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lundi 16 janvier 2023

Mes chers parents, je pars...

Non, non, rassurez-vous, on ne refait pas le coup de l'expatriation. De toute façon ils annoncent -17 ce week-end et il neige à plat, que veux-tu qu'on aille faire au Canada?

Non, c'est juste les paroles de cette fameuse chanson de Sardou (et s'il y a une seule personne qui ose croire que ladite chanson est de Louane, Monsieur D. risque de s'énerver tout rouge) qui m'ont trotté dans la tête pendant mes dernières réflexions parentales.

... vous n'aurez plus d'enfant, ce soir.

Entendons-nous, pas de terrible nouvelle à vous apporter, j'ai toujours de la progéniture, toujours aussi casse-pieds nombreuse, mais plus qui rentre vraiment dans cette catégorie. Ça en sort insidieusement, de l'enfance, déjà ça pousse des pieds histoire d'assurer l'assise, puis ça pousse tout court. Rapidement, ça n'a plus assez à manger avec le menu enfant. C'est là que ça fait un premier tilt. Mais il y en a d'autres.

Un jour, on se met à te demander "à combien vous venez" quand on t'invite à souper. Parce que ça ne va plus de soi que les chérubins suivent leurs parents. D'ailleurs quand ils ne suivent plus, il n'y a plus besoin de les faire garder... parce que les chérubins ont eux-mêmes l'âge de garder des enfants. Notre Max et son mètre 80 ou presque s'est envolé depuis longtemps, de plus en plus souvent dès qu'il a eu l'autorisation et les moyens logistiques de le faire, et on s'est habitués. Et puis est arrivé le moment où Sid a battu un peu des ailes. Bon, comme c'est Sid, il est encore pas trop mal dans le nid douillet. À propos, il nous a fourni une explication historico-logique de son besoin chronique d'inactivité et de sa préférence inébranlable pour la position couchée: selon toute vraisemblance, un bug au moment de son arrivée sur terre a entraîné une erreur d'attribution des corps. Son esprit paresseux était fait pour être dans un corps de chat. Nous avons d'ailleurs un chat toujours sur ses gardes et qui ne semble jamais vraiment dormir (vous savez, celui qui rentre parfois à la maison entaillé sur toute la longueur, en tenant son gros intestin sous la patte gauche), dont l'esprit torturé - toujours selon la théorie du bug d'incarnation - aurait dû se trouver dans un suricate. Il y a fort à parier qu'il y ait quelque part dans le sud de l'Afrique un suricate disposant du potentiel énergétique et intellectuel requis pour occuper le corps d'un étudiant de 15 ans et en faire bon usage (quel gâchis! en a conclu Sid). Si vous allez en safari, ouvrez l’œil. Mais revenons à nos oisillons en cours d'envol.

Donc Sid est un cas un peu à part. Reste Duracell. Oui, je l'appelais Platinum, mais au fil des ans, son énergie reste intacte tandis que sa chevelure fonce légèrement, donc on va rester sur le lapin rose qui joue du tambour jusqu'au bout de l'hiver. Lui, c'est aussi un cas à part, mais dans l'autre sens. Le genre qui s'est mis à faire des petits vols autour du nid avant que ses plumes soient sèches. C'est peut-être l'effet "petit troisième". Ou l'effet Duracell, tout simplement. Toujours est-il qu'il est resté seul dans l'eau à la piscine plus tôt que ses frères (avec la bénédiction du maître-nageur), qu'il est le seul à jamais avoir eu l'idée d'aller chercher le pain pour nous le dimanche matin à vélo (sachant qu'il y a jusqu'à la boulangerie la plus proche de la maison quelques kilomètres et pas loin de 400m de dénivelé négatif, que si tu descends, il faut en toute logique remonter ensuite - ce qui signifie que tu manges tes tartines sur le coup des 11h, mais que tu n'as pas franchement le coeur de dire à ton fiston en nage que c'est plutôt l'heure de l'apéro que du Nutella), qu'il part skier seul depuis je ne sais plus quelle année... Bref, il a déjà voleté davantage que la plupart des oiseaux de son âge et je ne devrais pas être surprise.

Pourtant, il y a eu ce jour d'automne où nous étions en ville et où, errant d'un commerce à un autre, nous sommes passés à côté d'un parc où il aimait jouer enfant. Je l'ai vu me devancer et se mettre à courir, certaine qu'il allait sauter sur une balançoire ou grimper sur le toboggan... jusqu'à ce que je me rende compte qu'il passait tout droit sans même un regard pour ces jeux d'enfants et allait simplement boire à la fontaine de l'autre côté. C'est à ce moment précis que j'ai vraiment pris conscience que la page "enfance" s'était tournée, pas d'un coup, peu à peu, un peu insidieusement, sans trop que je m'en rende compte.

Oh, point de nostalgie là-dedans! Il y a de nombreux avantages à être "juste" maman d'ados... et d'adulte, bientôt! Non, je ne parle pas du plaisir incommensurable d'être assise sur le siège passager à côté de ton fils de 17 ans et demi qui roule à 35 km/h sur la cantonale et à qui tu dois dire d'aller plus vite (parce que soyons clairs, tu n'as pas franchement envie d'aller plus vite à ce moment  quelque peu risqué de ta vie). Autre âge, autres soucis. Quand tes rejetons sont encore des enfants, tu crois que l'angoisse de la séparation ou le "terrible two" sont des crises à gérer; en vérité ce n'est qu'un échauffement en vue des manifestations ultérieures de la bêtise hormonale. Les caprices d'un boueb mal luné qui tape des pieds à la caisse du supermarché? Un simple entraînement pour ensuite tenir le coup face à la mauvaise foi d'un adolescent pris en défaut. Donc finalement, toutes les phases ont leur utilité; les livres de pédagogie expliquent qu'elles servent au développement de la personnalité de l'enfant, moi je suis sûre qu'elles servent surtout à préparer les parents! Profitons donc de chaque moment!