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vendredi 25 mars 2016

Mémère et P'tit boulet

... ou les pathétiques mésaventures de la branche féline du gang

  Lorsqu'il s'agit d'agrandir la famille, on ne prend jamais une décision à la légère. Il faut que tout le monde soit d'accord. En tant que cheffe de gang auto-proclamée, étant le membre qui passe le plus de temps à la maison et qui assume une bonne partie des basses besognes, j'ai double droit de vote. Ce n'est évidemment pas de refaire un blondinet dont je parle (parce que là c'est pas double, que ma voix compte, c'est au pro rata des désagréments des 9 mois et après, autant dire qu'y a pas grand monde sous ce toit qui peut faire basculer le vote). Autrement dit, ce que femme veut...
En fin d'année, je m'étais donc mis dans la tête de prendre un deuxième quadrupède. Les blondinets n'ont pas été très longs à convaincre. Le co-chef un peu plus. Mais je l'ai eu, à l'usure. A la faveur, surtout de la photo d'un adorable chaton abandonné dans un carton devant la porte de la collègue-de-la-copine-du-cousin-de-la-belle-soeur-de-tante-Berthe. La seule à qui nous n'avons pas songé à demander son avis, c'est la maîtresse de céans, comprenez la minette de 3 ans et des brouettes qui se royaumait jusqu'ici. Pas de droit de vote pour les poilus. En décembre, donc, le gang s'est agrandit.

Que la minette (depuis surnommée Mémère en raison de la différence de vivacité entre les deux boules de poils) ne soit pas ravie ravie de l'intrusion, on pouvait s'y attendre. Nous n'avons pas été déçus. De soufflages en grognements, elle a immédiatement manifesté son mécontentement, sans pour autant sortir les griffes. Quand au nouveau venu, après avoir tergiversé une soirée sur le nom dont nous allions l'affubler, Speedy s'est imposé. Rapport à la vitesse de déplacement. Comme j'ai la mauvaise habitude d'utiliser tous les jours de nouveaux sobriquets pour nos animaux de compagnie, Speedy est devenu aussi "P'tit boulet". Rapport à son statut vis-à-vis de Mémère. Parce qu'elle qui se la coulait douce depuis des années à disposer librement du moindre recoin douillet, à passer la moitié de la journée couchée au soleil et la moitié de la nuit à chasser le mulot à l'entour, elle se coltine désormais un handicap non négligeable. Un chaton de trois mois hyperactif, ça veut jouer. Tout le temps. Ca saute dessus. Mais comme ça sait pas trop bien sauter, ça s'accroche avec ses griffettes toutes fines. Des petits crochets d'une efficacité incontestable. Ca bousille 2-3 paires de pantalons, mais ça a aussi une bonne prise dans le lard qui se trouve juste sous le pelage tigré hivernal. Aucune pause pour P'tit boulet, pas de répit pour Mémère. Quand elle s'installe sur une couverture, il arrive à l'en déloger. Quand elle passe lascivement dans le salon, elle se fait assaillir tel un bison repéré par un fauve. Quand elle mange, il vient piquer dans sa gamelle. La nourriture, voilà peut-être le seul avantage qu'elle a tiré de l'intrusion: visiblement les croquettes "junior" sont meilleures. Enfin pour elle. Parce que lui préfère ses croquettes - à elle - "chat stérilisé". Mais je soupçonne que c'est uniquement par plaisir d'aller piquer dans sa gamelle. On dit souvent que la moitié du monde est faite pour enquiquiner l'autre. Pas besoin de faire de tirage au sort pour la répartition des rôles.

Non content de pourrir copieusement la vie de Mémère en mettant constamment des bâtons dans les roues de son train-train, P'tit boulet a réussi à ramener dans notre foyer un champignon félin, un truc qui fait perdre les poils et apparaître des croûtes. Et surtout, un truc contagieux. Ca serait moins drôle sinon. Je revois la tête de la vétérinaire quand elle m'a expliqué le traitement. Un rictus moqueur au coin des lèvres. 5ml à donner à la seringue, ok, ça va, je gère. Plus une lotion. A donner en "bain". Enfin à appliquer sur poils mouillés. Deux fois par semaine. Et sur tous les animaux du foyer, à titre préventif. Joie, bonheur, gants en latex et griffures. Imposer un tel traitement à un chaton,  vigousse mais inexpérimenté, c'est une chose. Faire pareil avec une minette adulte un peu plus lourde et un peu grincheuse, c'en est une autre. La première fois, je les ai eu par surprise. Dégâts limités sur mes avant-bras. Chats mouillés, maison humidifiée, traces de coussinets un peu partout. A partir de la deuxième fois, ne pouvant plus compter sur l'effet de surprise, j'ai dû affiner la technique. De la saisie au collet à la période de quarantaine "séchage" dans la salle-de-bain fermée. Après 8 shampoings, je peux vous dire qu'en vérité, aucune technique ne permet d'échapper à la réalité: les chats n'aiment pas être mouillés. A ma dernière visite chez la véto, elle m'a dit, avec un air un peu narquois "il est guéri, mais  comme il reste du produit pour deux applications, vous pouvez faire encore deux bains, comme ça on assure". Ben voyons. Je pourrais emmener mes cats au spa aussi, juste pour le plaisir? Ne voulant pas effrayer mes proches qui risquaient de croire que je m'adonnais à la scarification, j'ai renoncé. Donc j'ai du produit pour deux applications, si l'expérience tente quelqu'un.

Malgré tous ces petits désagréments et les parties de catch qui se déroulent encore quotidiennement dans la maison, je suis sûre qu'à terme, Mémère et P'tit boulet deviendront de grands amis. La tolérance a augmenté jusqu'au partage de gamelle (dans les cas de dalle extrême) et de marche d'escalier. Un jour, c'est sûr, on les retrouvera endormis l'un contre l'autre. Quand P'tit boulet aura pris un peu de plomb dans la cervelle et se sera calmé. C'est pas pour tout de suite. Là il est en pleine poussée d'hormones. L'âge bête du chat. Je ne m'y attendais pas, ça prépare un peu à ce qui nous attend puissance 3 dans quelques années.  Sauf que la semaine prochaine, je vais revoir ma copine la vétérinaire pour mettre un terme aux pulsions pubertaires du minet. Pour les blondinets, va falloir trouver moins radical comme solution si je veux qu'un jour on m'appelle grand-maman...