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mardi 14 novembre 2017

La valse des anniversaires

Je crois que ça fait des années que je promets cet article à qui veut l'entendre chaque fois que je termine les anniversaires de l'année au sein du gang et qu'arrivent les mois d'octobre et novembre, saison "baby-boom", peut-être l'effet St-Valentin, je sais pas. Toujours est-il qu'à peine je tourne la page "mercredi après-midi avec une flopée de bambins copains de Platinum" que les trois colonnes de droite de mon agenda familial se remplissent inlassablement d'invitations les mercredis, samedis, et parfois même dimanches ou soirées après l'école.

Tant que ton petit a 3-4 ans, tu peux gérer. Une petite fête de famille pour marquer le coup et voilà. Et puis un jour, ton enfant va à l'école. Il a des copains. Enfin il avait déjà des copains avant, mais c'était principalement les enfants de tes copines, des copains contextuels quoi. Dès qu'il va à l'école, il agrandit son cercle, et y ajoute - fait non négligeable - des enfants que tu ne connais pas, avec des parents que tu ne connais pas. Et là ça devient compliqué. En première année, si comme moi tu as la chance d'avoir engendré entre août et octobre, tu peux prétexter qu'il ne connaît pas encore bien ses camarades et te contenter d'amener un gâteau en classe, dont la maîtresse gérera au mieux la distribution, les miettes et les fourchettes-catapultes. L'enfant est heureux. Mais pas longtemps. Au fil de l'année, les petits camarades nés plus tard commenceront à envoyer des invitations pour un goûter chez eux. Avec un peu de bol, le tien ne remarquera pas qu'il n'y a pas eu droit. Au pire tu lui expliques que les anniversaires avec effet rétroactif, ça n'existe pas. C'est toujours une année de gagnée.

Comme dans de nombreux domaines, les anniversaires sont l'occasion pour les mamans de voir un peu comment ça se passe chez les autres et parfois, hélas, de céder à une espèce de compétition. Quand tu pars du principe que pour un anniversaire, 1h30 et un goûter avec 5-6 copains dans ta salle à manger sont tout à fait satisfaisants et que ton mioche se retrouve invité à des fêtes avec château gonflable, spectacle de clown et bricolage-proposé-par-une-professionnelle avec un budget digne d'un mariage, des fois tu te sens un peu mal... Comme quand les enfants grandissent et se voient proposer des activités de plus en plus recherchées et de plus en plus onéreuses. J'ai vu que même le simulateur de chute libre indoor proposait un forfait anniversaire pour la modique somme de 699.-. Non mais sérieusement?! Je comprends qu'on cède à l'appel de l'anniversaire à l'extérieur (j'y ai d'ailleurs cédé parfois aussi), par commodité ou par envie, mais 700 balles????

Donc chez nous, c'est plutôt goûter d'1h30 avec 5-6 copains. Avec l'expérience, j'arrive à prolonger la durée sans que ma maison finisse comme la plaine de Waterloo. Et au fil des ans, je m'aguerris. J'ai donné dans la chasse au trésor, avec un certain succès. Dans le tournoi multi-sports, façon JO. Dans le tournoi de jeux de société, même, un jour où la météo de juin n'était pas vraiment de notre côté. J'ai très vite oublié le bricolage, les dragons en pots de petits suisses auront définitivement prouvé que je ne suis pas passée à côté d'une vocation de maîtresse d'Activités créatrices et manuelles. Et puis petit à petit, j'ai réalisé qu'à un anniversaire, les enfants ont souvent juste envie qu'on leur fiche la paix. Alors je me contente de donner quelques tuyaux: quand les garçons agités se mettent au foot, je sors les craies pour goudron pour les filles plus calmes. Pareil pour le goûter, au début, prise dans un enthousiasme maternel débordant d'esthétisme et de bonne volonté, tu fais un beau et délicieux gâteau. Oublie. A 9-10 ans, tu files des chips et des pop corns et ils sont ravis. Cette année, Platinum a eu le privilège de la fontaine à chocolat. Piégeux. J'avais dit plus jamais après la première tentative pour l'anniversaire de Blondinet II. Mais cette fois, Dieu sait comment, j'ai réussi à éviter les écueils du chocolat qui ne coule pas assez, de l'approvisionnement qui ne suit pas et des bananes nappées de chocolat volantes.  

Mais occuper les monstres et leur filer un truc à manger, ce n'est que la pointe de l'iceberg. La plus grande difficulté, c'est la résistance. Mentale et acoustique. Comme il y a plein d'enfants que tu ne connais pas, tu ne sais pas d'avance qui va jouer quel rôle. Mais il y aura forcément celui qui braille, par plaisir ou par habitude, celui qui casse tout (faut lui filer les Kappla, indestructible!), celui qui se fera taper par un autre, celui qui viendra t'expliquer que son copain s'est fait taper par un autre. Et puis il y a toujours celui qui veut être ton ami. Enfin c'est plus souvent des filles, je sais pas si c'est parce que je suis une fille aussi. Mais j'ai pas l'habitude, moi, d'avoir une pimprenelle qui reste près de moi et me raconte qu'à l'anniversaire de sa cousine Britanny, il y avait aussi une fontaine à chocolat, que pendant les vacances d'été, au mayen de tante Suzette, il y avait un chat comme le nôtre qui avait des petits et que la dernière fois qu'elle a mangé des fraises Tagada, elle a eu mal au ventre après. Il n'y a qu'un rôle qui revient toujours à la même personne: le rôle de tyran. Celui-là, c'est toujours ton gamin, c'est-à-dire l'heureux jubilaire, qui a bien intégré le fait que c'était "sa" journée et qu'il était le roi de la fête. Du coup, il subit une espèce de mutation inexplicable, et de l'enfant plutôt sympa, jovial et presque obéissant qu'il est d'habitude, il se transforme en moutard odieux, qui ne veut pas faire le jeu que tu as proposé alors que les invités tapent dans leurs mains d'enthousiasme. Il fait le paon devant ses camarades, ce qui t'insupporte au plus haut point mais tu peux pas (trop) le punir vu que c'est sa fête, et du coup il en profite, s'amuse à entraîner les autres sur la pente abrupte des bêtises en cascade, devient mauvais perdant ET mauvais gagnant, et tu finis par te demander si ses copains ne vont pas simplement regretter d'être venus et toi, tu regrettes amèrement de ne pas avoir une paire de parents qui vienne le chercher à 16h30, lui aussi. J'ai d'ailleurs proposé un jour à des copines que chacune organise l'anniversaire d'un autre enfant plutôt que celui de son rejeton, comme ça, une fois la journée éprouvante terminée, on se débarrasserait du tyran  pour n'avoir plus qu'à gérer un petit invité un minimum civilisé.

Bref, après un après-midi d'anniversaire, quand tout le monde est parti et que ton parquet est empreint de taches grasses non identifiées, que ton salon ressemble à un cimetière de ballons de baudruche et la salle à manger un champ de cotillons, tu te rends compte qu'en fait, si l'organisation des anniversaires est une compétition, elle ne se juge pas au budget ou à l'originalité: c'est pas "Maman a un incroyable talent"; non, c'est The Island: tout ce qui compte, c'est de survivre sans appeler la prod pour qu'on te sorte de là avant l'heure.

Comme dit en début d'article, nombreuses sont les mamans qui doivent relever le défi, la succession des invitations aimantées sur le tableau d'affichage en témoigne... et chaque invit est elle aussi un nouveau défi: pour 2h de tranquillité où une autre supportera ton enfant et ses camarades, il va falloir trouver un cadeau! Au premier anniversaire auquel est invité ton premier enfant, t'es pleine de bonne volonté, tu cherches une idée adaptée, originale, le budget te semble secondaire... Quand tu alignes 13 anniversaires en 6 semaines, tous blondinets confondus, tu passes de la boîte de Lego au bon cadeau, puis au paquet de bonbons. Le pire, c'est quand ton gosse rentre avec plus de choses qu'il n'en a amenées. Je lance sérieusement un appel, les mamans: arrêtez de faire des cadeaux aux invités, j'ai pas assez de place pour des tasses souvenirs au nom de vos marmots dans mes buffets! Idem pour les sachets de bonbons et autres cochonneries, pendant la durée de la fête, donnez toutes les friandises que vous voulez, mais aucun besoin de prolonger le moment de débauche, de retour à la maison ça sera pommes grenades et légumes verts et c'est moi qui vais devoir vider le sachet en cachette! Je me permets l'appel d'une part parce que vos enfants repartiront bredouilles de chez nous, eux, (et donc que je serais plus à l'aise que mes enfants rentrent bredouilles eux aussi) et d'autre part parce que j'ai remarqué, en m'excusant de cette indélicatesse auprès des parents qui venaient rechercher leur bouèbe, que la plupart étaient du même avis que moi, mais avaient sans doute bien trop peur de passer pour des pingres s'ils mettaient un terme à la tradition du sachet. 

Bref, chères mamans, je profite de cet article pour vos féliciter de votre résilience et pour vous transmettre mon mot d'ordre: haro sur le sachet!

jeudi 13 avril 2017

(Dé)génération?

Depuis quelque temps, une pub fait l'éloge de la "Génération Aldi". Je ne sais pas bien ce que c'est. Cette génération, donc, la marque de supermarchés low cost allemande, elle, je la cerne assez bien. Je n'ai pas spécialement d'atomes crochus avec ses bacs où tout est en vrac, mais bon, ça c'est personnel. Pis j'avoue que je vais parfois chercher des bottes de pluie taille 34 dans un bac parce que j'ai vu passer le dépliant (et que belle-maman m'en parle toutes les semaines). Ce matin, j'ai tout à coup réalisé que sur le container de triage du PET et autres piles du centre commercial avec lequel j'ai un peu plus d'atomes crochus, il y avait aussi cette revendication: "Génération M" (je vous laisse deviner la couleur du M). Euuuuh?? Depuis quand une génération se définit par l'endroit où elle fait ses courses? Admettons que la génération M, elle recycle, voilà qui me convient déjà mieux. Même si c'est ballot de se reconnaître dans le container de triage, ça me parle un peu plus le réchauffement climatique et la nécessite de faire qqch, la tendance aux courses "en vrac" armée de tupperwares et de bocaux en verre au lieu de dévaliser les rayons où le poids des emballages est sans le moindre doute supérieur à celui des denrées que l'on souhaite vraiment acheter.

L'autre jour (vu ma réactivité de blogueuse actuelle, "l'autre jour", c'était en 2016, mais c'est un détail), dans un texte à traduire, ils parlaient de la "Génération selfie". Là je comprends, je n'adhère pas, mais je comprends. Disons que même si on le regrette, il s'agit là d'un phénomène de mode plutôt récent qui va de pair avec l'évolution technologique et numérique. Je ne me reconnais pas davantage dans cette génération-là, la fréquence de changement de ma photo de profil sur les réseaux sociaux en témoigne. Du coup je me suis demandé de quelle génération j'étais, au juste, enfin nous étions, nous autres trentenaires-plutôt-sur-le-point-d'en-sortir (de la trentaine, s'entend), qui ne changeons pas de photo de profil sauf si nous changeons de profil (ou de face). Alphabétiquement parlant, on est la génération X. Entre les baby-boomers et la génération Y. On est bien avancés. On peut pas dire que ceux qui ont décidé de coller des lettres aux générations se soient beaucoup mouillés.

Telles étaient mes réflexions en janvier donc (quand j'ai cru que j'allais avoir du temps pour écrire). Et la réponse m'est apparue dans le reflet d'une coupe en argent. Et si je me remets aujourd'hui à l’œuvre pour finir enfin cet article, c'est parce que j'ai un peu de temps pour écrire, mais c'est surtout qu'un trophée en cristal (ou un truc transparent qui doit coûter plus cher qu'un vase à fleur Ikea, du moins) me l'a rappelé l'autre dimanche soir peu avant 21h, GMT +1 (heure d'été). 15h à Miami. Moi, je suis de la génération Federer. Je ne sais pas si le "zéro déchet" sauvera la planète du réchauffement climatique. Je ne sais pas quel monsieur avec un nom en -on succédera à Flamby à la tête de la France (ça sera de toute façon moins pire que si c'est une madame avec un nom en -haine). Je ne sais pas si un jour les médias arrêteront de nous saouler avec les "affaires" et si les campagnes politiques retrouveront un peu de bon sens au lieu de jouer dans la même catégorie que "Touche pas à mon poste", ailleurs, et ici. Je ne sais pas ce que nous réservent les prochaines années, décennies. A priori, on va tous continuer dans la même direction, y en a pas beaucoup qui rajeuniront, n'en déplaise aux liftés et bo-toxiques. Mais quoi qu'il advienne, nous - vous, plus moi, plus tous ceux qui le veulent - on pourra toujours dire: "A notre époque, il y avait Federer". Ca sauvera à jamais notre génération. Celle de nos enfants, peut-être. La société a besoin d'icônes, de modèles. Mais quand je vois que Nabilla dédicace au Salon du Livre (!!!!!) - enfin prend des selfies avec son "public", voire enregistre des vidéos de dédicaces qu'ils pourront "snapchater" - je trouve rassurant d'avoir, en première page du journal du matin, un type qui n'a pas surgi d'une quelconque émission de téléréalité, un type qui avait un certain don au départ, c'est certain, mais qui est aussi là où il est grâce au travail et à la persévérance. Un type qui gère sa vie et sa carrière sans scandales, sans trop étaler sa vie ni trop la cacher, sans fausse modestie ni vantardise... Un type qui incarne la réussite, sans les coups d'éclat qui trop souvent l'accompagnent. Un modèle, un vrai.

J'ai stoppé là cet article juste après le Masters de Miami, rattrapée une fois de plus par des blondinets à amener au foot, une dictée à faire ou du linge à étendre. Mais depuis, mon héros a de nouveau fait parler de lui sur la Toile, la première fois parce qu'il taquinait la balle sur la Limmat avec son pote rouquin dégingandé (clin d'oeil à mes lecteurs écossais-même-par-alliance) pour promouvoir un match exhibition en faveur de l'Afrique - durant lequel il a échangé des balles avec un ramasseur qui n'a pas encore de poil au menton et qui n'est sûrement pas prêt de s'en remettre. Ca fait oublier même aux esprits les plus chagrins que les primes des tennismans durant les tournois n'ont pas de bon sens (comme les salaires des footeux et de bien d'autres, du reste). 
La deuxième fois, c'était une interview menée par Darius, sans chichi (si vous l'avez manquée, elle est là: https://www.rts.ch/play/tv/lactu-en-video/video/roger-federerjai-toujours-envie-detre-numero-un?id=8536246 ). Roger, the guy next door, qui rame pour faire récupérer le décalage horaire à ses gosses au retour des USA et se fait vomir dessus quand un de ses quatre rejetons a la gastro. Et ce gars-là, il rit, il s'amuse, il a encore envie de jouer, il a encore envie de gagner. Il profite de la vie, il est heureux.
La troisième fois, il planquait des lapins dans un hôpital et partait à la rencontre des enfants malades. OK c'est une marque de chocolat qui fait sa promo. Mais n'empêche que des gamins ont eu des étoiles dans les yeux et des oreilles à croquer. Que celui qui a quelque chose à dire contre cet homme parle maintenant ou se taise à jamais.
Cette année (et elle est encore longue) plus que jamais, "Rodgeur" nous a fait rire, nous a fait pleurer, a fait rêver toute une génération. Pourvu que ça dure.