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jeudi 4 juin 2015

Déni de nostalgie

Je me disais dernièrement (c.-à-d. ce matin, dans cet instant si propice aux pensées profondes où je regarde couler le lait entre les céréales de Blondinet III, juste avant que son moyen-grand-frère ne me sorte de cette bénéfique torpeur par un éternuement propre à réveiller un mort) que la vie est quand même sacrément bien faite. Je m'estime sortie de la phase parentale où on s'émerveille du premier sourire, de la première dent, du premier pas. Et heureusement. Parce qu'avec les soucis qui te tombent sur le museau quand les mômes grandissent, t'as plus tellement le temps de leur reluquer les gencives. Enfin si, tu reluques. Pour faire un devis estimatif des coûts orthodontiques que tu vas avoir à assumer. Pour ne pas oublier d'aller mettre le petit sou sous l'oreiller le jour où Blondinet II perdra encore une quenotte (c'est quand même dingue ça, mais même aux pires moments - style quand il y a un décalage de 4 millimètres de hauteur entre l'incisive du milieu droit et celle du milieu gauche, et 4 autres millimètres entre celle du milieu gauche et celle du bord et que le tableau complet te rappelle les passerelles de bois et de corde dans Indiana Jones et que tu te demandes quelle est la planche qui va lâcher en premier, bien consciente que les autres vont suivre comme des dominos - ben même là, il m'est arrivé d'oublier le dessous de l'oreiller). Tout ça pour dire que les préoccupations changent en même temps que les enfants, et c'est tant mieux.

Bien sûr il faut s'occuper des devoirs au lieu d'aider Blondinet Ier à construire une caserne de pompiers en Lego. On commence à s'inquiéter davantage de ce sur quoi il pourrait tomber par inadvertance sur un site internet inapproprié que de son addiction à Dora l'exploratrice. Bien sûr on passe plus de temps dans la voiture à jouer les taxis pour un entraînement de foot ou un anniversaire qu'au parc à regarder lascivement un blondinet ou deux faire du toboggan... Mais globalement, la vie est quand même plus facile. D'aucuns se plaindraient, les yeux pleins de nostalgie, que ça grandit trop vite. La nostalgie, très peu pour moi.

Il y a quand même une chose que je regrette de la petite enfance (je ne sais pas si j'ai raison - et j'ai un peu la flemme de chercher - mais il me semble que "petite enfance" désigne les trois premières années, et cette classification me semble plutôt pertinente). Avant, quand on me disait "ben dis donc, trois garçons, ça doit être du sport", je répondais avec un grand sourire que ça allait, vantant la sagesse et le calme de ma progéniture. Mais ça, c'était avant. Quand ils s'endormaient dans la voiture en rentrant du ski. Quand ils n'essayaient pas de grappiller quelques minutes de la deuxième mi-temps de la demi-finale de la Champions League parce qu'on arrivait à les paqueter avant le début du match (et qu'ils ignoraient jusqu'à l'existence de la Champions League). Maintenant, quand on rentre d'une journée de ski que je juge, du haut de mes 36 piges, harassante, à laquelle on a ajouté une halte aux bains thermaux histoire d'achever les bêtes, et que je vois mes trois blondinets quitter leurs bottes de neige pour leurs baskets afin d'aller jour au foot sur notre carré de pelouse où la neige a déjà fondu, je me dis que la réponse est à revoir. Oui, trois garçons, c'est du sport. De plus en plus souvent, je me demande si je n'ai pas engendré des lapins Duracell. Sauf que je n'ai pas encore trouvé le logement des piles.

Et puis il y a ces moments-clés où en dépit de ma volonté de profiter des avantages du présent plutôt que de pleurnicher sur les "areu" passés, j'ai un petit pincement au cœur...
... Le moment où j'ai lâché le vélo de Blondinet III ce printemps, et où il s'est élancé avec la confiance insolente de ses 4 ans, tandis que je prenais conscience que jamais plus, je ne lâcherai de vélo pour la première fois;
... Celui où j'entends Blondinet II lire une blague Carambar à son petit frère et où je constate que je ne me souviens déjà plus du moment où il déchiffrait péniblement les syllabes d'une langue dont j'aime tant la richesse mais que je peux copieusement détester pour les obstacles qu'elle inflige à mes rejetons essayant de la dompter;
... Les anniversaires, Blondinet Ier qui change de décennie en ce 4 juin. Wahou. Il y a 10 ans comme maintenant, l'adrénaline au maximum après une nuit blanche en salle d'accouchement et la fierté à 315 %, je piaffais d'impatience de voir débarquer dans ma chambre d'hôpital autre chose qu'une blouse blanche et de pouvoir présenter à mes proches ma première plus belle réussite;
... Blondinet III qui est parti hier, sac sur le dos, casquette vissée sur la tête et lunettes de soleil sur le nez, et qui malgré ses larmes au départ du train a pris un pied d'enfer pour sa première "promenade d'école" (ne surtout pas lui dire que c'était juste la promenade des futurs écoliers), sans maman qu'il ne voulait pourtant pas lâcher.
Le 20 août prochain, nous serons tous dans la cour d'école, et pour la première fois, j'en ressortirai seule. Et tandis que Blondinet Ier et Blondinet II, rodés à l'exercice, courront vers leurs copains sans jeter un regard en arrière, il se peut que Blondinet III ait du mal à lâcher ma main. Mais il finira par la lâcher pour prendre celle d'un petit camarade. Il y aura peut-être, comme hier, quelques larmes. Mais même si je continue de clamer haut et fort que la nostalgie n'est pas mon truc, je ne suis pas totalement certaine que les yeux de mon dernier-né seront les seuls embués.

1 commentaire:

  1. Sentiment et réalisme.... Bel équilibre! J'aime ton écriture.... Bisous.
    Tante Babette

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