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vendredi 8 mars 2013

Eloge du pétage de plombs

On dira ce qu'on voudra, être calme, modéré et neutre - suisse, quoi - c'est pas toujours facile. J'admire les gens qui restent d'un calme olympien face aux bêtises/réponses inadéquates/disputes infondées de leur progéniture. Après quelques semaines courant janvier à jongler entre les enfants (et leurs parents) patraques, pas tant bien (nez-qui-coule-gorge-qui-pique-toux-infâme) voire carrément bons à jeter ou du moins à planquer sous la couette pour 2-3-4 jours, je dois bien admettre que je ne fais pas partie de ces gens-là.
Le pire face à un enfant malade, c'est qu'il n'y peut rien. Donc on ne peut pas l'enguirlander pour ça. Par contre, selon l'humeur du moment, l'état de fatigue avancé, la migraine de 9h30 ou le coup de barre de 15h, on peut l'enguirlander pour les manifestations plus ou moins évidentes du mal. La vérité, c'est qu'au fond, on ignore toujours quels trucs énervants sont des conséquences malheureuses de l'état grippal dans lequel le blondinet se trouve et quels trucs énervants sont juste des caprices d'un blondinet cherchant à tirer parti de la situation (parce que dans la grande loterie de la procréation, moi j'ai tiré des numéros non seulement spécialement beaux et intelligents, mais en plus ils dorment la nuit, ne se plaignent pas quand ils sont malades, sont d'ailleurs moins souvent malades que les autres et moins malades, quand ils le sont... autrement dit, même malades, ils sont aptes à faire des caprices - ben ouais, fallait bien qu'ils aient un ptit défaut quand même).

Bref. Lors de ces semaines où le thermomètre a été plus utilisé que le caquelon à fondue [vous aussi vous vous demandez d'où me vient cette comparaison?] Blondinet Ier a développé sa capacité de bougonnement à vitesse grand V, Blondinet II a perfectionné son talent d'acteur dramatique (où quand tu te "cognes" le coude au COUSSIN du canapé, tu as probablement une fracture ouverte radius/cubitus/petit Juif), tandis que Blondinet III jugeait le moment opportun pour mettre en pratique la théorie du "terrible two" - crise d'opposition, par rapport à ses frères notamment, capacité incroyable à trouver tous les tubes de crèmes/dentifrice/moutarde qui traînent dans la maison (chambres, frigo, tout y passe)  pour te prouver qu'il SAIT:
  1. dévisser le bouchon; 
  2. ouvrir le tube;
  3. se répandre la crème/le dentifrice/la moutarde sur le visage/le pantalon que tu viens de sortir de l'armoire/le mur de la salle-de-bains. 
 Ma patience a donc été mise à rude épreuve, puisqu'il fallait jongler entre les malades à gérer d'une part et les tâches quotidiennes de la maman au foyer à temps partiel: course hebdomadaire pour remplir le frigo, fonction TaxiMum du mercredi après-midi et responsabilités logistiques -> faire en sorte que les blondinets aptes au service soient à l'heure au bus scolaire. J'ai donc grondé, crié, hurlé, un peu plus que d'habitude peut-être. Je m'en suis rendue compte, je me suis excusée, même, quand la réaction était disproportionnée. Et ce fut le cas, croyez-moi.
Depuis, la situation s'est calmée. Mais certains messages échangés et discussions autour d'un café m'ont permis de constater que la plupart d'entre nous, fières génitrices trentenaires, sommes sujettes, un jour ou l'autre, au pétage de plombs. A ce moment où l'envie irrépressible te prend de gueuler plus fort que ton enfant qui crise. Tu sais pas vraiment pourquoi. Pour montrer qui est le chef, peut-être. Pour que ça s'arrête, certainement. Tu sais au fond qu'il y aurait d'autres moyens, plus Super-nanny-compatibles. Mais ça vient instinctivement, des tripes. Ou du cerveau reptilien (note pour plus tard: arrêter de regarder 3 épisodes de Dexter tous les soirs, ça devrait laisser ledit cerveau un peu au repos et en plus ça évitera de devoir expliquer à des enfants quel plaisir on peut trouver à regarder une série dont le héros est un sympathique tueur en série et où y a du sang qui gicle partout, raison pour laquelle ils ne peuvent pas la regarder le dimanche matin en lieu et place de Ludo). Une fois le pétage de plomb passé, tu te sens un peu coupable, un peu honteuse, mais globalement libérée. Tu espères juste que les voisins n'aient pas appelé les flics (et vous qui croyiez que j'habite une maison à la lisière de la forêt juste par amour des cervidés et des écureuils, mes plus proches voisins!). Rassure-toi, ils n'appellent pas. Parce que parmi tes voisins, il y a d'autres familles, d'autres blondinets récalcitrants et d'autres mamans qui ont, un jour ou l'autre, pété les plombs, ou dont le tour viendra, forcément.

Au fond, ces moments où l'on ne se contrôle pas, c'est ce qui nous rend humaines. C'est aussi ce qui fait de nous des mamans. Car la rogne qu'on laisse entrevoir face à l'enfant qui n'obéit pas est vite supplantée par la fierté exprimée devant chacune de ses réussites... le geste trop brusque consécutif à une perte de patience maternelle devient dérisoire face à la multitude de câlins et de moments de complicité échangés... et la colère qu'on peut ressentir à l'égard d'un enfant qui refuse de venir mettre ses chaussures alors qu'il reste 1min20 avant l'heure du bus n'a d'égal que la tendresse que l'on éprouve devant le même enfant qui réclame de faire un bec sur la zoue de ses frères avant d'aller au lit.