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mercredi 23 avril 2014

L'inexorable transhumance des playmobils

Note de Blagueuse: Suite à la lecture tout à l'heure d'un whatsapp en manque de blog, je me décide à publier ce brouillon, qui traînait sur mon compte blogger. Il n'est pas forcément achevé, il n'est pas forcément actuel, mais parmi les articles que je commence sans avoir le temps de les terminer (ce qui m'arrive malheureusement bien trop souvent), je me suis dit que c'est celui qui plairait sans doute le plus à l'auteur du message révolutionnaire réclamant quelques lignes à se mettre sous la dent.

 
Ils sont encore remontés. Sur le moment, j'ai eu du mal à le croire: après avoir fait les escaliers dans tous les sens 150 fois pour ramener au bon étage les jouets des enfants, les vêtements "moyen sales" traînant sur un dossier de chaise, les vêtements propres et repassés prêts à ranger, la pommade à bobo utilisée le matin, etc., j'étais sûre que tout était à sa place, la maison rangée et propre, me laissant l'esprit tranquille pour me plonger sans états d'âme dans mon bouquin, avec la satisfaction du devoir de ménagère accompli. Et puis tout-à-coup je les ai vus sur le bord du lavabo. A l'insu de mon plein gré s'était encore déroulée l'inexorable transhumance des playmobils.

Je suis génétiquement bordélique. C'est dramatique. Je me soigne. Mais certains jours je me dis que c'est une fatalité, qu'à chasser le naturel il reviendra forcément galopant comme un fringant étalon. Pleine de bonne volonté, je tente parfois de réprimer ma tendance maladive à poser les choses à l'endroit où je me trouve plutôt que d'aller les ramener à leur place. Et parfois je me fais une raison. Ma maison ne sera jamais un endroit où il n'y a pas de "papiers à trier/ranger/jeter" sur le buffet. Pas d'emballage de goûter abandonné par un blondinet sur le plan de travail de la cuisine. Pas de jouets par terre tentant d'aller se cacher sous le canapé. Pas d'aspirateur qui attende sagement de faire une dernière pièce-qu'on-a-pas-eu-le-temps-de-faire-tout-de-suite avant de retourner dans son armoire. Pas de corbeille de linge à repasser. Pas de corbeille de linge repassé prêt à ranger non plus. Pas de table à repasser qui est restée dehors parce que de toute façon le temps qu'on ait fini le repassage, la lessive de la semaine suivante est déjà en cours et ça vaut plus la peine ranger l'amie Laura (Star).

Dans une certaine mesure, j'envie les femmes qui ont toujours l'air de n'avoir aucune tâche ménagère en cours. Pas de journal du jour précédent dans lequel il est essentiel qu'on découpe une petite annonce ou qu'on montre une photo à Pierre ou Paul (même si on sait pertinemment que quand on reverra Pierre ou Paul, on oubliera forcément de lui montrer la photo). Pas de paquets de pâtes entamé sur l'étagère de la cuisine, parce qu'il n'y avait plus assez de boîtes métalliques pour héberger la 7e variété de pâtes. Soit ces femmes-là ont plus de boîtes métalliques que moi, soit elles ne cèdent pas à la tentation des "farfalle" tant qu'elles ont un paquet de cornettes, un paquet de fusilli et un paquet de penne rigate ouverts.
Toutefois, l'avantage quand on est bordélique, c'est qu'on voit la différence quand on range. Je me dis que le maniaque, quand il range, il la voit pas, ça me réchauffe le coeur. Ca vaut pour le ménage en général d'ailleurs, le maniaque ne doit éprouver que le quart de ma satisfaction quand il a fini de faire ses vitres, parce que moi, avant de les faire, je ne voyais plus la fumée de la cheminée de mon voisin (oui, d'accord, le feu de cheminée n'est pas spécialement de saison, mais je m'amuse pas à faire mes vitres en ce moment de toute façon, il fait trop chaud). Autrement dit, la maniaquerie du maniaque lui ôte un nombre incalculable de petits plaisirs. Les vitres à travers lesquelles on voit. Les draps frais avec leur parfum d'adoucissant. La lessive pliée et repassée répartie en jolis tas (et pour 5 personnes, autant vous dire que ça prend toute la table de la salle à manger). Bref, tous ces petits moments qui donnent le sentiment du travail bien fait. Sentiment qui est limité si tu changes les draps alors qu'ils n'ont même pas eu le temps de perdre leur parfum ou que tu repasses le contenu de chaque machine avant de lancer la suivante. CQFD, le maniaque se prive d'instants de grâce.

Il n'y aura donc personne pour me faire culpabiliser de mon bordélisme. De toute façon, dès qu'une visite est annoncée, je passe en mode rangement super efficace; les 5 dernières minutes avant l'arrivée des invités, je passe carrément en mode "planquons ce qui dépasse". Pour ce qui ne peut être planqué, j'opte pour l'affirmation, sur un ton détaché: "une maison est faite pour vivre, pas pour être nettoyée", leitmotiv illusoire du bordélique refoulé.
Pour couronner le tout, les bordéliques ne marient pas des maniaques et les chiens ne font pas des chats: autrement dit, non contente de lutter contre ma nature profonde, j'assume aussi celle de mes quatre mâles. Pour le coup j'en trouverais presque ma maison étincelante. Presque. Et seulement tant que personne ne passe à l'improviste boire un café!