotion (de toute façon il a mal au dos, ce qui ruine ma quinzaine de Roland Garros, alors tant pis, je n'écouterai pas ses louanges publicitaires. Note ultérieure: cette remarque prouve, si besoin était, que je ne mens pas quand je dis sur Facedebouc que j'ai plein d'articles en cours, mais jamais le temps de les finir. Les problèmes de santé du Suisse le plus aimé du monde jettent une ombre sur les JO aussi... mais y aura de la gym pour compenser!). Bref, j'ai voulu changer d'opérateur ET de téléphone. Ca me paraissait une bonne idée, parce que dans mon souvenir, les opérateurs se disputaient les clients et jetaient des portables top à la tête des indécis pour les appâter. Oui, je sais. Mon dernier changement simultané remontant à l'année de la sortie du Nokia 3310, j'ai connu quelques désillusions.

Comme l'homme trouvait que je manquais d'initiative sur le dossier téléphone, il m'a mâché le travail: il est passé discuter de la démarche: oui, elle va pouvoir changer et avoir son nouvel iPomme (pas tout à fait à 0.-, mais ils avaient plus de 3310 en stock) et garder son numéro salé, suffit qu'elle revienne en personne munie de sa carte d'identité. Easy.

J'y suis donc allée la fleur au fusil. Déjà, j'ai été surprise de constater de l'accueil dans le "shop" de mon futur prestataire: une personne s'approche de toi, donc tu commences à lui raconter ce que tu veux. Erreur. Elle ne peut rien pour toi, mais un de ses collègues va venir s'occuper de toi dans quelques instants. En fait c'est le principe téléphonique de la mise en attente avec une belle mélodie classique appliqué au réel. Pas compris le but, j'allais pas leur boucler au nez, mais bon. Arrive enfin un vendeur. Enfin c'est ce j'ai cru. Il s'est vite avéré que le jeune homme à peine pubère n'avait pas une envie irrépressible de travailler. Ou alors le "service à la clientèle" n'est pas son fort. Bref. Je lui explique mon projet et les informations préalables recueillies lors du mâchage de travail. Aaaaaaaaaaah, mais non Madame, c'est pas si simple. C'est même TRES compliqué de garder votre vilain 078 et venir chez l'élite. Et puis y a des délais. Ah non, on peut pas vous fournir un téléphone maintenant si vous venez chez nous que dans 3 mois parce que vous devez résilier votre truc, attendre le changement d'opérateur et tout et tout. Ce qu'il faut faire c'est rentrer chez vous et appeler la Hotline, et après vous revenez. Non, mais c'est une blague? Tu es dans un shop hyperconnecté avec un gaillard censé avoir envie de te vendre un abonnement, un téléphone ou un écran plasma et la box 9.1 à tout prix, et il est pas fichu d'appeler sa centrale pour avoir des renseignements précis? Autant vous dire que le courant n'est pas passé et que quand je suis sortie du shop, je n'avais pas plus l'intention d'appeler la Hotline que de revenir voir cet individu. L'homme (le mien donc) a repris les choses en main, contrarié par l'idée que la première personne qui l'avait renseigné lui avait raconté des cracks. Troisième interlocuteur au shop. Nouvelle version: ah oui alors garder le numéro, ça va pas trop être possible, enfin c'est vraiment compliqué, vas-y que je te fournis le formulaire de résiliation, tu résilies et tu reviens nous voir, on te file un nouveau numéro et ton téléphone tant attendu.

C'est à ce moment-là qu'on consulte nos données d'abonnement et qu'on constate que l'abo en question est au nom du mâle dominant. N'y voyez aucune soumission de ma part ou machisme de la part de mon mari, j'ai un vague souvenir qu'au moment de le conclure au retour de notre épopée canadienne, je n'avais tout simplement pas ma carte d'identité sur moi. Bref, en réalité, je n'avais même pas le droit de résilier moi-même ce fichu abonnement. L'homme a donc rempli et signé le papier, et je me suis contentée de l'envoyer comme prescrit. N'ayant toutefois pas totalement renoncé à garder mon numéro, j'ai fait une dernière tentative désespérée: au lieu d'aller chez le peu diligent personnel de l'opérateur téléphonique, je suis passée au magasin de téléphones portables. Oui, après coup ça semble pas moins logique. Là, j'ai eu du  personnel plus diligent. Discussion. Explication. Ce que je voulais faire. Les réponses obtenues chez l'opérateur. Le sourire un peu narquois, quand même, du vendeur de téléphones. Bien sûr qu'on pouvait garder mon numéro. Bien sûr que le jeunot aurait pu faire le nécessaire en quelques clics, me filer immédiatement un téléphone dont il ne faille pas sortir l'antenne, et j'aurais simplement reçu un sms, un jour, signalant qu'il fallait que je remplace la carte SIM de l'opérateur abandonné par celle du nouveau. SAUF QUE POUR CA, FALLAIT PAS RESILIER SON ABONNEMENT! Gnnnnnnnnnnnnnnnnnanrf. Commençait sérieusement à me courir sur le haricot cette histoire. Le gentil vendeur m'a indiqué que je pouvais, à choix, faire un recommandé à mon futur-ex-opérateur pour lui signifier que le précédent recommandé, en fait, c'était pas tout à fait ce que je voulais dire, donc annuler la résiliation, tout en le convainquant qu'il pouvait bien oublier ce courrier sans toutefois me forcer à reconduire mon abo... Ou alors préserver ma dignité, ma santé mentale et mon moral, prendre immédiatement un nouvel iPomme à un prix défiant toute concurrence, payer deux abos sur une brève période et me résoudre à mémoriser les 10 chiffres d'un nouveau numéro. Je vous laisse deviner l'option retenue.

Un jour viendra où mon 6Splus sera obsolète. Je me réjouis déjà.

vendredi 29 juillet 2016

1m62 de talent

Cette année, je déroge à la coutume, vous n'aurez pas de critique Paléo. Non pas que j'aie manqué le rendez-vous annuel sur la Plaine de l'Asse, mais je n'ai pas enregistré les arguments requis. Pour compenser et pour occuper votre été désœuvré, je vous propose un bout de présentation d'une sortie qui date d'un poil plus longtemps, mais qui ne manque pas d'arguments, elle.

20 mai 2016. Il débarque comme un enfant espiègle sur l'immense scène de l'Arena, expliquant pourquoi, lors de cette tournée 2016, il a dix ans. Dix ans de scène. On se dit alors "Ah bon?". Pour nous c'est une première. On a pris des billets parce qu'on a entendu du bien, mais c'est quasiment l'inconnu. Il ne met pourtant pas longtemps à nous embarquer dans son monde, ce petit gaillard. A l'instar d'une Florence Foresti qui m'avait bluffée par sa présence, il tient la scène, entouré de ses musiciens. Il a dix ans, il s'appelle Michaël Gregorio, et si une date de sa tournée est compatible avec votre agenda, n'hésitez pas, soirée réussie 100% garantie.

Quand on va à un concert, on aime être debout à taper dans les mains et reprendre en chœur les rengaines qu'on connaît par cœur. Quand on va voir un humoriste, on espère se poiler. Les imitateurs, c'est un peu de tout ça à la fois. Gregorio c'est non seulement tout ça à la fois, mais en plus sans les inconvénients de la voix d'un politicien qu'on ne connaît pas trop ou la chanson du 1er album que l'artiste a décidé tout d'un coup de ressortir d'un placard poussiéreux. Il allie la gravité d'une imitation presque tendre de Michaël Jackson à la légèreté de mariages improbables - infligeant à Aznavour des textes de Maître Gims, réunissant Shakira et Cabrel ou encore empruntant le slam de Grand Corps Malade pour une reprise tordante des Bee Gees. Tantôt on frissonne, tantôt on se noue la gorge, tantôt on se la déploie dans un fou rire irrépressible. Sur scène, tout ce qui fait la magie d'un show: un artiste et ses musiciens qui laissent éclater talent et complicité et - surtout - plaisir d'être là, et de faire ce qu'ils font. La voix est impeccable, les imitations sans fausse note ni mauvais goût. Ce n'est pas un imitateur et sa bande, devant nous, c'est un défilé de stars. On ferme les yeux et c'est un concert de Johnny, quelques minutes plus tard on les rouvre pour s'assurer que ce n'est pas le fantôme de Prince qui a pris le relais. Il y a du talent, il y a du travail aussi, incontestablement, dans l'étude minutieuse des gestes de Brel, reproduits à l'identique par Gregorio devant l'écran où défilent les images du Belge. Il y a de l'intelligence, dans un spectacle où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Tout à coup, c'est le public qui devient chanteur, participant à un karaoké humoristique où nous reprenons tous les paroles déviées de tubes du moment. On hésite un peu, au début, on préférerait presque profiter des cordes vocales du magicien, mais il nous embarque et on se prête au jeu. Il nous embarque dans tous les domaines, d'ailleurs, autant en nous invitant à une tournée (de la salle) dans un minibus qu'en jouant avec la technologie, proposant un voyage virtuel dans sa chambre d'ado ou encore un Skype avec Elie Semoun. C'est un show complet, le genre où on ne regarde pas la montre. Au moment où on la regarde, on a déjà loupé son train, parce que bis, standing ovation et tout le toutim. Tant pis. Ca en valait la peine, vraiment.

www.michaelgregorio.fr

vendredi 22 avril 2016

Umerus fractus est

Des fois tu te retrouves dans une situation improbable qui te rappelle un mauvais film, ou une série télé. En 100 fois moins pire, évidemment, faudrait pas croire que notre petite vie est assez passionnante pour tenir des spectateurs en haleine ne serait-ce que 45 min. Mais quand même, c'est une impression étrange. Dans le genre, un malheureux incident nous a conduits aux urgences avec Platinum dernièrement. Je peux pas vous expliquer le pourquoi du comment, j'étais pas là, j'avais sieste. Le co-chef de gang a géré, comme un chef, soit dit en passant. Chute du petit. Permanence médicale. Coude luxé. Ouille. Tout compte fait faut aller aux urgences. C'est là que s'interrompt ma sieste pour une répartition plus équitable de la charge familiale. Un petit feuille-caillou-ciseau plus tard, j'embarque le blessé tandis que le pater familias rapatrie les valides.

Je n'ai pas d'appréhension particulière vis-à-vis des hôpitaux. On y a vécu des trucs terriblement douloureux comme des moments d'une intensité indescriptible. Des départs et des arrivées.
Là ça va. J'ai un boueb de 5 ans qui n'a pas l'air de trop souffrir, son coude est immobilisé (et je n'ai pas vu les dégâts avant qu'il le soit, ce qui n'est pas un mal), y a pas de brancard qui passe avec un type empalé sur un échalas, l'ambiance est sereine, on est pas dans Urgences quoi. Y a une gentille infirmière style mamie gâteau qui nous accompagne partout. Défilé de personnes en blouses blanches. C'est pas Urgences, mais ça pourrait être Grey's Anatomy et je vous défends de vous moquer de mes références télévisuelles. Pas facile de suivre, entre la Dr Torres du coin (en moins pulpeuse), l'anesthésiste qui a un petit air de Sloane (pas celle de Peter, celui de Grey's), le Karev en herbe (dont ni le patronyme ni l'accent ne te permettent de définir l'origine). Le bilan est sympathique: du tout grand art. "Vous voyez ce bout là? ben normalement il est rattaché au reste. Et normalement il est dans l'autre sens." Ah voilà. Mentalement, j'essaie de reconstituer le puzzle en faisant abstraction du fait que c'est d'un os de mon fiston dont on parle. Bref, ça cause opération, anesthésie, jeun ou pas jeun. J'ai droit au défilé complet 2 fois. Suivi d'un cortège d'excuses parce qu'ils ne peuvent pas opérer tout de suite. Il y a une urgence vitale. Je me dis qu'il doit y avoir le fameux brancard avec le type empalé sur son échalas quelque part dans les couloirs qu'on a empruntés. Brrrr. Intérieurement, la louve qui sommeille en moi pourrait bien dire "laissez-le caner, y a mon bébé qui a mal là!"; mais évidemment, je relativise avec toute la compassion de circonstance. En attendant qu'ils sauvent le malheureux, on monte en pédiatrie. Y a la télé. Mais pour faire oublier à un enfant de 5 ans qu'il ne peut pas boire alors qu'il crève de soif, c'est léger. L'attente est longue. Mais c'est un peu comme aller chez le dentiste: tu sais que t'as pas le choix, tu te réjouis que ce soit derrière, mais tu te réjouis tellement pas du moment M qu'attendre, c'est pas si pire. Moi je balise, parce qu'il est 19h et qu'un type qui en est peut-être à sa 36e heure de garde (avec une sieste crapuleuse avec une neurochirurgienne en salle de repos au milieu) va endormir mon fils de 20kg tout mouillé, et un autre qui sort peut-être d'une opération de 8h (durant laquelle il a parlé des problèmes de couple de sa coloc' avec l'infirmière de bloc) va lui ouvrir le coude pour y mettre deux vis. Je sais, c'est des peut-être. Mais quand même. Si je veux bien laisser survivre le type à l'échalas, je n'en reste pas moins une louve. Et puis mon petit, il a juste envie que ça s'arrête. Il en peut plus d'expliquer ce qui lui est arrivé. On lui dit plein de mots qu'il ne peut relier à rien. Il a juste peur. Et c'est dans cet état là qu'on vient nous chercher. On essaie de se concentrer sur les trucs marrants. La blouse d'hôpital avec les fesses à l'air. Prendre l'ascenseur dans son lit. Ca marche pas des masses. Trois blouses vertes, charlottes vissées sur la tête. Tiens, l'une des trois, je la connais (d'habitude quand je la vois, elle fait un stretching tellement plus stretché que moi après le cours de spinning qu'elle finit en grand écart). Ca devrait me rassurer, mais en fait pas trop. La porte rouge se referme sur mon louveteau en pleurs. Heureusement y a Lexie qui me remonte le moral. Elle est chou, Lexie, elle me trouve même un plateau repas qui traîne histoire de me remplir la panse pendant que mon fils se vide probablement de son sang sur la table d'opération et se fait réanimer à grands coups de palettes se fait rafistoler l'humérus. Et puis l'attente. Comme à la télé. Vraiment. Sauf que j'ai un ado de 14 ans qui est passé 3 fois sur le billard - pour un ongle incarné qui a mal tourné - pour me tenir compagnie, et sa maman qui a trèèèèèèèèèèès envie de parler. Alors j'écoute. Autant dire que quand Karev arrive pour me dire que l'opération s'est bien passée, la libération est double. Comme je suis novice totale en matière de narcose et de tout ce qu'a subi mon ptit dernier une fois la porte rouge passée, je ne suis pas pleinement rassurée en le retrouvant à moitié dans les choux. S'ensuit une longue nuit. Ca bippe, ça entre, ça perfuse, ça repart. Et puis ce fichu machin au doigt qui tombe dès que mon petit loup bouge, et l'inquiétante sonnerie de la machine qui a perdu son pouls... Mais son coeur bat, il dort, lui. Tout va bien. Au petit jour, c'est un Platinum aussi énergique et plein de vie que d'habitude que je retrouve, et la salle de jeux n'est pas assez fournie pour occuper les heures durant lesquelles il doit encore rester en observation. Peu importe.
Dans ce service que nous avions eu la chance de ne jamais fréquenter jusqu'ici, on croise des enfants qui semblent évoluer comme chez eux; certains y passent des jours, des semaines, des mois peut-être. Alors quels qu'aient été mes peurs, mes angoisses, mes moments de ras-le-bol pendant ces quelques heures dans "la boîte orange", quelle que soit mon impatience d'en sortir, je sais que ce n'est qu'une question d'heures avant de retrouver mes trois enfants en plein santé - exception faite d'un bras droit, mais ne chipotons pas - dans le confort douillet de notre chez nous. Parfois, un petit malheur aide à savourer la chance immense que nous avons.

vendredi 8 avril 2016

Moi, monitrice à la semaine de ski des écoles

Tous les ans depuis 5 ans, bien avant Noël déjà, les blondinets rentrent de l'école avec une lettre attendue: l'annonce de la semaine de ski des écoles. Par chez nous, cette dernière est traditionnellement fixée à la deuxième semaine de janvier. Il fait froid, il fait nuit à 16h, mais c'est pas grave, on est des guerriers. Sauf qu'en ce début 2016, le ciel a été contre nous: la deuxième semaine de janvier a connu la météo la plus pourrie jamais observée en Valais sur 7 jours consécutifs. Mais notre modeste école ne manquant pas de ressources, on a déplacé le bins à mars. Flexibilité, efficacité, trop envie de skier.
Qui dit semaine de ski des écoles, dit moniteurs requis. 160 gamins lâchés sur le domaine de Verbier accompagnés par notre poignée et demi d'enseignants, ça serait effectivement un peu juste. Dès lors, chacun réagit en fonction de ses prédispositions et de son vécu: il y a les parents qui ne skient pas, n'ont pas de créneau au boulot ou juste pas envie. Il y a les parents qui, conscients qu'il ne peuvent pas éternellement compter sur les parents des autres pour donner un coup de main alors qu'ils ont eux-mêmes contribué efficacement à l'augmentation de la démographie scolaire avec leurs quatre ou cinq rejetons, se débrouillent pour avoir congé un ou deux après-midi pour aller s'énerver avec les rejetons d'autres, qui n'ont parfois jamais mis les skis aux pieds. Et puis il y a ceux qui posent une semaine de congé, y vont la fleur au bout des skis, le sourire aux lèvres et le pas leste dans leurs chaussures de 3kg chacune: généralement ce sont ceux qui y sont déjà allés les années précédentes. J'ai été dans la 2e catégorie la première fois. J'ai vite passé dans la suivante.

Voilà le décor posé. On remplit le formulaire des disponibilités. C'est juste après que ça devient drôle.
Le premier jour, une fois que tu as envoyé tes propres mômes auprès de leurs moniteurs respectifs, tu vois débarquer près de toi enfants plus ou moins dubitatifs face à l'aventure et parents plus ou moins confiants. Pour les "bleus" qui viennent pour la première année, le défi est de taille. Il y a ceux qui ont du mal à lâcher maman. Ceux qui pleurent carrément à chaudes larmes. Ceux qui te regardent - pas tout à fait à tort - comme un animal préhistorique (généralement le regard s'adoucit une fois que tu leur a présenté ton arbre généalogique descendant et qu'ils visualisent le blondinet qui est chez Maîtresse Joséphine et celui qui est en 7e). Ceux qui n'ont pas de bâtons. Ceux qui ont des bâtons et croient que tu vas les leur porter (et déchantent rapidement). Parmi les parents aussi, l'éventail des cas sociaux de figure est large, entre ceux qui larguent le fardeau en bas de la rampe d'accès à la gare (et dont finalement, tu ne connaîtras jamais la trombine) et ceux qui viennent t'apporter leur pharmacie ou la garde-robe complète de leur bambin "juste au cas où" (ça peut aller des chaussettes en poil de yak au masque à oxygène, parce qu'à 2000m, tout de même...) tout en te précisant qu'Henri-Philibert a tendance à avoir froid à l'auriculaire gauche à partir de -8 degrés et qu'il faudra donc y prêter une attention toute particulière.

Le deuxième temps fort de la journée de ski, c'est lorsque tu te retrouves avec 4 à 6 chérubins à autonomie variable devant 160 paires de ski étalées au pied de la station de départ de la télécabine. C'est à ce moment-là que Lucien-Fernand a besoin d'aller aux toilettes. Que Jeanine-Valérie ne trouve pas ses skis en dépit de la recommandation faite aux parents d'inscrire le nom sur les lattes. Que Sophie-Valentine réalise qu'on ne peut pas mettre des souliers taille 40 sur des skis réglés pour des souliers taille 36 et que lorsque la différence est trop importante, on ne peut pas juste régler la fixation avec une clé de voiture. Que Gustave a oublié son abonnement... Quand enfin toute la troupe a passé le tourniquet, tu fais ouf. Reste à gravir les deux rampes d'escalier. Chose aisée quand on n'est pas un enfant de 6-7 ans en godillots lunaires qui n'a pas franchement l'habitude de porter une paire de skis PLUS une paire de bâtons. Dans un élan de bonté ou un début de ras-le-bol face au temps perdu, tu prends alors une deuxième paire de skis, une troisième paire de bâtons, le casque de Lucien ou les gants de Jeanine. Tu refais ouf. Embarquement immédiat. Et puis c'est le moment de vérité: la première piste. Si tu as de la chance, le groupe "moyen faible" pour lequel tu t'es volontairement engagée dans un élan d'inconscience est plus moyen que faible. Donc ça skie. Avec des variantes entre la tranche de pizza et le toit de la maison, mais ça skie. Si tu as moins de chance, ça skie pas. Il y a l'enfant qui a peur. Il n'y peut rien, et tu fais de ton mieux pour l'aider à se lancer dans le "reck" à 1,2 % de déclivité. Tu dois parfois revenir à la bonne vieille méthode que tu as utilisée avec tes propres enfants. Sauf que prendre un boueb de 2 ans et 14kg entre les guiches pour faire un bout de descente ou faire pareil avec un galapiat qui t'arrive au menton et représente une masse inerte équivalent à 4/5 de ton poids, c'est pas franchement le même effort. Numériquement parlant, ça peut aussi être serré: deux moniteurs, 4 à 6 enfants: faut pas que le ratio des effrayés soit trop élevé. Sinon, tu dois aussi parfois revenir à la bonne vieille méthode remonte-pente-en-dehors-des-tire-fesses: en escalier. 
Il y a l'enfant qui croit qu'il sait, mais qui en fait ne sait pas. S'arrêter. Tourner. Tout ça tout ça. Tous ces trucs qui peuvent être utiles pour la vie en bonne harmonie avec les autres usagers de la piste, et pour l'intégrité physique du skieur en herbe, accessoirement. Comme il ne sait pas mais n'a pas peur, il tombe, fatalement. Comme nous sommes toujours en présence d'enfants à autonomie variable, soit il se relève, soit pas. Et toi, dans le deuxième cas, tu réutilises la bonne vieille méthode remonte-pente pour aller lui démêler les guiboles.
Autant dire qu'à ce rythme effréné, le nombre de pistes dans l'après-midi se compte souvent sur les doigts d'une seule main. Peu importe, si vous avez lu attentivement et fait un rapide décompte des montées en escalier par pistes, vous aurez compris que la descente n'est pas le principal effort physique de la journée. Outre les chutes, il y a aussi les moments où tu lances à Jeanine "laisse glisser", ce qui te semble plutôt limpide comme recommandation... pas pour elle, visiblement. Du moins pas suffisamment pour arriver en haut du faux plat montant qui mène au tourniquet du télésiège. Alors au lieu de laisser glisser toi-même, tu soupires un coup et tu lui apprends que la vie du skieur en ascension ne se limite pas aux escaliers, il y a aussi la variante en V. Expérience faite, 4 après-midis par an ne suffisent pas à acquérir une totale synchronisation skis en V, position correcte des bâtons, poussée. Disons que c'est pas tout à fait Cologna en skating. Par contre, les muscles fessiers confirment que cet effort répété remplace le cours de step auquel la dévouée monitrice a renoncé pour venir taquiner la poudreuse.

La semaine de ski des écoles, c'est aussi - surtout - un bon bol d'air frais, plein de bons moments avec des enfants la plupart du temps gentils et plutôt attendrissants, et des compagnons d'infortune bien sympas. Toujours un pour se payer ta tronche quand il te voit descendre Mayentzet telle Lara Gut à Cortina (quelques hurlements en plus) en essayant de rattraper un petit casse-cou qui a oublié le principe du chasse-neige et file tout droit dans la banderole "Slow". Ca permet de côtoyer des enfants que tu ne connaissais pas et parfois de trouver les tiens moins insupportables, d'autres parents que tu ne faisais que croiser jusque là, des enseignants qui ne t'ont pas trop dans le colimateur parce qu'il n'ont pas (encore) subi un de tes blondinets... Ca a quelque chose de fédérateur et de positif, ce qui n'est pas rien à l'heure où l'organisation scolaire donne des sueurs froides à bien des concitoyens. Bref, vive la semaine de ski des écoles :)

 

vendredi 25 mars 2016

Mémère et P'tit boulet

... ou les pathétiques mésaventures de la branche féline du gang

  Lorsqu'il s'agit d'agrandir la famille, on ne prend jamais une décision à la légère. Il faut que tout le monde soit d'accord. En tant que cheffe de gang auto-proclamée, étant le membre qui passe le plus de temps à la maison et qui assume une bonne partie des basses besognes, j'ai double droit de vote. Ce n'est évidemment pas de refaire un blondinet dont je parle (parce que là c'est pas double, que ma voix compte, c'est au pro rata des désagréments des 9 mois et après, autant dire qu'y a pas grand monde sous ce toit qui peut faire basculer le vote). Autrement dit, ce que femme veut...
En fin d'année, je m'étais donc mis dans la tête de prendre un deuxième quadrupède. Les blondinets n'ont pas été très longs à convaincre. Le co-chef un peu plus. Mais je l'ai eu, à l'usure. A la faveur, surtout de la photo d'un adorable chaton abandonné dans un carton devant la porte de la collègue-de-la-copine-du-cousin-de-la-belle-soeur-de-tante-Berthe. La seule à qui nous n'avons pas songé à demander son avis, c'est la maîtresse de céans, comprenez la minette de 3 ans et des brouettes qui se royaumait jusqu'ici. Pas de droit de vote pour les poilus. En décembre, donc, le gang s'est agrandit.

Que la minette (depuis surnommée Mémère en raison de la différence de vivacité entre les deux boules de poils) ne soit pas ravie ravie de l'intrusion, on pouvait s'y attendre. Nous n'avons pas été déçus. De soufflages en grognements, elle a immédiatement manifesté son mécontentement, sans pour autant sortir les griffes. Quand au nouveau venu, après avoir tergiversé une soirée sur le nom dont nous allions l'affubler, Speedy s'est imposé. Rapport à la vitesse de déplacement. Comme j'ai la mauvaise habitude d'utiliser tous les jours de nouveaux sobriquets pour nos animaux de compagnie, Speedy est devenu aussi "P'tit boulet". Rapport à son statut vis-à-vis de Mémère. Parce qu'elle qui se la coulait douce depuis des années à disposer librement du moindre recoin douillet, à passer la moitié de la journée couchée au soleil et la moitié de la nuit à chasser le mulot à l'entour, elle se coltine désormais un handicap non négligeable. Un chaton de trois mois hyperactif, ça veut jouer. Tout le temps. Ca saute dessus. Mais comme ça sait pas trop bien sauter, ça s'accroche avec ses griffettes toutes fines. Des petits crochets d'une efficacité incontestable. Ca bousille 2-3 paires de pantalons, mais ça a aussi une bonne prise dans le lard qui se trouve juste sous le pelage tigré hivernal. Aucune pause pour P'tit boulet, pas de répit pour Mémère. Quand elle s'installe sur une couverture, il arrive à l'en déloger. Quand elle passe lascivement dans le salon, elle se fait assaillir tel un bison repéré par un fauve. Quand elle mange, il vient piquer dans sa gamelle. La nourriture, voilà peut-être le seul avantage qu'elle a tiré de l'intrusion: visiblement les croquettes "junior" sont meilleures. Enfin pour elle. Parce que lui préfère ses croquettes - à elle - "chat stérilisé". Mais je soupçonne que c'est uniquement par plaisir d'aller piquer dans sa gamelle. On dit souvent que la moitié du monde est faite pour enquiquiner l'autre. Pas besoin de faire de tirage au sort pour la répartition des rôles.

Non content de pourrir copieusement la vie de Mémère en mettant constamment des bâtons dans les roues de son train-train, P'tit boulet a réussi à ramener dans notre foyer un champignon félin, un truc qui fait perdre les poils et apparaître des croûtes. Et surtout, un truc contagieux. Ca serait moins drôle sinon. Je revois la tête de la vétérinaire quand elle m'a expliqué le traitement. Un rictus moqueur au coin des lèvres. 5ml à donner à la seringue, ok, ça va, je gère. Plus une lotion. A donner en "bain". Enfin à appliquer sur poils mouillés. Deux fois par semaine. Et sur tous les animaux du foyer, à titre préventif. Joie, bonheur, gants en latex et griffures. Imposer un tel traitement à un chaton,  vigousse mais inexpérimenté, c'est une chose. Faire pareil avec une minette adulte un peu plus lourde et un peu grincheuse, c'en est une autre. La première fois, je les ai eu par surprise. Dégâts limités sur mes avant-bras. Chats mouillés, maison humidifiée, traces de coussinets un peu partout. A partir de la deuxième fois, ne pouvant plus compter sur l'effet de surprise, j'ai dû affiner la technique. De la saisie au collet à la période de quarantaine "séchage" dans la salle-de-bain fermée. Après 8 shampoings, je peux vous dire qu'en vérité, aucune technique ne permet d'échapper à la réalité: les chats n'aiment pas être mouillés. A ma dernière visite chez la véto, elle m'a dit, avec un air un peu narquois "il est guéri, mais  comme il reste du produit pour deux applications, vous pouvez faire encore deux bains, comme ça on assure". Ben voyons. Je pourrais emmener mes cats au spa aussi, juste pour le plaisir? Ne voulant pas effrayer mes proches qui risquaient de croire que je m'adonnais à la scarification, j'ai renoncé. Donc j'ai du produit pour deux applications, si l'expérience tente quelqu'un.

Malgré tous ces petits désagréments et les parties de catch qui se déroulent encore quotidiennement dans la maison, je suis sûre qu'à terme, Mémère et P'tit boulet deviendront de grands amis. La tolérance a augmenté jusqu'au partage de gamelle (dans les cas de dalle extrême) et de marche d'escalier. Un jour, c'est sûr, on les retrouvera endormis l'un contre l'autre. Quand P'tit boulet aura pris un peu de plomb dans la cervelle et se sera calmé. C'est pas pour tout de suite. Là il est en pleine poussée d'hormones. L'âge bête du chat. Je ne m'y attendais pas, ça prépare un peu à ce qui nous attend puissance 3 dans quelques années.  Sauf que la semaine prochaine, je vais revoir ma copine la vétérinaire pour mettre un terme aux pulsions pubertaires du minet. Pour les blondinets, va falloir trouver moins radical comme solution si je veux qu'un jour on m'appelle grand-maman...


lundi 11 janvier 2016

La suite des tribulations de Basile

En vrac, juste pour assouvir votre curiosité... J'avais promis le 2e volet des méfaits de notre lutin, alors les voilà: pendant la deuxième dizaine de décembre, Basile s'est beaucoup investi dans les décorations de Noël...



... il s'est encore empiffré en douce...



Heureusement, il s'est montré aussi raisonnable, parfois!


Il a même fait sa B.A. en avançant un peu pour la femme de ménage.


... Et le 24 au matin, plus de lutin malicieux sous notre toit, Basile était retourné faire son rapport. Vu la pile sous le sapin, il semblerait que les nous ayons tous été plutôt sages! En tous cas, si Basile souhaite revenir l'an prochain, il ne fait aucun doute que trois blondinets l'accueilleront à bras ouverts!

dimanche 3 janvier 2016

Une page qui se tourne...

2015 a vécu, vive 2016.
Tandis que je parcourais sur Facebook les photos de familles accompagnées de vœux pour la nouvelle année, j'ai décidé de ne pas en mettre. C'est un peu comme les anniversaires en fait, ceux qui te souhaitent bon anniversaire sur Facebook, soit c'est qu'ils ne savaient pas ta date de naissance et ne te l'auraient donc pas souhaité sinon, soit c'est qu'ils n'ont pas ton numéro de téléphone pour t'envoyer un message ou te passer un coup de fil. Dans un cas comme dans l'autre, ça montre bien que la proximité est toute relative, la sincérité des vœux parfois aussi. Pour le Nouvel An, y a déjà pas l'excuse que le type en face connaissait pas la date. Mais même. Les amis proches, tu peux leur envoyer un message un peu perso pour leur souhaiter autre chose que bonne année bonne santé blabliblabla. Déjà, y en a souvent deux-trois à qui tu as eu l'occasion de claquer la bise sur le coup des minuit/minuit-deux, une coupette de champ' à la main. Après y a la famille. A priori tu reverras la plupart des gens plus ou moins proches courant janvier pour leur souhaiter joie et prospérité, si ce n'est carrément le Jour de l'An histoire de finir le fond de foie gras en rotant le péteux. Donc z'ont pas à attendre des vœux facebookiens.

Bon, maintenant que j'y pense, cette folie de transmettre ses bons vœux à tout le monde (même à des gens qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam) va bien au-delà du cyber-espace ou du petit f bleu. Ainsi, le Jour de l'An, quand j'ai été remettre les clés de la salle des festivités à qui de droit, je me suis retrouvée au milieu d'un café où quelques fêtards matinaux prenaient leur dose de caféine. Ils se sont retournés comme un seul homme pour me souhaiter une bonne et heureuse année. Chouette. Jamais vu ni les uns ni les autres. Donc je me suis quand même demandé un quart de demi-seconde ce qu'ils pouvaient bien en avoir à taper que je passe une bonne année ou non. Mais j'ai évidemment répondu en souhaitant la pareille. Y a des fois où faut pas trop se rebeller contre les us et coutumes ni trop y réfléchir.

Cela étant, comme ce blog est de type personnel, je me permets de vous souhaiter sincèrement une excellente année 2016 (parce que rien que le fait de lire ce blog fait de vous des personnes dignes de vœux).

Moi j'aime bien les Fêtes de fin d'année. Noël, c'est magique. Il faut d'ailleurs que je vous prépare l'album 2/2 de Basile le lutin. Calendrier de l'Avent mis à part, on vit une sorte de marathon à faire les magasins, dresser une jolie table et passer du temps en famille. Ca sent bon les pâtisseries saisonnières dans les maisons. Le frigo déborde de bonnes choses, qu'on sait qu'on ne devrait pas engloutir pour le bien-être de notre balance, mais qu'on engloutit quand même avec toute la délectation du pécheur qui s'en repentira au moment de se remettre en maillot de bain. On choisit des cadeaux pour le plaisir de faire plaisir, ça aussi, c'est magique. Les yeux brillants des enfants qui découvrent que - heureusement - le bonhomme en rouge a amené ce qu'ils avaient commandé. En tant que parent, on redoute toujours un peu le moment de l'ouverture des cadeaux. On guette les déceptions. On guette aussi les réactions, parce qu'on sait que dans notre société de consommation, les enfants sont trop gâtés mais on peut quand même pas s'en empêcher; on espère juste qu'ils ne soient pas complètement pourris/blasés/etc. On leur glisse à l'oreille un bout de vérité "c'est de la part de tonton Jacques" ou un pieux mensonge "c'est tata Suzon qui a donné les sous au Père Noël". On respire un peu quand on entend des mercis. Cette année, nous avons aussi eu les yeux qui brillaient devant plusieurs dessins de blondinets assortis de jolies déclarations d'amour. Noël c'est magique.

J'aime aussi la Saint-Sylvestre, simplement parce que c'est l'occasion immanquable d'une soirée entre amis, on choisit un thème - si possible loufoque -, on rit en découvrant l'inspiration des uns et des autres; chez nous on se retrouve à une épeclée, entre 0 et 40 piges, on se fait un cadeau par tirage au sort, on joue le jeu de notre G.O. attitré qui nous prépare toujours un petit quiz musical improbable. Certaines fois, ça part en live au moment du Pictiooooooooooonnary. Cette année les enfants ont marqué la fête de leur empreinte, on a pogoté sur du Black M au lieu de reprendre en chœur du Gilbert Montagné. On a essayé un peu d'Herbert Léonard, mais ils ont vite repris les commandes du juke-box (entendons-nous, il s'agissait en fait d'un iPomme connecté à une enceinte Bluetooth). Les temps changent, on s'adapte.

Le Nouvel An, c'est l'occasion de tourner la page de l'année qui s'achève, entre bilan et bonnes résolutions. Le bilan, je le trouve assez compliqué cette année. Si je devais dessiner un graphique, ça ressemblerait à celui d'une sortie à vélo sur Runtastic; ça partirait à peu près au niveau de la mer, il y aurait de lentes ascensions et des descentes abruptes. La vie est faite de hauts et de bas. L'avantage des bas, c'est qu'ils ne te laissent pas d'autre choix que de remonter. J'ai jamais aimé le plat... mais finalement ce qui compte, c'est de passer la ligne d'arrivée. Coup de bol, l'arrivée 2015, elle était sur une crête. Le maillot à pois, il est pour bibi. Cette année plus qu'aucune autre, je me sens extrêmement chanceuse, parce qu'au cours de l'année, j'ai partagé des rires et des larmes et des larmes de rire, c'est ma marque de fabrique, avec des personnes qui sont dans ma vie depuis des plombes (et demies) et ça aussi c'est magique. A coups de cafés, d'apéros, de repas, de week-ends, de longues discussions en direct ou par écran interposé, j'ai reçu beaucoup. De l'énergie, des encouragements, du soutien, de l'amitié. Beaucoup d'amitié. Alors ma principale résolution pour 2016 à part les traditionnels kilos post- régime dissocié foie gras/bourgui/bricelets/macarons/chocolats à perdre c'est de profiter de cette chance, de savourer les moments partagés avec ceux qui sont à mes côtés (et si vous ne voyez aucune image de ces moments sur les réseaux sociaux, c'est justement parce que je les savoure plutôt que d'en perdre une miette pour les montrer à mes 459 amis) et de renvoyer comme un miroir tout le positif que j'ai reçu et que je reçois encore. Quant aux esprits chagrins qui se complaisent dans les critiques, le défaitisme ou un goût immodéré pour le dramatique, je compte bien les semer dès le prologue. La course 2016 n'en sera que plus belle.