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lundi 6 mai 2019

Deux pour le prix d'un

Avoir des jumeaux, c'est difficile. Parce que quoi que tu fasses, tu dois toujours le faire pour deux. Donc fatalement, ça prend plus de temps, plus d'énergie, c'est plus dur. Les mamans de jumeaux sont donc des doubles wonderwomen. Je leur signifie ici toute mon admiration et leur transmets toutes mes félicitations. Mais je me dois quand même de rétablir une vérité qui leur est inconnue: être maman d'enfants rapprochés (disons 3 sur 5 ans - toute ressemblance avec un gang existant étant purement fortuite), c'est pas non plus la panacée. Attention! L'idée n'est pas de faire un concours pour déterminer qui a objectivement les difficultés les plus grandes à surmonter, mais juste de dire que ton utérus n'a pas besoin d'avoir été un haut lieu de cohabitation pour avoir quelques défis parentaux à affronter. En vrai, t'as même pas besoin d'en avoir 3 en 5 ans. Ni même d'en avoir 3. Si j'étais nullipare, je dirais même chapeau bas à toute femme qui a le courage de se lancer en toute innocence ou en toute ignorance dans la parentalité. Mais dans mon cas, ça ferait un peu prétentieux. Ou ça donnerait l'impression que je regrette. Que nenni. Mais facile, c'est pas.  

Attention spoiler: la vie de famille ne s'assimile pas tous les jours à la mélodie du bonheur, avec des enfants parfaits qui courent dans la joie et la bonne humeur dans une verte prairie où paissent d'adorables licornes, avec des chants d'oiseaux en bruit de fond.

Déjà, chez nous, les vertes prairies, c'est généralement tondu à ras et orné de lignes  blanches (cf. l'article Tribulations de maman  foot). Quand t'as trois garçons,  les licornes, tu oublies. Bon y a parfois (souvent?) des chèvres  sur le terrain, mais z'ont pas quatre pattes.

Pour en revenir à la difficulté d'avoir des enfants rapprochés, ce qui est difficile c'est que dès que l'un sort d'une phase compliquée, le suivant y entre. Ca a commencé avec les couches: t'as pas le temps de te réjouir que ton premier-né trouve des avantages au pot que toi, tu es à nouveau occupée avec des fesses emplâtrées d'un truc jaunâtre à la consistance louche après chaque tétée du deuxième. Quand le deuxième arrête de s'esquinter les genoux 6 fois par semaine, c'est le numéro 3 qui refuse obstinément de lâcher ton doigt pour aller découvrir le monde et te laisser siroter ton apéro tranquille. Pareil pour les grasses mat' ou les poussées dentaires. Des fois, la simultanéité semble donc représenter un certain avantage. C'est double dose, mais ça dure moins longtemps. Et là, je signerais bien pour raccourcir un peu la période "âge bête", parce que si j'ai bien calculé, entre les 12 ans du premier et les 19 ans du 3e, on y aura consacré plus d'une décennie à cette histoire. La phase une étant déjà bien installée, on aimerait bien que la phase deux ne soit pas trop pressée de démarrer... Mais mes incantations ne sont pas entendues, et mes cheveux blanchissent déjà à l'idée qu'on va pas pouvoir couper à un troisième round, qui va débuter avant qu'on en ait totalement terminé avec le premier. Psychologiquement, c'est un peu quand tu as l'impression de souffrir depuis des heures et qu'une sage-femme te dit que tu es dilatée à 3: tu morfles déjà et pourtant t'as pas encore fait le tiers. Pis pas sûre que l'âge bête de ton 2e enfant ce soit comme sa naissance, plus facile et plus rapide parce que "le passage est fait".

Donc là, depuis quelques semaines que l'ado en pleine effervescence dont j'ai parlé précédemment semble connaître - contrairement à la météo - une période de léger redoux, le préado montre des signes de bouleversement hormonal. C'est encore plus troublant quand c'est à un enfant au caractère facile que ça arrive. Secrètement, je devais espérer que la malédiction hormonale glisse sur lui sans réussir à en prendre possession. Mais c'est loupé: il passe de l'agneau au loup, exprime l'injustice crasse de n'être ni l'aîné ni le petit dernier, alterne entre l'enfance insouciante où l'on ne pense qu'à jouer et l'adolescence ennuyée, blasée, déprimée et fatiguée où l'on ne décolle plus du canapé. Difficile de savoir à quel moment de la journée le vent va tourner. Ca surprend presque tout le temps. Un moment de parfaite harmonie fraternelle peut d'un claquement de doigts virer au drame familial, sous le coup de la crise existentielle de l'enfant brimé et mal aimé.  Une sorte de réminiscence du Terrible Two, mais qui a tendance à énerver davantage parce qu'on avait l'impression jusqu'il y a peu d'avoir des échanges entre alter ego.

Heureusement, cette perception adolescente totalement arbitraire et souvent faussée nous vaut aussi de bons éclats de rire. Non parce qu'on en sort souvent des vertes et des pas mûres sur les femmes enceintes, mais un enfant affichant en principe toute la maturité de ses 12 ans qui fond soudain en larmes de n'avoir pas pu casser le lapin en chocolat, ça vaut bien quelques envies étranges. Je repense aussi à ce petit déj à l'hôtel où, piqué par je ne sais quelle mouche matinale, le préado revient à table, l'assiette vide en dépit du buffet 4 étoiles, clamant haut et fort qu'il y a "tout ici, sauf ce qu'on veut pour déjeuner". Pour l'instant les crises passent vite, il faudra voir si c'est un effet positif du caractère d'origine ou si c'est parce qu'on est en début de processus. Si c'est une question de caractère de base, il va en fait falloir profiter de la phase deux, parce qu'entre le numéro 1 plutôt taciturne et renfrogné de naissance et Platinum qui ne se caractérise pas franchement par son calme et son humeur égale, les sursauts hormonaux du préado risquent bien de représenter davantage une bouffée d'oxygène qu'un gros souci.
Mais si dans les prochaines semaines ça ne devient plus gérable, j'ai caché un ou deux lapins à casser en cas de crise. Pas pour lui donc, pour moi. A défaut de calmer les sautes d'humeur, autant assurer son taux de dopamine.

mercredi 1 mai 2019

Sur un air de Berger

Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout


Il y a ce nœud dans la gorge, qui remonte jusqu'au bord des yeux. À cause du calendrier, juste ça. À cause des souvenirs. 10 ans. Une éternité et un fragment de seconde tout à la fois.
10 ans qu'on n'entend plus ta voix, ton rire, et qu'on refuse de laisser leur souvenir s'estomper. Le deuil est un processus paradoxal où la volonté de voir la peine s'atténuer est en lutte constante avec la peur de l'oubli. Garder les bons moments mais oublier un peu quand même, la douleur, la peur, l'impuissance, le déchirement.

Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions
Qui ne tiennent pas debout


Aujourd'hui il faut des jolis souvenirs. Il faut entendre ton rire, revoir ton visage, se rappeler les moments partagés, les fêtes, ou ta fierté de devenir tonton. Se souvenir de ce jour où, accoudé à un bar, tu m'as dit "je crois que c'est Elle, je crois que c'est la bonne". Sans le savoir, tu avais trouvé Celle qui serait assez forte pour marcher à tes côtés et te soutenir, pour le meilleur et pour un pire bien trop prématuré.

Évidemment
Évidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant

Aujourd'hui beaucoup auront une pensée pour toi et l'envie de dire qu'on ne t'oublie pas. Tu es dans chaque coccinelle, dans chaque "heure des anges", dans chaque étoile de chaque ciel dégagé. Tu es là, invisible et pourtant si tangible pour qui a envie de sentir ta présence, et malgré l'amertume nous  évoquons souvent une petite habitude, une mimique, un expression... Je crois quand même que "Du lachst, oder was?" aura du mal à passer à la postérité, il faut croire que le monde n'était pas prêt pour ta sublime traduction.  

Évidemment
Évidemment
On rit encore
Pour des bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant

Aujourd'hui, j'ai envie de te dire regarde, on a tenu le coup. Tu nous as bien protégés, même si c'était parfois contre notre gré... Et puis, tu ne t'étais pas trompé, c'était Elle, Celle qu'il fallait pour porter votre famille à bout de bras après ton départ, pour élever ce fils qui a ton regard et cette puce qui sera aussi espiègle que son père, pour leur transmettre tout l'amour que tu aurais continué à leur donner. Mais au fond je crois que tout ça, tu le sais, tu le vois, que tu partages nos moments de joie et que quand l'un de nous perd pied, tu ne te gênes pas pour nous lancer de là-haut "Tu ris, ou quoi?"

Tu nous manques Seb.