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mercredi 21 octobre 2015

Quand je serai grand, je voudrais être... (2/2)

N'en déplaise à Monsieur D., je tiendrai ma promesse.
En fait j'avais commencé à rédiger l'article 1/2 comme d'habitude, à partir d'une ou deux sorties mémorables de ma progéniture, quand tout à coup une prise de tête mère-blondinet m'a fait revenir sur mes projets: mon article était incomplet car il négligeait le métier principal, exercé 24/24, 7/7, non seulement par moi mais par une bonne épéclée de trentenaires (et quadra... quinqua... tout ça tout ça, parce que quand on fait ce choix-là, on prend perpète).
Oui parce que parent, c'est sans aucun doute le métier plus compliqué à exercer. Aucune filière de formation, tu apprends sur le tas, dès que tu te retrouves avec un petit être criard de 3kg et des brouettes dans les bras. Des cours de préparation? A l'accouchement, éventuellement. Après, une nurse te montre vaguement comment changer bébé sans t'en mettre partout et comment le baigner sans risquer de l'ébouillanter ou de le laisser glisser dans la baignoire en plastique. Ca peut toujours servir (même si on est d'accord, on a tous quand même laissé glisser bébé une fois ou l'autre...). Des ouvrages de référence? A la pelle, mais pas deux qui disent la même chose. "Laissez votre bébé pleurer, il va apprendre à se calmer tout seul, sinon vous allez en faire un enfant capricieux et ultra-dépendant" [là je pourrais vous mettre une référence pompeuse à laquelle vous n'allez jamais vous référer et qui prouvera seulement que je me suis vraiment penchée dans un ou deux manuels de puériculture. Mais je vais vous épargner ça, déjà qu'y pas des masses d'images dans ce blog, si en plus il prend l'allure d'un mémoire de licence, je vais encore perdre quelques lecteurs dans la bagarre!] vs. "Ne laissez jamais votre bébé pleurer, il a besoin de votre contact, il se sent perdu, vous allez en faire un handicapé émotionnel." OK, mais concrètement, tu fais comment? Ben tu te démerdes. Sérieux, ça manque de suivi, cette histoire. Quand tu penses aux nombres d'examens que tu passes dans ta vie, aux entretiens d'embauche, aux périodes d'essai... Là, pour le rôle le plus important de ta vie - parce qu'il y a quand même une mini autre vie qui dépend de la manière dont tu vas t'y prendre - niet. On te lâche dans l'arène. Aucun prérequis. Pas d'examen d'admission. Pas de permis de procréer. Pas de certificat de capacité à éduquer. Ca fait souci quand même. On a pas intérêt à se planter, l'avenir de la société en dépend. Et la santé mentale des enseignants aussi.

Finalement il va pas être féministe cet article, je garde ça pour plus tard (si si, j'ai encore des trucs à dire). Les papas sont pas franchement mieux lotis que les mamans dans le domaine de l'éducation. Parce que si le rejeton pleure le jour de la rentrée, ça sera maman qui l'a trop couvé, mais s'il tombe dans la délinquance juvénile, ça sera papa qui a manqué de poigne. Certains jours, on a l'impression que c'est impossible de faire juste. On fait quand même du mieux qu'on peut. De temps en temps, on se prend une poignée de fleurs dans la face, quand la maman de Théo-Marcelin dit que Blondinet II a été trooooooooop poli au dîner où il était convié et qu'il a a-do-ré les brocolis vapeur. Quand Blondinet III ramène du vert sur les "Minions du comportement" (on a des maîtresses à la pointe de l'actu cinématographique, par chez nous). Quand la maîtresse de Blondinet Ier constate qu'il savait ce que c'était qu'une règle à respecter avant d'entrer à l'école. Alléluia, y a au moins pas 100% d'échec. Mais y a quand même vachement plus de moments de solitude, ceux où l'ensemble de la clientèle de la Migros se dit que tu dois pas toucher le puck pour que Blondinet III hurle à la sous-alimentation parce que tu lui refuses une branche Cailler à 11h45. Quand au troisième jour de vacances scolaires, tu te demandes combien de survivants il y aura à la lutte fratricide qui se déroule dans le salon/la salle-de-bain/la chambre des petits. Quand tu as l'impression de délivrer les gentils-grands-parents-baby-sitters de trois monstres en furie sur le coup des 17h30. Ou quand la maman de Gustave-Philibert vient sonner à ta porte, Gustave-Philibert sous le bras en guise de témoin, pour accuser tes blonds angelots de l'avoir traité de tous les noms d'oiseau. A ce moment-là, tu fais abstraction du fait que la génitrice en question a une réputation de foldingue et Gustave-Philibert de terroriste de préau, tu fais profil bas. Tu te dis que si t'as pas 100% d'échec, t'as pas non plus 100% de réussite. T'espère quand même que la balance penchera du côté clair de la force et que tes enfants deviendront des gens biens. Qu'ils seront heureux. Ce qui est dur, c'est qu'il n'y a pas d'entretien APIS (les fonctionnaires comprendront ;) pour les autres cette obscure abréviation doit vouloir dire qqch comme appréciation des performances avec incidence sur le salaire); je me demande à quel moment on sait si on a été bon ou pas pour remplir la difficile mission de la parentalité. On a pas de supérieur hiérarchique pour évaluer le job. Pas d'augmentation de salaire. Pas de salaire du tout d'ailleurs. Quand on y pense, c'est vraiment l'arnaque, ce métier-là. Non seulement il rapporte pas un clou, mais en plus chaque mioche coûte un bras. Et encore, y a plus qu'à faire des incantations pour qu'ils n'aient pas l'idée saugrenue de faire des études. Nan nan nan nan, tu feras un apprentissage, mon fils. Je veux aller à l'Île Maurice pour mes 20 ans de mariage, moi.

Bref, des fois entre deux prises de tête "est-ce que j'ai engueulé le bon?", "est-ce que j'aurais dû le punir?", etc. je me dis heureusement qu'on sait pas tout ça avant de procréer, sinon la croissance démographique en prendrait un sacré coup. Ou pas. Parce qu'on ne peut quand même pas se priver de tout ce qu'être parent apporte comme emmerdements  petits et grands bonheurs pour de basses considérations matérielles ou pour assurer notre santé mentale à court terme. Continuez d'enfanter, donc! Pour ma part je suis quand même sacrément contente que la phase où on sacrifie 2 ans de sommeil soit derrière moi :)

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