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lundi 8 avril 2019

Tribulations de maman foot

Le foot, c'est fatiguant.
Je parle pas des 90 minutes, avec les quelques variations de durée rencontrées au fil de l'alphabet, j'ai jamais joué un match de ma vie. Mais j'ai trois garçons. Qui font du foot. Et des fois, ça me fatigue, mais alors d'une force...

28 buts encaissés pour 2 buts marqués. Ca fait 48h que je répète ce peu glorieux bilan du week-end de foot à qui veut l'entendre. C'est qu'un jeu, y a pas mort d'homme. N'empêche. Quand ton tout petit (bon OK, il a 11 ans et demi et des sursauts hormonaux qui laissent présager le pire pour les 7 ans à venir au moins, mais vu du bord du terrain devant son grand but, il est tout petit), gardien de son état, se fait fusiller pendant 3 x25 minutes tandis que les 8 braves qui portent les mêmes couleurs que lui n'arrivent pas à dépasser le milieu de terrain, ça fait un poil mal au coeur. Ca fait un poil froid aux feuilles et aux petons aussi, quand ça se passe le vendredi soir après la tombée du jour. C'est pas l'heure et quart qui marque le week-end de toute sa positivité quoi. Cela dit, 15 buts encaissés en 75 minutes, ça fait jamais qu'un but toutes les 5 minutes et quand même 60 minutes où il n'a rien encaissé. En vrai, le verre est donc à 4/5 plein, que demande le peuple?

Après, il y a le traditionnel match du samedi matin, parce que les plus petits, ils jouent presque systématiquement le samedi matin. Je pense que c'est parce que ceux qui font les calendriers, ils savent que les petits, ça fait pas la grasse mat, ça regarde pas Kho Lanta la veille, et ça ronchonne pas quand maman vient les lever un samedi à peine plus tard qu'un jour de semaine pour descendre au terrain. Ce samedi, normalement Platinum avait congé. Mais comme j'ai déjà de la peine à le faire dépenser son quota d'énergie quotidienne quand il a match, sans ça il est intenable (et du coup il cause deux fois plus), alors on l'a envoyé faire le nombre avec une autre équipe, même endroit, même heure. Pris 8 à 2. Un match de juniors E, 3e degré, des fois t'es déçu en bien. Des fois t'es pas déçu: y a une bonne dizaine de gamins sur les 14 en jeu qui courent derrière le ballon en mode essaim d'abeilles, 2 qui cueillent les pâquerettes qui ont échappé à la tondeuse automatique, un qui fait coucou à maman-qui-filme et un qui court dans le sens inverse de la marche. Vivement que Tintin nous ait posé son synthétique, on récupérera l'attention de 2 joueurs par match. En général y en a quand même un, souvent plus petit que les autres, qui court dans tous les sens, est sur tous les ballons et fait des trucs bizarres avec ses pieds, des trucs qui marchent. Et tu te dis que celui-là, c'est plutôt un que notre petit club régional va se faire tauper avant qu'il ait le temps de gravir les échelons alphabétiques. Bon le boueb survitaminé et plutôt agile (je précise que c'est pas le mien, qui ne sait pas faire aussi bon usage de son énergie intarissable), il a pas suffi sur ce coup-là. Donc 8 à 2. L'avantage du match du samedi matin, c'est que ça finit pile poil à l'heure de l'apéro et que si t'as des amis ou des parents dans l'enceinte, tu peux même boire un coup de blanc pour oublier la défaite (si t'es tout seul tu peux aussi, mais ça nuit un peu à ta réputation). Mais pas trop longtemps l'apéro, parce que le nombre de rounds est proportionnels au nombre de gamins que tu as. Donc à 12h faut être à la case pour récupérer l'ado-qui-a-match-plus-tard, mais dont l'entraîneur a jugé qu'il fallait manger ensemble pour la cohésion d'équipe (enfin j'imagine que c'est un truc comme ça) et qui, de ce fait, écourte donc ton apéro sans le moindre scrupule.

Alors tu rentres, tu poses un, tu ramasses l'autre, tu embarques deux copains en chemin, tu déposes chez Tonino pour les pâtes, et tu remontes signaler à ceux qui ont déjà eu leur match hebdomadaire que les linges n'ont pas une option d'auto-étendage et que les chaussures de foot qui puent des pieds sont toujours interdites de séjour dans la maison. T'avales un truc pas sain en vitesse et tu repars pour le dernier round.

Un match d'ados en filière sport-études, au niveau de l'intérêt footballistique, c'est mieux. Mais ça peut aussi partir en couille. Déjà, quand tu viens voir ton gamin, mais qu'il passe les 2/3 du match sur le banc, y a une pointe de frustration qui te parcourt les tripes. C'est pas grave en soi, c'est juste que si t'avais su, tu aurais peut-être retardé un peu ton départ pour le terrain. Quand on me dit "mais t'aimes le foot?", je réponds que j'aime surtout mes enfants. Donc s'ils faisaient de la lutte gréco-romaine, j'irais voir de la lutte gréco-romaine. Et je hante rarement les terrains de foot où je n'ai pas un enfant qui joue. Bref, 60 min à voir l'ado se rabougrir sur son banc avec son chasuble de remplaçant et à savoir que le samedi finirait probablement dans une ambiance aussi morne que celle du vendredi soir. Bon, là aussi, y a moyen de boire l'apéro après. Sauf que l'ambiance au bord du terrain n'est pas tout à fait aussi bon enfant que celle du matin, où les parents filment l'essaim d'abeilles. Là, c'est la "promotion de la relève", la future "élite". Alors les parents sont un poil tendus. Enfin sauf moi et mon fils en chasuble. Mais les esprits s'échauffent, parce qu'untel a fait une erreur, qu'untel autre a vendangé alors que l'ouverture du score semblait inratable. Et puis ça parle fort, ça se met à critiquer l'arbitre qui ne semble pas tout à fait objectif quand un Neymar en puissance hurle au scandale et obtient une faute, puis une autre, puis un pénalty... puis un deuxième pénalty... Pas de vidéo, juste un être humain, qui s'est peut-être planté, ou pas. Mais ça gueule salement, les noms d'oiseaux volent. Les parents se brouillent même entre eux, entre les plus fâchés et les plus tempérés, les deuxièmes essaient de calmer les premiers et se font insulter à leur tour. C'est à qui connaît le mieux le foot et à qui ferait mieux de se taire. C'était un derby, "notre" équipe a pris 5 à 0 et on avait même plus envie de boire l'apéro.

Après ce petit récit du week-end, peu de gens me reprocheront de dire que le foot, ça me fatigue. Peut-être même que sans le vouloir, j'apporte un peu d'eau au moulin de ceux qui le diabolisent, refusant obstinément que leur gosse s'abaisse à pratiquer ce sport. Alors je ne terminerai pas sans dire qu'en dépit de ce week-end un peu pourri, il y a aussi plein de chouettes moments de convivialité et de bonne humeur. Il y a surtout ces enfants qui demandent "tu viens me voir?" et s'assurent ensuite qu'on n'était pas trop pris par une conversation et qu'on n'a pas manqué l'action de la 24e minute ou le but marqué. Il y a des enfants, petits, moyens et grands qui sont dehors et qui font du sport, qui partagent des moments de vie, expérimentent les joies de la victoire et versent parfois des larmes de déception, qui prennent des coups et se relèvent, qui apprennent à vivre ensemble et qui ressortent grandis de chaque expérience. Ce n'est pas l'apanage du foot, mais ça en fait indubitablement partie. Alors non, je n'ai pas une passion irrépressible pour le ballon rond, et certains jours, j'en ai marre; mais je continuerai de faire le tour des terrains du Valais et d'ailleurs pour encourager mes enfants à poursuivre cette aventure.