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mercredi 8 juillet 2015

Débranche!

A l'heure de quitter mon clavier pour 15 jours de farniente au bord de la grande bleue, j'étais cette année déterminée à faire une vraie coupure, un tournage de page en bonne et due forme pour oublier des mois de cogitation intensive sur des bidules techniques dont la grande majorité de la population ignore jusqu'à l'existence (que celui qui sait à quoi ressemble un lance-pot nébulogène me jette la première pierre) et des White Wednesday en rafale (le White Wednesday étant une nouvelle réalité constatée par la travailleuse indépendante multipare: le mercredi, communément admis comme "jour des enfants" où tu n'as pas l'ombre d'une minute scolaire pour décharger ton après-midi et où tu jongles entre le rôle de chauffeur de taxi à destination des goûters d'anniversaire, la fatigue de Blondinet III au 3e jour sans sieste, la préparation de la dictée du jeudi de Blondinet II et l'atelier de motivation de Blondinet I sur le thème "j'organise l'exécution de mes tâches scolaires en fonction de mon planning footballistique et ne tente pas la crise de nerfs préadolescente pour amadouer ma môman et laisser les devoirs du vendredi attendre jusqu'au jeudi 20h", le mercredi donc, où tu es censée te consacrer à ta charmante progéniture en délaissant ordinateur, iPomme et autres moyens de communication avec le monde adulte, les clients sont pris d'une frénésie d'envoi de demandes, exigences, questions et autres mandats éléphantesques, qui constitue pour la boîte électronique une véritable avalanche de messages - d'où le "white"). Pour oublier tout ça, donc, j'ai fait vœu d'abstinence technologique côte-d'azuréenne. Et je recommande la bonne résolution à tous, que vous soyez des professionnels surconnectés, des réseauteurs sociaux chroniques, des membres d'un nombre excessif de groupes Whatsapp où la communication se limite souvent aux vannes ou aux photos du repas gastro en cours, ou juste des victimes consentantes d'une addiction à Candy Crush (m'est d'avis que deux ou trois devraient se sentir visés).

L'iPomme est donc passé en mode vacances dès le franchissement du tunnel du Gd-St-Bernard. Aucune activation des données à l'étranger. Aucune recherche de WiFi gratuit. Aucune information concernant le tarif du WiFi payant. Quelques SMS de survie pour confirmer un voyage sans encombres et quelques vœux d'anniversaire, histoire de pas se brouiller avec la famille. Le reste peut attendre.
Débranche, et admets que tu n'es pas indispensable. Jean-Eudes trouvera le numéro de Jean-Gérard par un autre moyen. Hans Peter ne s'offusquera pas de recevoir pour seule réponse à sa demande de traduction de 50-pages-pour-avant-hier un message d'absence lui signifiant que personne ne lira sa missive avant 15 jours. Il trouvera un autre professionnel dévoué dont la grammaire élémentaire n'inclut pas la forme négative. Ou mieux: il ne trouvera pas et la prochaine fois, il s'arrangera pour planifier ses mandats. Débranche, et engloutis une gigantesque pile de romans suédois et une poignée de magazines people débiles pendant tout ce temps où tu ne regardes pas un écran. Fais des sudokus et des mots cachés avec un vrai stylo sur un vrai journal au lieu de mélanger les lettres virtuelles de ta partie de Scrabble à distance. Retrouve le plaisir de te casser la figure dans le sable lors d'une marche arrière audacieuse en essayant de rattraper une balle en plastique, sans avoir peur que le verre de ton iPomme soit rayé. Laisse-toi gicler au bord de la piscine par des enfants riant aux éclats sans craindre que l'eau ne court-circuite ton ordi portable. Ne refuse aucune partie de Uno ou autre jeu de 4 à 99 ans avec des enfants à qui tu as dû dire non tellement de fois durant les 50 autres semaines de l'année, parce que tu devais décrocher le téléphone ou vite répondre à un mail. Débranche tout, revenons à nous. Reviens à toi, aux tiens, pendant cette parenthèse si nécessaire dans l'année.

Je t'entends déjà, Ô Monsieur D., arguer que j'ai le beau rôle de promouvoir la déconnexion totale, moi qui vous propose de la lecture virtuelle à longueur de temps et qui n'ai - évidemment - pas attendu 24h après mon retour pour consulter Whatsapp, mails et tutti quanti. Moi qui suis à nouveau devant mon écran à tapoter avant même d'avoir tiré mon deuxième café. Les résolutions vacancières n'ont pas l'air plus efficaces que celles qu'on prend généralement à la St-Sylvestre ou au premier jour d'un régime amincissant. J'avoue, les mauvaises habitudes ont la vie dure et je ne saurai me passer de mes ressources technologiques plus de quelques semaines. Ce n'est pas non plus le but. En 2015, il serait présomptueux de prétendre qu'on peut s'en sortir aussi bien "sans tout ça". L'informatique et Internet nous mettent à disposition des outils bien trop utiles, tant au niveau professionnel que pour la communication privée. Etre atteignable partout et à toute heure n'a pas que des inconvénients et le maintien de nombreux contacts dépend aujourd'hui d'Internet. Mais nous abusons sans le moindre doute des possibilités que nous offrent les progrès technologiques. Quand on laisse son iPomme au fond d'un placard, tout d'un coup on a l'impression d'être entouré de personnes utilisant le leur avec excès et on n'envie pas le moins du monde la maman qui ne lâche même pas son téléphone lorsqu'elle parcourt la pataugeoire sur les talons de son bambin ou ces jeunes en soirée consultant sans doute le profil Facebook d'autres amis que ceux avec lesquels ils se trouvent. En étant connecté en permanence, on gaspille finalement le temps dont on dispose avec les gens qui sont en face de nous. Et aucun "j'aime" sur la photo des enfants de la voisine de la tante Berthe, aucun visionnage de photos de vacances de quelqu'un d'autre, aucun commentaire politique sur un blog engagé n'est plus enrichissant au niveau humain que de regarder son conjoint ou ses enfants dans les yeux et de leur parler, simplement, pour de vrai. Alors je sais que la tentation reviendra, souvent, de juste regarder mon téléphone au milieu d'un café avec une amie ou en attendant que Blondinet III finisse ses choux de Bruxelles. Mais forte de cette bénéfique expérience de deux semaines "sans", j'essaierai désormais de laisser plus souvent l'objet tentateur au fond de sa pochette et de ne l'en sortir que lorsqu'une connexion virtuelle ne nuit en rien à un contact réel.

3 commentaires:

  1. Bon, on en déduit que France Gall est de retour après deux semaines de vacances avec son Michel Berger chéri et les 3 blondinets (enfin j'espère qu'elle a bien tout ramené en Suisse...)
    Bon, moi je connaissais les lance-Pokémon mais pas les lance-pot nébulogène; est-ce que ça se fume ?

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  2. A lire absolument avant partir en vacances!!!! Merci!
    Célia

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