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vendredi 30 novembre 2012

Coups de vieux à répétition

Le jour de mes 25 ans, une personne que je ne nommerai pas mais qui peut-être reconnaîtra sa peaudevachitude m'a dit "A partir de maintenant, tu es sur la pente descendante". C'était vache. Mais c'est vrai. On dira ce qu'on voudra, la vie est cruelle, on va pas du bon côté très longtemps. Quand on y va, on se rend pas compte que ce sera si court. Par contre une fois qu'on est du mauvais, sur la pente descendante donc, on se rend parfaitement compte que ce sera long. Prenons-en notre parti: on va profiter de tout ce qu'on peut faire maintenant qu'on pouvait pas faire avant 25 ans (parce qu'on avait pas de thune/pas de voiture/pas de chez nous/pas de plein de choses). En attendant, je remarque avec une amertume certaine que je me prends des coups de vieux en série depuis quelque temps, je sais pas bien pourquoi. Je dois être restée bloquée à 25 ans à l'intérieur. Donc je vois pas (trop) la différence quand je me regarde dans le miroir. Visiblement, les autres si. Parce que jusqu'à ce que j'aie 25 ans, on m'en donnait plutôt 18. Je devais sortir la carte pour acheter des bières à la station-service. Maintenant, je me retrouve à bavarder avec un honorable père de famille grisonnant auquel je donne à vue de nez quelques années de plus que moi, il me demande "parce qu'on est des mêmes années, non? moi je suis de 74. Toi t'es de quoi, 70, 71?" Ta gueule. Ca veut dire 79 en langage vexé. J'ai lu une fois dans un magazine qu'il était conseillé aux hommes de toujours enlever 5 ans à l'âge qu'ils donnaient à une femme pour être sûrs de ne pas les vexer. Là même en retirant 5, il aurait fallu diviser par 2 pour être flatteur.

Je conçois bien que quand on me voit passer avec une poussette et deux gailloufs charmants enfants en train de se chamailler, frétillant autour de moi comme des moustiques énervés autour d'une lampe à huile sur une table de camping un soir d'été, on ne me prenne plus pour la baby-sitter. Que les facteurs 3 gosses/maison/gros 4x4 familial additionnés laissent peu de doute sur la légalité de mon dernier achat d'alcool. Pis faut bien dire que quand tu te retrouves à faire les 100 pas autour de la table de la salle à manger en faisant la dictée à ton premier-né, tu réalises bien que la première naissance en question, elle date pas d'hier.  Mais tout ça fait quand même l'effet d'une bonne grosse arête de brochet en travers du gosier.

Rapport à la jeunesse évanouie (oui bon, en partie, je me sens pas non plus complètement décrépie...), l'avantage, c'est que ça permet de faire des choses, conscients qu'on va passer pour "un vieux con", mais que finalement, ça fait du bien de dire ce qu'on pense à ces jeunes turbulents. Ainsi, j'ai désormais le droit d'engueuler les petits merdeux insolents charmants adolescents qui essaient de garder leur bouée à la sortie du toboggan d'Aquaparc où je patiente patiemment, deux blondinets sous le bras. Les ados spoliés de leur moyen de glisse me traiteront certes de vieille conne (ou emmerdeuse), mais j'assume. Parce que la bouée, c'est moi qui l'ai. Et toc. Le grand âge donne donc quelques privilèges.

Ce qui est difficile, dans le truc, c'est qu'il m'a manqué une case. Celle où finalement, on me donnait mon âge. Y a un gouffre spatio-temporel dans ma vie: j'ai dû lutter pour qu'on me donne 20 ou 22 ans, et quasi du jour au lendemain on m'en donne 40. Il n'y a pas si longtemps, je soulignais mes yeux de noir parce qu'il me semblait que ça faisait plus adulte. Aujourd'hui je m'acharne sur le mascara (après les étapes démaquillant/tonique/baume contour des yeux/crème Q10 "oui c'est mon âge, mais je n'ai pas les rides qui le prouvent") pour cacher les yeux bouffis et avoir l'air un minimum "fraîche". L'un comme l'autre sont ridicules. Inutiles sans doute. L'important après tout, c'est de se sentir assez jeune pour courir après les bouebs qui font des bêtises, d'avoir assez confiance en soi pour corriger les erreurs des devoirs et faire réciter les leçons, et d'avoir assez d'énergie pour donner, pour partager, pour aimer ceux qui nous entourent. Ca, j'ai encore malgré mes pattes d'oie aux coins des yeux. Mais à l'avenir, j'éviterai de demander à qui que ce soit quel âge il me donne.


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