Ce blog c'est...

Un peu de tout, de moi, de nous... A lire, à sourire, à commenter et à partager!

dimanche 29 mars 2020

Semaine #2


Petite note pour les abonnés Facebook: non, je ne yoyotte pas de la cafetière, le méchant virus n'a pas eu raison de mes derniers neurones, mais tout le monde n'étant pas sur Facebook, je reprends volontairement dans mon journal de quarantaine hebdomadaire quelques posts publié cette la semaine :) 

Home (school), sweet home (school)


L'école à la maison a débuté officiellement lundi dernier. Après les prises de tête infrastructurelles, nous nous y sommes donc mis. Les grands se débrouillent pour ainsi dire seuls, entre la gestion du Terminal Server, les tâches et la lecture. Reste Platinum à coacher, ce qui s'avère finalement plutôt drôle.
Cette semaine, donc, nous avons eu cours de sciences. Thème: l'eau dans tous ses états... moi aussi, après avoir expliqué que le solide, on pouvait le toucher, que le liquide, ça mouillait et que le gaz, par déduction ça devait être ce qu'on pouvait pas toucher et qui mouillait pas et ne coulait pas. Juste avant de (re)découvrir que le brouillard, en fait, c'était du liquide #VDM
Moralité, j'ai bien fait d'opter pour les langues.

En maths, on avait additions en colonnes. Me voyant corriger sa fiche sur la calculatrice Windows entre deux paragraphes de traduction (non parce que l'école à la maison, c'est bien, mais les parents, accessoirement, ils doivent aussi travailler), Platinum s'écria "Ah ben ça va plus vite comme ça!" Oui mais justement, toi tu as du temps à occuper. Beaucoup de temps. Tu me referas 3 additions pour payer ton insolence le temps que je finisse la traduction de mon communiqué urgent.
Maths encore, vas-y qu'il faut mesurer la porte d'entrée, la largeur de la chambre et autres. Autonomie: 1m39. M pour mètre, pas pour minute. Il s'est quand même débrouillé pour la brosse à dents, ça m'a laissé le temps de traduire la liste des destinataires de mon texte.
En travaux manuels, on a dû demander une dispense.
Motifs: salière de table insuffisante, réserve de sel de cuisine épuisée, quarantaine. Merci aux maîtresses de ne pas nous imposer de plats fadasses ces prochains jours au nom de la sacrosainte pâte à sel. On fera un lapin de Pâques en rouleaux de PQ à la place. C'est tendance.
En géo, fallait construire sa maison en lego. J'ai utilisé le joker de l'appel à un grand frère.
En français, on a une phrase par jour de dictée. Ca paraît pas grand-chose. Mais quand le printemps du lundi laisse place à un "printant" le jeudi ou le vendredi, tu te dis que finalement, cette période de renforcement des acquis n'est pas franchement superflue. À mon avis, c'était un acte de rébellion face à l'annonce de la météo maussade à venir.

Hâte de découvrir le programme de la deuxième semaine. Ou pas.

Tous les goûts sont dans la nature

Outre ces déboires scolaires, notre vie en quarantaine est presque un long fleuve tranquille. Après la toux, la fièvre, suis passée par un rhume de cerveau flash éclair et finalement, retour à un état normal ni vu ni connu. Covid or not Covid, telle est la question. Mon nouveau collègue (entendez celui qui a dû s'installer un poste de travail à l'arrache et qui a sans vergogne piqué le câble HDMI de la box et la chaise de bureau de l'ado), lui, s'amuse à compléter le tableau clinique avec une perte du goût et de l'odorat entre autres réjouissances. Ce à quoi le préado a rétorqué "moi aussi je veux avoir le Covid-19, comme ça je pourrai manger tous les légumes qu'elle veut maman". À quelque chose malheur est bon, comme disait l'autre.

On a rapatrié les jeux de société, mais les enfants sont intraitables, on en est quand même à la 432e partie de Mille bornes. C'est paradoxal de plus toucher la voiture et de voir des pannes d'essence et des véhicules prioritaires quand tu fermes les yeux pour t'endormir.

La mode est au "Skypapéro" et rendez-vous festifs par caméra interposée. Une occasion en or pour les radins notoires d'inviter un max de monde sans sortir le crapaud. Les vrais, les purs et durs, seront définitivement attribués à la catégorie grippe-sous quand on pourra ressortir et qu'ils viendront faire remarquer que la dernière fois, c'est eux qui ont invité.

Kobo Blues

Juste avant les directives de semi-confinement, j'avais senti souffler le vent des problèmes et commandé deux liseuses en prévoyant la fermeture imminente des bibliothèques. Je précise que les magasins étaient encore ouverts et que j'ai cherché mon bonheur en vain au 1920 avant d'ajouter à la charge de travail des postiers. Bref. Je commande mes deux liseuses. Par défaut, ça met "retrait en magasin". Je sélectionne l'option "livraison à domicile". Je valide. Carte refusée. Grrrrr. Je réessaie. Option "retrait en magasin" par défaut. Je sélectionne l'option "livraison à domicile". Je valide. Carte refusée. Je perds les nerfs, j'appelle le service client des cartes, qui me passe la banque, qui m'explique un obscur problème de deux cartes distinctes sur un même contrat blabla. Bref, problème résolu. Je retourne sur le site du magasin électronique. Option "retrait en magasin" par défaut. Je valide. Paiement accepté.

"Votre commande sera à retirer au magasin de Conthey à partir du 19 mars" #VDMbis
Je contacte immédiatement le service client par mail, vu qu'il n'y a pas de numéro de téléphone...
Le lendemain, le Conseil fédéral décide que les magasins non alimentaires ne rouvriront pas.
J'espère encore un peu que quelqu'un lira mon message (mon espoir est à peu près équivalent à celui que j'aurais si j'avais mis un papier dans une bouteille balancée à la Dranse).
Quand je reçois des nouvelles, c'est  1) un message automatique confirmant que ma commande a bien été expédiée au magasin de Conthey => la bouteille n'est donc - comme je m'y attendais - jamais arrivée au bout du Léman ; 2) un message adressé à l'ensemble de la clientèle pour dire que les articles commandés pour un retrait en magasin, "on va chercher une solution". Genre un jour, peut-être, tu les auras, tes liseuses.

Pendant ce temps, le préado a englouti les deux pavés prêtés pour sa cousine. Il a relu "Un sac de billes" et s'est refait l'intégrale d'Astérix. Je suis pas sûre qu'il soit mûr pour les Stephen King. La prochaine étape, c'est le rayon de la bibliothèque où dorment sagement mes ouvrages de matu. Il va pas aimer.

Enfin, un beau matin de confinement, les liseuses sont arrivées, sans préavis. Quelques clics ont suffi pour télécharger la suite de Hunger games et autres lectures d'ados. J'ai même réussi à cyber-emprunter un e-book pour ma pomme à la Médiathèque. Moi qui étais une lectrice papier convaincue, je découvre un nouveau monde. Une page se tourne. Au figuré, parce qu'au propre, justement, les pages ne se tournent plus. De ce que j'observe en regardant mes ados lire à haute dose, en tous cas. Parce que deux liseuses, divisé par deux ados = que pouic pour les parents #VDMter.
Cela dit, des Hunger games, y en a que trois. J'aurai peut-être accès à une Kobo avant qu'ils se trouvent un autre bouquin dont ils n'arriveront pas à décrocher!

Bonne semaine à tous, malades en isolement, confinés, pas-vraiment-confinés-mais-disciplinés, personnel soignant, personnel de vente, de livraison, personnel qui assure un max! Prenez soin de vous, et MERCI!

... et les autres

RESTEZ CHEZ VOUS

 

 

 

dimanche 22 mars 2020

Petit guide du home office

Ô toi qui jusqu'ici prenais tous les matins ta voiture, tes jambes ou les transports publics pour te rendre à ton bureau, bienvenue dans le monde impitoyable du télétravail. Comme j'y vis depuis plus de dix ans, je me permets une petite visite guidée.


Je télétravaille donc je grossis?


Oui, ou non. À toi de décider en fait. Je vois depuis une semaine les gens s'inquiéter de leur surpoids à venir comme si c'était une fatalité directement imputable au confinement (vous ne m'en voudrez pas de schématiser la situation actuelle et d'utiliser ce terme bien que j'aie parfaitement compris qu'on était pas vraiment confinés parce qu'en Suisse on est tellement plus raisonnables que le reste du monde que si on nous dit de rester chez nous, on y reste sans avoir besoin d'imprimer et signer un papier pour dire qu'on va chercher du pain pour déjeuner - j'espère que c'est vrai, mais je fais un peu mon St Thomas pour le coup) ou au fait de travailler chez soi. Alors soyons clairs, toutes les personnes qui travaillent chez elles ne sont pas obèses, tout comme il est vrai que travailler à l'extérieur et avoir libre accès à la vie sociale, aux activités de loisirs et à tout l'éventail de choses dont nous sommes pour l'instant privés ne garantit à personne de rester fit. Si ça se trouve, la pandémie va non seulement faire diminuer la pollution mondiale, mais la fermeture des fast foods et l'accès un peu moins aisé à la nourriture hyper industrialisée vont même freiner un chouïa la pandémie d'obésité. Il est permis de rêver.
Autrement dit, ce qui entraînera un changement de tendance sur votre balance ces prochains mois, c'est votre libre arbitre et non les modifications de votre situation professionnelle. Travailler chez vous ne signifie pas travailler dans votre frigo.
Quelques conseils: gardez un vrai rythme. Vos enfants sont à la maison et la même recommandation leur est faite, profitez-en. Levez-vous, prenez un bon petit déj, agendez une pause café virtuelle avec votre collègue (ma douce moitié professionnelle Aude et moi avons pour ainsi dire inventé ce principe, ils ont créé un émôticon exprès pour nous dans le chat de Gmail d'ailleurs.
A priori, il ne devrait pas y avoir de croissants ou pains au choc tout frais dans votre cuisine contrairement à la cafèt du boulot, à part si votre conjoint est un boulanger confiné... profitez-en pour croquer une pomme en cas de fringale (qui vous aura été livrée dans un panier commandé directement chez le producteur). Tirez votre café et quittez la cuisine sans ouvrir de placard. Vous n'avez pas le moral? Faites-vous un bon thé réconfortant et croquez un carré de chocolat noir (si si, un seul, c'est possible) en vérifiant que les enfants ont fait le bon exercice de Bled. Une paire d'oreilles vous fait de l'oeil? Fixez-vous un moment dans la journée où vous vous octroyez le plaisir de Pâques anticipé, après dîner, ou le soir devant la télé, quand vous voulez, mais UN moment, on ne laisse pas traîner le sachet à portée de main!
Pour le reste, malgré l'ambiance de fin du monde et les rayons de pâtes vides, vous aurez remarqué qu'on ne nous a pas encore remis de tickets de rationnement, on en est pas à se faire distribuer de l'eau potable par l'armée comme dans les zones de conflit armé, alors respirez et cuisinez. Vous avez toujours le droit de manger des fruits et des légumes, du poisson et autres éléments d'une alimentation saine et équilibrée. Les rayons ne sont pas toujours approvisionnés au moment où l'on y passe, c'est troublant, angoissant même... Optez comme dit plus haut pour les petits producteurs, qui vous prépareront ce qu'il vous faut. Pas dans l'heure, peut-être, mais dans des délais plus pratiques que les géants de la distribution (dont les sites sont de toute façon limite inaccessibles). Les boucheries indépendantes, les petits épiciers, nombreux sont ceux qui mettent des choses en place pour nous aider. Cela vaut pour les personnes à risques, mais comme je vous l'expliquais dans l'article précédent, étant nous-mêmes dans le doute à cause d'une petite fièvre et de quintes de toux, nous faisons le nécessaire pour ne mettre personne en danger.

Et les 10 000 pas?


Voilà un autre souci très tendance. Je me demande combien de ces nouveaux soucieux vérifiaient effectivement leur nombre de pas quotidien avant qu'on leur dise qu'ils allaient travailler à la maison. Je n'ai pas de montre connectée. Je n'ai pas mon téléphone-compteur-de-pas sur moi quand je me déplace dans ma maison sur trois niveaux, et c'est pourtant là que je me déplace le plus. Aucune idée donc du nombre de pas que je fais réellement dans la journée, mais il y a quoi qu'il en soit de bonnes habitudes à prendre:
- Se lever de sa chaise, au minimum une fois par heure: ne serait-ce que pour la circulation sanguine (perso, mes efforts sont insuffisants pour lutter contre mon piètre héritage veineux, mais faut le faire quand même). Faire quelques pas, s'étirer. Monter et descendre une ou deux fois les escaliers si vous en avez. Aller chercher le journal. Le travail à la maison, ça a aussi l'avantage de pouvoir aller changer la machine à laver dès qu'elle se termine. Vous avez mauvaise conscience de le faire sur votre temps de travail? Balivernes (ha ha, je suis sûre que ça faisait longtemps que vous ne l'aviez pas lu ou entendu, ce mot-là!), vous ne perdrez pas plus de temps en le faisant que si vous aviez papoté avec un collègue en allant chercher un document à l'imprimante commune. Vous avez même le temps d'étendre le linge au soleil.
- Aller se balader: parce qu'on est pas confinés, c'est Alain qui l'a dit. Pas le mien, l'autre. Donc si vous en avez la possibilité, prenez le temps d'aller marcher un moment à un endroit où vous ne croiserez pas trop de monde.
- Faire du sport en vidéo: là aussi, c'est tendance, mais de mon côté je peux vous en parler avec plus de six mois de recul. Si les raisons qui m'y ont poussée ne sont pas les mêmes qui motivent les troupes aujourd'hui (pour ma part j'avais du mal à caser le trajet, l'heure de cours collectif, le café avec la belle-soeur et le trajet retour dans mon emploi du temps en journée, et mes soirées étaient la plupart du temps trop rythmées par des trajets de taxi-foot pour être compatibles avec une activité sportive pour moi), je ne peux que vous encourager à vous y mettre. Vous trouverez sur YouTube de quoi faire selon vos envies et votre niveau. Pourquoi des vidéos me direz-vous? Parce qu'il y a de très bonnes chaînes tenues par de vrais coachs professionnels qui vont vous motiver et vous aider à être réguliers. Parce que tout le monde a déjà commandé un appareil de gym (vélo, tapis de course ou autre appareil compact pour se faire des abdos en acier ou des fessiers galbés) qui a rapidement trouvé sa place sous le lit pour ne plus en sortir. Donc pour ne pas arrêter et trouver mieux à faire dès la 2e séance, il faut mettre en place une routine. Cherchez et trouvez ce qui vous plaît. Du prof d'éducation physique saviésan qui propose son heure de gym en ligne tous les jours à la "TeamCovid"(https://www.lenouvelliste.ch/dossiers/coronavirus/articles/coronavirus-chaque-jour-une-video-de-sport-pour-inciter-les-eleves-et-les-autres-a-bouger-921167?aio-facebook-post) aux petits challenges sous forme de "calendrier", tout est bon à prendre. Pour ma part, ma chaîne fétiche s'appelle Move your Fit et propose des séances d'une vingtaine de minutes, sur toutes sortes de thèmes en temps normal, avec un challenge spécial quarantaine et une session live (parfois format parent-enfant plutôt très ludique) tous les matins à 10h30 actuellement. Essayez, le pire qui puisse vous arriver c'est de transpirer un bon coup!

Et les enfants pendant ce temps?


Sur ce point-là, dites-vous bien qu'on en est tous au même point: celui du creusage de méninges.
En temps normal, je profite de 32 x 45 minutes d'école (plus les temps de déplacement, de récré et d'attente des transports publics), synonymes de silence et donc propices à la concentration. Aujourd'hui je dois m'en passer, comme vous. Lors des vacances scolaires, j'essaie autant que possible de me lever avec le soleil et d'abattre tout le job possible avant le lever des marmots. Comme c'est les vacances justement, ils font la grasse mat, ça aide. Quand ils émergent, on peut donc passer tous ensemble la conscience plus ou moins tranquille au mode vacances. Bref, pas grand-chose à voir avec ce que nous vivons aujourd'hui. Dans les conditions actuelles, ils sont censés être eux mêmes occupés un certain nombre d'heures par jour par des tâches intellectuelles. J'ai donc d'abord pensé que nous allions tous travailler simultanément en parfaite harmonie le sourire aux lèvres en regardant les licornes qui broutaient paisiblement dans le pré voisin, enjolivant l'horizon de l'arc-en-ciel diffusé par leur queue multicolore. J'ai assez vite déchanté.
Tout d'abord il y a Platinum, en 5e. Jusqu'ici, ses tâches se sont cantonnées aux fiches de devoirs et autres coin lecture que les maîtresses avaient donné avant même de savoir que les portes de l'école resteraient fermées le lundi suivant. Dès demain lundi, il va falloir qu'il aille voir sur la plateforme ses tâches du jour. Il va falloir le coacher. J'imagine que des "mamaaaaaaaaaaaaan, je trouve pas le complément de phrase" et autres "mamaaaaaaaaaaaaan, j'ai fini le premier exercice de la page 1, je peux faire une pause" viendront interrompre mon élan concentratoire à un rythme plus soutenu que les propositions de mandats.
Ensuite il y a les ados, respectivement en 9e et 11e. Comme je l'ai déjà brièvement mentionné dans le premier article du journal de quarantaine, va falloir jongler au niveau de l'équipement. Les postes de travail sont aménagés, il faudra sûrement mettre en place un tournus entre mon ordinateur supersonique, le PC qui rame mais qui fonctionne avec beaucoup de patience et les bureaux à l'ancienne. On fera un chifoumi pour décider qui commence où. Reste à voir le temps effectif d'occupation scolaire. Et à espérer l'adhésion au programme imposé. Toutefois, je reste sur mon idée que l'apprentissage ne se fait pas que dans des livres. Il y aura donc aussi économie familiale au programme, lecture, beaucoup, mais c'est heureusement quelque chose de déjà bien instauré chez nous. Jeux collectifs. Entraide. Et pas trop d'entre-tuage, si possible. Les jeux de société sont récupérés. Tout ça fera l'objet d'un prochain article. Si vraiment ils ne sont pas assez occupés et que je juge leur volume de production écrite insuffisant, je leur confierai à chacun l'écriture d'un article de blog.


samedi 21 mars 2020

Journal de quarantaine, semaine #1

Samedi 21 mars. Début du printemps.

Normalement, aujourd'hui, nous devions accueillir un ado de Münsingen pour quelques jours, partenaire d'échange linguistique du préado. Au lieu de cela, nous ne côtoyons plus quiconque hors cercle familial étroit (2 parents et 3 enfants) à moins de 2m de distance.

Et dire que nous croyions que c'était en Chine, que c'était loin... et qu'aujourd'hui je n'ose plus même aller à l'épicerie du village.

Et dire qu'on se disait que c'était une maladie qui n'était dangereuse que pour la population à risque, et qu'aujourd'hui nous tremblons pour pour nos parents.

Et dire que nous pensions que nous étions plus forts que tout, bien à l'abri, dans un pays riche et prospère.

Toutes nos certitudes se sont écroulées. Tous nos acquis sont ébranlés. Et pourtant, nous devons rester debout et croire fermement que le chaos ambiant apportera du positif.

Depuis une semaine, le mot d'ordre c'est de rester chez soi. J'ai renvoyé des enfants du hameau, larmes aux yeux, alors qu'ils venaient en toute innocence chercher Platinum pour jouer. C'est dur pour les enfants.

Cette première semaine a été consacrée à l'adaptation.
De mon point de vue, la pression environnante mérite qu'on prenne le temps d'encaisser. Nous autres, parents, qui devrons ces prochaines semaines jongler avec des enfants non seulement "scolarisés à la maison", mais en plus privés de toute activité extérieure et de toute interaction sociale. Mais aussi les enfants, qui aussi ont besoin d'un temps d'adaptation, n'en déplaise au prof d'allemand qui a crié au devoir non rendu par le préado le premier lundi de "l'école à la maison" à 16h tapantes - ils entendent, ils assimilent, ils ont peur, ils doivent changer de mode de fonctionnement, de mode de pensée même. Nous avons tous besoin de prendre une bonne inspiration et de souffler encore davantage. Nos enfants ne vont pas être en échec scolaire s'ils n'ont pas fait 15 pages de BLED cette semaine. Sérieusement. J'ai eu l'occasion d'échanger avec des mamans et des enseignants de mon entourage, les décalages sont énormes, mais j'ai la conviction que le résultat dans quelques semaines ne le sera pas tant que ça... Inspirons... Expirons... et faisons tous de notre mieux en tenant compte des circonstances - extraordinaires? uniques? historiques?

C'était juste mon petit besoin de mise à plat personnel. Avant de passer au "rigolo", je vais encore faire une petite dédicace à mes ami(e)s et proches qui travaillent dans les domaines chauds, de la santé, de la grande distribution, de la livraison et autres. Je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront et j'espère n'oublier personne dans mes messages d'encouragement privés. On pense à vous, on sait que ce n'est pas facile mais que la société a besoin de vous plus que jamais. MERCI!!

Envoi d'ondes positives aussi à ceux qui sont - ne leur en déplaise [mais non vous êtes pas vieux, vous êtes juste expérimentés] -  dans les groupes à risque et en attente de leurs résultats de dépistage.

Bon, ce journal de la quarantaine donc:

- En une semaine, un préado peut apprendre à faire la lessive et y prendre goût au point de dire "quoi? pas de machine à lancer aujourd'hui?"
Voyant mes sous-vêtements à l'abandon dans la corbeille, seuls délaissés au fond de la corbeille au moment du pliage et rangement, je me suis quand même renseignée sur le problème. "C'est gênant", m'a-t-on répondu. #VDM #fallaitfairedesfilles #nonmaiscétaitpourtantpasdesstringsendentellehein

- Un ado peut se plaindre de son incapacité momentanée à ne pas faire la grasse mat'. Mais qu'est-ce que t'as pas compris dans la phrase "L'école à la maison, c'est pas les vacances"? "Non mais j'ai compris. Mais le gars, là - Jean-Philippe Lonfat, chef du service de l'enseignement de l'État du Valais -  il a bien dit qu'il n'y aurait PROBABLEMENT pas les examens cantonaux, nons?". Ou comment motiver un ado qui a peut-être bien fini son école obligatoire avec 3 mois offerts par le généreux sponsor "COVID-19"

- "Vous avez un ordinateur et une connexion internet? Vous avez déjà installé le Terminal Server?": par les titulaires de l'ado ET du préado entre le premier samedi et le premier lundi de la quarantaine. Réponse: mais oui, bien sûr. Mise en pratique: entre le préado et ses devoirs et retard avant même d'avoir commencé et l'ado dont les profs n'ont pas - eux - fait le deuil des 3 derniers mois d'école obligatoire, on arrive à au moins 8h par jour d'utilisation informatique. Ressources disponibles: mon ancien ordi professionnel, un peu lent mais OK, et mon ordi professionnel... Autrement dit, pour les ados c'est bon, mais concrètement, comment je bosse, moi, indépendante qui travaillait tranquillement sur mon ordi 28h par semaine avant tout ce schnabe?
Après une semaine de jonglage, on essaie de réinstaller le PC pourrave récupéré à la hâte qui tente - assez vainement pour l'instant - de tourner sur Windows 7. Non, mais on a des potes informaticiens, hein, mais ils peuvent pas tant venir...

- Jour férié de quarantaine: comme un jour normal, en fait. Sauf que le co-chef de gang a pas besoin d'aller bosser dans son bureau confiné en se désinfectant les mains après chaque contact avec une poignée de porte dans sa boîte pharmaceutique. Donc on se dit qu'on va faire un jogging, parce que le 24/24, 7/7 avec la progéniture, c'est quand même compliqué. En remontant de la plaine, je perds un poumon à la montée. Bah bah, c'est normal quand tu essaies de grimper à l'allure de celui qui - il y a pas si longtemps - s'entraînait pour la patrouille [moralité: arrêter d'aller courir dehors est préférable pour votre santé et accessoirement pour le reste de la populace qui prend l'air et sur qui vous risqueriez de crachotter au passage]. Quelques heures plus tard, quintes de toux et fièvre. Et là t'envoies le psychottage à peu près au niveau de quand t'essayais de tomber enceinte pour la première fois (celles qui sont passées par là comprendront sûrement). On compte pas les jours de retard, mais on scrute la tempé et les heures de distance entre les Dafalgan indispensables. Deux jours et quelques quintes de toux assez soft plus tard, ben ça va. Donc soit je me suis fait une petite frayeur psychosomatique, soit j'ai terrassé le Corona plus vite que mon ombre. Vous tiens au courant.

Programme de fin de week-end: aller au chalet récupérer Mysterium, Time's Up et les Aventuriers du Rail. Non parce qu'au Cluedo, le colonel Moutarde arrive plus à battre les gosses, ça va pas du tout.

Les semaines à venir vont être étranges, certainement, longues, probablement, mais pas dépourvues d'enseignements. Gardons le cap et restons chez nous!





lundi 16 mars 2020

Coup d'arrêt

J'avais un article presque prêt sur ma nouvelle passion pour l'alimentation saine et équilibrée et un autre bien avancé dans ma tête sur l'étape cruciale de la signature de contrat d'apprentissage pour un gamin de 15 ans. Je pensais publier le premier au cours de la semaine à venir. Mais ça, c'était avant. Quand nous souriions - on aurait dû savoir que c'était un peu jaune - en voyant la Chine plier le genou face à un microorganisme viral. Et puis il y a eu ce vendredi 13.

Aujourd'hui notre pays, comme une bonne partie du continent et du monde, a aussi un genou à terre. Demain les enfants n'iront pas à l'école. Personne ne sait vraiment ce soir comment la vie va s'organiser, nombreux sont ceux qui sont inquiets pour leur avenir économique quand ce n'est pas pour leur santé (ou pour la pénurie de PQ, mais ce dernier phénomène restant inexpliqué, je n'épiloguerai pas). Demain mes enfants n'iront pas manger chez leurs grands-parents. Ni le lundi suivant. Ni celui d'après. Ni... On ne sait pas jusqu'à quand. Chez nous, à l'heure où je vous écris, nous espérons juste n'avoir pas été involontairement vecteurs du virus. Nous n'avons pas désobéi aux ordres. Nous avons essayé de prendre de bonnes habitudes. Mais nous avons vécu normalement jusqu'à vendredi, nous avons poursuivi nos activités sociales, nous avons été skier, nous avons, en y pensant bien, côtoyé des dizaines et des dizaines d'inconnus de tous horizons... Nous avions l'impression de faire ce qu'il fallait, nous avons parfois même essuyé des moqueries en refusant une bise ou une poignée de main. Nous nous sommes laissés rattraper par la vie, parfois, parce qu'il semblait juste indécent de taper le coude à un ami qui vient de perdre son papa. Aujourd'hui l'heure n'est plus aux exceptions ni aux demi-mesures. Les directives des autorités nous semblent drastiques, mais elles ont 15 jours de retard. Se conformer à ces mesures est un devoir civique, mais à nous d'essayer de rattraper un peu de ce retard en faisant en plus preuve de bon sens.

N'envoyez pas vos enfants jouer avec les voisins à la place de jeux.
Ne pensez pas qu'aller vite boire un verre avec des amis avant le shut down complet est une preuve de courage.
Restez à distance, même de vos parents, même si c'est dur. C'est dur pour tout le monde, pour tout le pays, pour tout le continent, pour tout le monde, au sens propre.
Pensons à ceux pour qui c'est plus dur que pour nous au lieu de nous morfondre. Pensons au personnel soignant. A ceux qui remplissent sans fin les rayons dévalisés des supermarchés. A ceux qui ne peuvent pas rester chez eux en sécurité.

Depuis plusieurs jours et aujourd'hui spécialement, je pense aussi à ceux qui perdent un proche dans ces temps difficiles. Repousser une fête d'anniversaire, des vacances, un souper de boîte ou un mariage, c'est contrariant. Mais il sera toujours temps de partager des moments de joie quand les temps durs seront derrière. Celles et ceux qui doivent dire au revoir à un proche en ce moment n'ont pas de report possible et doivent le faire de manière isolée, sans les manifestations physiques de soutien et de sympathie qui soulagent un peu la peine. Le virus n'aura pas raison de notre solidarité et de notre compassion. Nous pensons à vous.

Pour ma part, je vais essayer d'apporter un peu de gaieté à cette période morose en écrivant plus souvent. Non parce qu'il faut dire que le début avorté du tour de printemps du foot régional et l'arrêt des remontées mécaniques me libèrent un max de temps!! Et il faut en profiter pour retrouver goût aux loisirs créatifs, qu'ils ont dit!

... Les chroniques de la quarantaine rugissante n'auront jamais si bien porté leur nom!